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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 00:29

 

« Printemps arabes » : qui tire les ficelles ?

Arabic-Puppet

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Pierre
Hillard

 

Docteur en science politique et essayiste.


Les relations entre l’Europe et le monde musulman sont anciennes. Les croisades ou la Reconquista ont marqué les esprits. A la fin du XIXe siècle, les rivalités entre la thalassocratie anglo-saxonne et le IIe Reich de Guillaume II — avec la tentative par ce dernier de créer une voie de chemin de fer (le Bagdad Bahn) partant de Hambourg, traversant l’Autriche-Hongrie, la Serbie (le talon d’Achille de Berlin) et l’Empire ottoman pour aboutir jusqu’au Golfe persique (l’actuel Koweit) — ont conduit à la Première Guerre mondiale. Les Anglais ne supportaient pas l’idée de voir cette zone géographique, productrice de pétrole, contrôlée économiquement par l’Allemagne wilhemienne.

À partir de 1918, la victoire anglaise en liaison avec les Américains permit le contrôle de toute la péninsule arabique. Par la suite, cette mainmise perdura malgré des oppositions comme en Iran avec l’affaire Mossadegh (victoire américaine avec l’opération AJAX en 1953). Poursuivant leur implantation dans cette région, les Anglo-Saxons sont passés à la vitesse supérieure. Le principe du « Choc des civilisations », dont l’expression remonte à 1957 sous la plume de l’islamologue Bernard Lewis dans son ouvrage « Islam », a été renforcé par une multitude d’initiatives au service du monde anglo-américain et israélien. Nous pouvons relever les travaux de Richard Perle en 1996 avec le rapport « A clean break : a new strategy for securing the realm » (texte appelant à un départ de Saddam Hussein, une action de la Turquie et de la Jordanie contre la Syrie…). Ajoutons la revue militaire américaine AFJ qui a publié, en juin 2006, sous la plume du lieutenant-colonel Ralph Peters, un article prônant la balkanisation des États musulmans (voir les deux cartes ci-dessous) et la refonte de l’islam avec la création d’un « État sacré de l’islam » autour de la Mecque et de Médine (« un Vatican musulman », selon son expression) doté d’un « Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’islam ». Cette politique correspond à une sorte de Vatican II de l’islam qu’on cherche à adapter à l’esprit mondialiste.


Cependant, c’est l’article de Yoded Yinon, ancien fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères israélien, paru en 1982 dans le World Zionist Organisation et reproduit dans la revue Confluences méditerranée (n°61, printemps 2007), sous le titre « Une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe », qui s’avère être le plus « percutant ». Après une description minutieuse, ethnique et religieuse, du monde musulman du Maroc au Pakistan, l’auteur appelle à une dislocation de l’Irak (en trois zones, kurdes, chiites et sunnites), du Liban, de l’Égypte, du Soudan, de la Libye et de toute la péninsule arabique. Même si le népotisme et la corruption sont la marque de fabrique des gouvernements arabes, au vu de ces quelques textes susmentionnés, on ne peut pas croire que le fameux « Printemps arabe » soit un événement spontané. Méditons cette phrase du diplomate Charles-Maurice de Talleyrand : « Agiter le peuple avant de s’en servir. »


Pierre Hillard, le 20 décembre 2012
http://www.bvoltaire.fr/pierrehillard/printemps-arabes-qui-tire-les-ficelles,6434
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Pierre
Hillard
Docteur en science politique et essayiste.

Dans notre article Printemps arabes : qui tire les ficelles ?, nous avons cité l’influence de différents protagonistes comme Bernard Lewis, Richard Perle ou encore Ralph Peters prônant la dislocation des pays arabes en une multitude d’entités ethniques et religieuses.


Nous évoquions le texte d’Oded Yinon, extrait de la revue Confluences méditerranée (n°61, printemps 2007) sous le titre « Une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe », acquis lui aussi à un émiettement généralisé de cet ensemble géographique. Pêle-mêle, l’auteur appelle, en 1982, à l’éclatement en trois zones de l’Irak (chiites, sunnites et kurdes) et à une balkanisation complète du Liban, de l’Égypte, du Soudan, de la Libye, de la péninsule arabique etc.


Pour certains « naïfs », il est impossible qu’un « simple » journaliste israélien puisse élaborer un tel plan. Cependant, précisons qu’Oded Yinon a été rattaché au ministère des Affaires étrangères de l’État hébreu. Est-ce une coïncidence si son programme ressemble étrangement aux événements secouant les pays arabes depuis 2011 ?


C’est Israel Shahak (1933-2001), professeur de chimie et président de la ligue israélienne des droits de l’homme de 1970 à 1990, qui a levé le lièvre en traduisant en anglais le texte d’origine d’Oded Yinon paru en hébreu dans la revue « Kivunim ».


Nous avons la chance de posséder un exemplaire de la traduction anglaise paru dans le cadre de « The Association of arab-american University Graduates » (AAUG) publié en juin 1982. Se présentant sous la forme d’un livret de 26 pages 1 – sans compter une présentation par l’AAUG de la politique sioniste et d’un avant-propos sous la plume d’Israel Shahak -, ce précieux document intitulé « The zionist plan for the Middle East » relate précisément la politique prônée par Oded Yinon dans le cadre de la stratégie sioniste.


L’intérêt majeur de ce document est de souligner que le projet de balkanisation des États arabes est ancien. Israel Shahak, dans son avant-propos, cite le correspondant militaire du journal Ha’aretz, Zeev Schiff, qui, dans son édition du 2 juin 1982, affirmait que la meilleure chose qui pourrait arriver à Israël serait de voir la dislocation de l’État irakien en trois zones (chiites, sunnites et kurdes). Les événements actuels dans le monde arabe doivent réjouir certains du côté des rives du Jourdain.


Cette politique de dislocation prône aussi, comme le souhaitaient les Pères du sionisme, un « grand Israël » comme le montre cette carte issue de ce document présentant les frontières de l’État hébreu allant du Nil à l’Euphrate. Une chose est sûre : une telle politique ne peut conduire les dirigeants sionistes et les dirigeants arabes qu’à un chaos complet. N’est-ce pas le prix à payer, pour certains, pour atteindre au-delà de ces événements douloureux un nouveau jardin d’Eden ?

Pierre Hillard, le 21 janvier 2013

Ce livret précise les références parues à l’origine en hébreu qui sont : « This essay originally appeared in hebrew in KIVUNIM (Directions), A journal for Judaism and Zionism ; Issue N°14 – Winter, 5742, February 1982. Editor : Yoram Beck. Editorial Committee : Eli Eyal, Yoram Beck, Amnon Hadari, Yohanan Manor, Elieser Schweid. Published by the Department of Publicity/The World Zionist Organization, Jerusalem. » ?

 

About Ginette Hess Skandrani

écologiste, membre co-fondatrice des verts, anti-colonialiste et solidaire des peuples opprimés du monde arabe, dont les Palestiniens et d'Afrique.
http://lavoixdelasyrie.com/data/?p=9702
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Un plan sioniste contre le monde arabe.
Un plan sioniste contre le monde arabe

http://www.alterinfo.net/Un-plan-sioniste-contre-le-monde-arabe_a85956.html

 

Des partis sionistes à la conférence sur les minorités syriennes L’un des éléments de la guerre douce menée par les États-Unis et Israël contre les peuples de la région aujourd’hui, est de remettre en cause la question des minorités religieuses …

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