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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 01:59
http://www.savoirs.essonne.fr/dossiers/les-hommes/economie/les-frontieres-derniers-remparts-a-la-mondialisation/
Que va devenir l’Europe ?

Ca y est, le coup d'état est en marche : l'Union Européenne vient de se mettre d'accord pour modifier le traité de Lisbonne. Après une première tentative avortée il semble que, cette fois-ci, les pays les plus faibles ont fini par céder.

Il faut dire que les plus forts ont tout fait pour cela. Après avoir laissé la Grèce et l'Irlande se faire approcher par le FMI, les autres pays en difficulté n'avaient plus vraiment le choix : il fallait prendre une décision. Mais pas facile de se décider. D'un côté il y avait les Etats-Unis, et de l'autre l'appétit Chinois. Mais au centre, il y a l'Europe

J'entendais l'autre jour je ne sais plus quel analyste évoquer le dilemme futur auquel serait confronté l'Europe de demain : faire allégeance à l'une ou à l'autre des deux puissances évoquées plus haut… Mais c'était sans compter sans cette troisième alternative, c'est à dire faire de l'Europe un Etat “géant”, fédéral, capable de devenir une puissance économique de premier plan. Mais pour cela, il lui faut changer d'abord ses institutions, et créer un gouvernement fort, centralisé, harmonisé, et réduire l'équipe gouvernementale à un petit nombre d'individus possédant réellement le pouvoir sur les autres.

En regardant les choses sous cet angle, on serait même tentés de croire que toute cette crise n'est en réalité que le prétexte destiné à faire accepter de la part des pays les plus faibles l'hégémonie des plus forts, qui sous la menace d'une faillite de leurs Etats se trouveraient autrement à la merci des deux grandes puissances en embuscade, prêtes à fondre d'abord sur les petits, et ensuite sur les plus gros. Petit à petit on voit donc se former différents blocs de taille imposante, et se dessiner les différentes alliances qui rendront possible, à l'avenir, leurs oppositions dans des conflits géostratégiques majeurs

En effet, on s'aperçoit avec cette crise européenne que la souveraineté des nations n'est pas tout à fait indépendante des relations internationales, et que l'Union européenne en tant qu'agrégation de pays est fragilisée du point de vue des rapports de force économiques et sociaux. La concurrence qui règne entre les pays au sein de l'Europe détruit l'unité qui seule serait capable de résister, à terme, à l'appropriation des Etats eux-mêmes par des puissances étrangères. On l'a vu lors de la proposition de la Chine de racheter des territoires entiers de la Grèce, qui a bien vite été contrée par les propositions du FMI… pour aboutir à l'aide européenne.

Le but des tractations actuelles est donc de faire s'unir les pays de l'Europe au sein d'une même entité homogène, une sorte d'”empire” à l'américaine… ou à la chinoise. Pour ce faire, les Etats encore puissants de l'Europe ont besoin de s'affranchir de l'égalité institutionnelle établie par les traités initiaux car aujourd'hui, même le traité de Lisbonne ne suffit plus.

Mais c'est justement la veille de cette réunion du 16 décembre qu'a été émis l'hypothèse d'une dégradation de la note de l'Espagne, afin que les dernières réticences à l'imposition des exigences franco-allemandes soient levées. Il apparaît cependant, à la lumière des derniers évènements, que la prise de contrôle effective de l'Europe par ces deux grandes puissances soit le seul remède au délitement de l'union européenne. Bientôt vont se réjouir médias et politiques, et marchés également.

Maintenant, la question est celle-là : devons-nous nous effrayer, ou au contraire nous satisfaire de ce bouleversement ? Soit on considère qu'en réalité cet accord signifie non pas la pérennité de l'union, mais plutôt son allégeance tacite aux Etats-Unis de peur de tomber dans le giron chinois, soit il faut le prendre comme une déclaration d'indépendance de l'Europe qui, profitant de la faiblesse de la plupart de ses membres, sauve à la fois sa puissance et prend du même coup le contrôle d'une entité qui, ainsi, se trouve en passe d'être la première économie mondiale. La mise sous tutelle de la majorité des Etats Européens par les quelques puissances encore solides peut effectivement être considérée comme une bonne chose d'un point de vue géostratégique, mais laisse présager quelques inconvénients majeurs dont nous nous apercevrons sans doute assez rapidement : la mise en place d'un gouvernement effectif de quelques uns sur l'ensemble des autres, avec comme corollaires un régime autoritaire quasi féodal, et des sacrifices allant sans cesse croissants pour les populations les plus faibles de l'union européenne.

Car il ne faut pas se leurrer, cette nouvelle donne ne va pas modifier ni renverser les tendances économiques actuelles, car au delà de l'Europe c'est le monde entier qui se trouve malade de sa mondialisation. Les peuples mis à contribution vont bien finir par dire “stop”, et l'enjeu pour les dirigeants est d'arriver, avant la révolte, à établir des bases légales suffisamment contraignantes pour la pouvoir maîtriser.

Comme on le voit avec la montée des extrêmes un peu partout dans le monde, les questions nationalistes s'affrontent avec l'économie mondialisée, qui sont les deux extrêmes du capitalisme. Mais face à la faillite de ce système, personne “en haut” ne semble vouloir comprendre que l'une comme l'autre sont les deux faces d'une même erreur, celle de croire que ce système est encore capable de fonctionner sans entrainer les excès qui apparaissent (encore une fois) aujourd'hui.

C'est un problème idéologique majeur. Car si pour certains la fermeture des frontières et le protectionnisme sont la seule solution envisageable, les ressources et la puissance ne peuvent se satisfaire d'un Etat grand comme la France. Et si pour d'autres la libéralisation des marchés et la dérégulation sont la solution, alors ils se trouvent à la merci des plus gros qui n'hésiteront pas à les asservir.

C'est pour cela que l'Europe en tant qu'Etat souverain est un des grands rêves de nos dirigeants. En réunissant “nationalisme” européen et mondialisation financière, une entité fédérale dirigée fermement serait protégée des grandes puissances extérieures, tout en étant capable elle-même d'être un prédateur pour les autres.

Pour le moment, nous ne pouvons pas encore savoir ni de quelle manière ni par qui nous serons dévorés, nous les peuples, mais une chose est sûre, nous serons dévorés. Mais prenons garde aux extrêmes, ils ne servent toujours que les puissants et les dictateurs.

Caleb Irri


http://calebirri.unblog.fr

 

http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/que-va-devenir-l-europe-86113

 

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