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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 02:41

 

crise_petrole

http://carfree.free.fr/index.php/2006/03/

 

 

 

Notre invention de la destruction

 

« Seul parmi les animaux, l'homme a façonné son propre environnement. Paradoxalement, il a également été le seul à créer ainsi les facteurs de sa propre destruction. »

Ernesto Sabato 

 

« Quand nous serons devenus normaux, tout à fait au sens où nos civilisations l´entendent et le désirent et bientôt l´exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l´instinct de destruction. C`est lui qu´on cultive dès l´école et qu´on entretient tout au long de ce qu´on intitule encore : La vie. Neuf lignes de crimes, une d´ennui. » 

Louis-Ferdinand Céline

 

Pour se regorger des innombrables acquis de nos capacités intelligentes, il suffit de reprendre le chemin de l`école, lieu où l`apprentissage à la connaissance est malicieusement subjectif, relatif et arbitraire. Dès que l`enfant grandit, tout est déjà affaire de moule religieux et patriotique. Ses parents n`ont guère voix au chapitre, et son comportement est remis à une société qui le construira. Qu´elle soit confessionnelle ou laïque, l´éducation distillée l´est sur un mode manichéen qui fait que le jeune humain est conditionné pour un bon bout de temps, voire pour toujours mutilé si, adulte conservateur, il se fait l´adepte de la partialité admise et passe alors son existence à avaler des couleuvres. Les cours dispensés le sont toujours à l´avantage du pouvoir dispensateur. Sauf pour ce qui concerne quelques incontournables massacres, de préférence commandés par des héros plutôt que par des criminels, la plupart des zones d´ombres sont évincées. De l´étape archaïque à celles des techniques traditionnelles, classiques puis technologiques, de la roue aux nanotechnologies, les grandes inventions nous encensent. Inventer pour améliorer la vie quotidienne, voire la prolonger et la rendre plus douce, ces innovations  ne revêtent pourtant qu´un intérêt aléatoire  quand, simultanément, nous cassons la baraque et concoctons au jour le jour des lendemains improbables. Si tout se termine en mort du cygne, c´est qu´alors la condition humaine est bien pathétique. De toute façon, l´humanité elle-même est une invention dont la raison d´être, recadrée dans le champ cosmologique et cosmogonique, est contestable, dérisoire et d´un ordre d´importance symbolique bien inférieur à celui de l'oeuf en amont, ou du cataclysme en aval.

 

Pour la première fois dans l´histoire de la pensée humaine, le probabilisme joue avec les sciences exactes. Il ressort que les dignes découvertes sont à replacer dans la perspective de cette autre facette humaine qui est celle du fatal penchant à détruire. Et à détruire tout. Sur les bancs scolaires et en matière de « casse », on ne nous distillera guère que des « anecdotes » comme la destruction de Carthage par les Romains, celle du premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor ou « l´effroyable imposture » dévastatrice du 11 septembre 2001 grâce à laquelle nous refaisons notre beurre pétrolier. C´est d´un ordre de « démolition » tout autre dont il faut parler haut et fort, celui universel, pernicieux et permanent de notre biosphère, de notre maison du Quaternaire. Et comme disait l´autre, nous ne sommes plus ces respectables prédateurs qui ne prennent que pour survivre et laissent le reste à la Terre. Nous autres, civilisés puis modernes, et bien que sapiens comme sage, nous prenons tout, absolument tout, et tout de suite, et sans honte ni partage, tels de vrais pirates exterminateurs. Nous pratiquons la politique de la terre brûlée pour ruiner l´ennemi qui viendra après nous, en oubliant que ce seront nos chers enfants que nous croyons tant aimer. Même un rongeur n´agit pas ainsi ! Curieusement, cet anéantissement aussi tranquille qu´incommensurable ne fait jamais la une des news à sensation. Pourtant, c´est sensationnel, non ? L´erreur scandaleuse de notre conduite auto-suicidaire est quasiment ignorée dans la vie anormale des gens normaux. Exception faite de quelques apartés spectaculaires et autres batelages de foire qui font l´affaire du blanchiment vert de nos produits corrosifs. L´humain est sans concession. La lecture de La pulsion vers l´autodestruction d´Arthus Koestler nous aide à comprendre cette maladie mentale qui nous incite à détruire et pourquoi notre monde est un tel bordel.

 

Bâtir sans détruire n´aura pas été un défi, pas un instant nous n´avons cherché à ménager les écosystèmes et le durable au profit de l´économie immédiate. Les bénéfices faciles ont toujours marqué le pas sur le vital et le futur. Gloire aux constructeurs, au grand dam de la destruction. Maintenant, chaque fois plus près du mur, les velléités tardives de tergiversations et de projets de réajustement de cet écart démesuré entre croissance et conservation sont vaines. Les jeux sont faits, le pli est donné, on ne reconstruit pas un écosystème, on ne dépollue pas les mers, il faudra attendre plus d´un siècle pour que les cent mille molécules de synthèse épandues dans les sols s´estompent, ou pour que le CO2 émis aujourd´hui disparaisse.

 

L´homme fait la guerre à l´homme, c´est un malaise entretenu, convenu, admis, notoire. C´est tant admis qu´il n´y a plus de vrai suivi informatif des guerres et des conflits qui ne nous amusent ou nous émeuvent que lors des soirs de première. Mais l´homme fait aussi et surtout la guerre à la Nature, d´abord par peur et détestation gratuite, ou induite par les vieux démons. Honnie soit la Nature est le grand prétexte. C´est donc dans la nature humaine de détruire la Nature, comme pour une histoire de survie, tant la naturalité dans sa version originelle est adverse, récalcitrante, désagréable, nauséabonde, diabolique, envahissante. Il faut défricher pour survivre. On gardera quand même le Bois de Boulogne ou de Vincennes, et demain un carré d´Amazonie ou de Bornéo, pour y mettre des cygnes et quelques tapins pour le stupre. Et pour que l´on puisse y faire du jogging, comme nos présidents de république ou de chaîne télévisée. La Nature reformatée nous botte. Dans le sillage du défrichage des broussailles et des mauvaises herbes pour y planter nos choux, à la mode de chez nous (c'est-à-dire avec les énergies fossiles et Monsanto), l´action se poursuit et c´est toute notre économie qui exploite alors le filon de la dévastation pour créer des emplois, en même temps qu´on invente chaque jour une machine de plus qui en détruit davantage. C´est ainsi que nous avons  galvanisé toute la planète depuis cette aube médiévale où nous aménagions respectueusement des clairières pour survivre. Ce que font encore certains peuples autochtones en attendant qu´on les expulse ou qu´on les massacre pour exploiter les richesses forestières ou minières dont ils sont les anges gardiens. Le vieux schéma s´est ainsi poursuivi, presque innocemment depuis Caïn et Abel et leurs quelques millions de contemporains. Depuis, il nous fallu nourrir 1 milliard de Terriens en l´an 1800, 3 milliards en 1960, 5 milliards en 1987, 6 milliards en 2000, 9 milliards en 2050, 17 milliards en 2100. Heureusement, la Terre est extensible et rechargeable !! « Nous n´habitons plus la même planète que nos aïeux : la leur était immense, la nôtre est petite », constate Bertrand de Jouvenel, plus malin que les autres ! Il fallait y penser !! Outre les contraintes agricole et économique qui rongent le globe, outre la pêche irraisonnée et intensive qui désertifie les mers et les fonds marins, nous souffrons aussi d´une curiosité. Cette dernière serait très respectable : elle ouvre les voies de la recherche, de la connaissance, mais remplit aussi les vitrines des collectionneurs et des musées, y compris les étagères des bazars du monde où la dent du requin, la carapace de la tortue ou le rameau de corail sont proposés aux concierges nostalgiques du temps où ils étaient cueilleurs-chasseurs. C´est bien tant l´ignorance que la connaissance, le factice que l´indispensable, l´égoïsme individuel que l´anthropocentrisme collectif qui nous poussent à anéantir le monde, ses ressources non renouvelables, ses écosystèmes irremplaçables, sa biodiversité unique et si fragile. La Terre était notre mère, elle est devenue notre lego.

 

Nous abusons et surexploitons systématiquement la Terre dans une contradiction rédhibitoire et une incompréhension radicale de la complexité des systèmes fondamentaux. L´actuelle débâcle universelle, qui nous fait pressentir un avenir en voie d´impasse, n´est pas fortuite. Elle résulte de notre attitude d´après-nous-le-déluge inspirée d´un flagrant déni de la notion de finitude terrestre et d´un étonnant somnambulisme écologique. Cette primauté de l´avidité et du développement à tous crins est une tendance depuis toujours confortée par nos choix de gouvernances. Le progrès tant glorifié hier revêt soudain un goût amer. Nous sommes passés de la providence d´une Terre trop grande aux restrictions d´une planète presque subitement trop petite. Nous sommes trop nombreux autour du buffet, il n´y en a plus pour tout le monde. L´analyse est d´autant plus grave que lorsque nous connaissions l´abondance, les exploiteurs faisaient tout pour se tailler la plus belle part d´un gâteau qu´ils refusaient de partager avec ceux qui en étaient détenteurs. Le constat d´un effondrement s´affiche désormais comme implacable. Dans une fuite en avant poussée par ses enivrements prométhéens, l´humanité s´apprête fatalement à signer son autodestruction planétaire. L´autogénocide bouclera la boucle. La notion d´avoir tout pris de cette Terre, de n´avoir rien ménagé pour demain, devrait nous abasourdir, nous affliger, nous consterner, nous terrasser. Si la prédation naturelle est un des moteurs de l´écologie, celle que nous exerçons, vu la manière et l´ampleur de la demande, n´est que pure démolition. La contre-productivité de nos agissements fut un acte irréversiblement engagé dès notre sédentarisation, sous la houlette des grandes religions révélées, avec les notions de propriété, de production, d´industrie, de profit et de prolifération. Pour que dure l´humanité, pour laisser la planète « aller jusqu´au bout », l´homme devait rester sage et « sauvage », semi-nomade et vénérer la création, au lieu de s´en croire le maître démiurge et cartésien. Au stade où nous en sommes, le regret est totalement ridicule.

 

Les cultures des nations premières et nues ne creusaient pas, ne construisaient rien et ne ravageaient donc pas. Ces hommes respectaient trop la Terre pour lui faire du mal, ils étaient vraiment sapiens.

 

Aux premières civilisations, premières ambitions et premières démesures toutes inspirées de la crainte et donc de le culte des divinités. C´est la phase des bâtisseurs qui débute 3.000 ans av. J.-C. avec les Pharaons, puis la Grèce antique dès le IVe siècle av. J.-C. La mégalomanie légendaire des premiers nous a laissé le vocable « pharaonique », fort utile de nos jours. Bien que d´ampleurs titanesques, le Machu Pichu des Incas ou les temples d´Angkor de l´empire Khmer du XVe siècle ne menaçaient guère les équilibres naturels, les effectifs populationnels de ces époques se superposant largement aux ressources. On peut en dire autant des premières périodes de nos cathédrales, dès le Xe siècle avec celles romanes. La faible démographie et l´absence de progrès technologique permettent à l´humanité de rester en phase avec les élémentaux d´une Nature encore vierge

 

C´est évidemment dès l´ère industrielle que nous inaugurons notre pleine capacité à tout chambouler et anéantir, ce qui sera quasiment bouclé en cinq siècles. Catastrophes industrielles, chimiques, militaires, toutes ont un impact écologique cuisant. Mais c´est la révolution verte, induite par l´avènement de la pétrochimie et la mécanisation du travail, qui fera table rase de l´essentiel, notamment par sa pénétration jusqu´au coeur des campagnes, des montagnes et des forêts, et parce que la pollution induite n´est pas maîtrisable et s´étend au plus loin, par l´eau et par l´air. Bien sûr qu´il tombait bien ce passage d´une agriculture paysanne, douce et respectueuse à un productivisme agricole sans limites puisqu´il fallu nourrir presque soudainement 3 milliards d´humain supplémentaires ! C´est d´ailleurs l´inverse, nous n´aurions pas connu cette « popullulation » sans la production attenante en amont. Foutu essor que cette maîtrise des énergies fossiles autorisant les engins et les intrants chimiques ! À nous de résorber l´excroissance démographique maintenant qu´est annoncée à court terme la déplétion pétrolière, à moins que nous trouvions dans nos petites têtes de linottes comment nourrir 10 milliards de personne sur un mode biologique et durable, alors que nous avons déjà empoisonné pour très longtemps la majeure partie de nos terres fertiles. C´est pour quand les AMAP en Inde ou en Éthiopie ? Cette civilisation agro-industrielle ne fut que source d´aliénation et d´injustices. Démographie galopante, essor technologique, idées de progrès et de croissance, culture symbolique, hygiénisme, science moderne et mécaniste, division du travail, propriété et spéculation, vie urbaine, société de masse, domestication du Vivant : le massacre de la Terre est presque consommé, notre bel humanisme se mord la queue, c´est le début de l´effondrement et nous sommes dans de beaux draps. Il ne nous reste plus qu´à confier à Jean Nouvel d´édification de buildings écologiques, et le tour est joué.

 

Construire et détruire sont des gestes simultanés, liés ipso facto, normalisés, tout permis de construire ou d´exploiter sous-tend l´autorisation tacite d´anéantir. Déforestation, méga-captage des eaux, esclavage des animaux comestibles, brevets sur le vivant, génie génétique, vaccinations pandémiques, la planète est à nous, tout résistant ou opposant est un ultra ou un terroriste. Plus l´acuité écologique est niée, moins nous battons notre coulpe. Sans aller voir le barrage des Trois Gorges et son record mondial de casse sociale et écologique, il suffit d´observer le jardinet d´à côté, ou même le nôtre ! Tout comme le fonctionnalisme en d´autres domaines, l´ornementalisme à base de plantes allochtones importées, sur un sol synthétique à force de traitements, le tout vidé de tous végétaux ou invertébrés locaux, avec des haies et des pelouses joliment/affreusement taillées, tondues, alignées, il s´agit d´une véritable petite oeuvre contre-nature de déconstruction, stupidement environnementale dans le sens monothéiste de la domination. L´exemple multiplié par des centaines de millions de tels espaces « expurgés » de leurs valeurs vitales et remplacés par des ersatz de Nature forment une mosaïque très préjudiciable pour l´équilibre de la planète. C´est aussi grave que le fameux remembrement agraire des années 1960, vilipendé depuis. A quand une écotaxe sur les espaces paysagers détruits et sortis de leur contexte endémique ?

 

Observez ces machines infernales qui scalpent les forêts africaines, tasmaniennes, asiatiques, amazoniennes, et qui ont déjà mis en sciure d´immensités sylvatiques : abatteuses, débardeuses, débusqueuses et autres effrayants Timberjack, aptes à ne faire qu´une bouchée de la forêt pour la mettre en pulpe. Vous êtes horrifiés par cette « merveilleuse » technologie au service des agresseurs de la forêt ? Vous songez aux esprits qui habitent les arbres séculaires, aux milliers d´années de genèse qui préludent aux écosystèmes forestiers, au meurtre des espèces sur le passage de ces engins monstrueux ? Pauvres poètes décalés, vous êtes vraiment nuls, vous ne comprenez rien aux activités économiques de notre développement économique ! Les voilà nos inventions et leurs effroyables capacités de destruction. Tout ça pour disposer d´une ignoble table dans la cuisine ! Mais la Terre est vivante, nom de dieu !

  

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Parler de désertification, soit de la pire destruction dont l´homme ait été capable et coupable,  puisqu´il s´agit de celle du substrat de notre sol, de notre « plancher des vaches », et donc d´une certaine fin de ce monde, impose un retour obligé à l´essence même des croyances ayant pu présider, guider et induire une telle attitude suicidaire. C´est aussi la preuve formelle que notre espèce bornée est véritablement possédée - au sens diabolique du terme - par ses idéologies, qu´elles soient religieuses, politiques, économiques ou socio-culturelles, pour être dans la plus totale incapacité de changer de cap, ou de mettre un frein, si ce n´est de donner la priorité à la conservation de notre milieu contre un goût immodéré du profit accumulatif. Et de quel profit s´agit-il puisqu´en agissant de la sorte, c´est tout un système de déshéritement global qui est enclenché ? À moins que le génie bancaire puisse poursuivre son évolution après l´effondrement des écosystèmes, un peu à la façon dont les banques maintiennent parfois leurs activités dans des bunkers souterrains durant des conflits guerriers ! « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas », dit un précepte rabâché des Indiens Crees. La prise actuelle de conscience n´est sans doute qu´une crise hypocrite de la même conscience. Ses manifestations restent strictement conceptuelles et sans réelle praxis. Force est de croire que les mythes et les croyances qui nous ont mené jusqu´à la funeste fatalité d´un tel mal-être planétaire, aient constitué la part prééminente de nos cultures, au détriment d´une certaine sagesse que nous inspireraient science et raison.

 

Finalement, une marée noire n´est qu´un mode de destruction plus rapide et radicale que ne le sont le tourisme balnéaire (dont les produits à bronzer sont d´abord utilisés sur des animaux de laboratoire) et la pêche (à propos des cruautés et des excès de laquelle flotte un tabou) !

 

La destruction de la Nature est donc le propre de l´homme qui ne renoncera jamais à ses avantages égoïstes pour sauver sa Terre-mère. Plutôt crever que de ménager la Terre, même si nourricière ! Telle serait la devise d´un kamikaze, avec casque ! Personne n´est effectivement disposer à renoncer à son bien-être matériel, quitte à s´enrôler dans un réel auto-génocide. Pour Yves Paccalet, dans son excellent pamphlet  L´Humanité disparaîtra, bon débarras !, l´homme est : « un ravageur imprévoyant ; un saccageur qui n´a d´autre préoccupation que son intérêt immédiat ; une espèce violente envers les autres comme envers elle-même ; un danger ». Paccalet explique bien que l´homme obéit à trois pulsions qui sont à la base des problèmes écologiques : le sexe, le territoire et la hiérarchie. Homo sapiens est la première espèce reproductrice à occuper tout l´espace planétaire, y compris celui des autres espèces dérangées, exilées ou exterminées. L´humain est aussi éminemment territorialiste et n´hésite en rien pour se défendre : « Non plus englouti comme un point sans dimension, il existe comme ensemble, dépasse le local pour s´étendre sur d´immenses plaques. Non seulement il peut s´armer pour écraser l´univers, par les sciences et les techniques, mais il pèse sur lui par la masse de sa seule présence assemblée », argumente Michel Serres, dans Le contrat naturel. L´homme se différencie des autres grandes espèces avant tout par sa capacité d´utiliser des outils, lesquels sont devenues de redoutables technologies dans notre civilisation moderne. « L´illusion de Galilée comme de tous ceux qui, à sa suite, considèrent la science comme un savoir absolu, ce fut justement d´avoir pris le monde mathématique et géométrique, destiné à fournir une connaissance univoque du monde réel, pour ce monde réel lui-même », remarque judicieusement Michel Henry, au sujet de la science, dans son livre Galilée. Non seulement cette technique nous coupe du vivant et des subtiles interdépendances, mais permet aux plus nantis et donc aux moins respectueux de dominer les plus faibles et les plus démunis. C´est le suprême moyen pour écraser au lieu de partager. Une telle humanité sans morale, ni lecture du cosmos, n´a aucun autre avenir que celui d´inventer davantage de moyens pour sombrer, et ce, dans moins de temps qu´on l´imagine. Nous sommes désormais trop supérieurs, trop ignorants et trop équipés.

  

 


Michel Tarrier 

Écologue, écosophe

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Tarrier

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http://www.amazon.fr/Dictature-verte-Tarrier-Michel/dp/2812701404

http://www.lamaisondeditions.fr/faire-des-enfants-tue...-la-planete.html

 

 

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Si ce texte ne vous parvient pas correctement, consultez-le ici :

http://www.theuprightone.com/Tarrier/terrepatrie_006.html

 

Comme une image

  

 La sagesse, la voie de la sagesse… !

 

« Connais-toi toi-même » et « Rien de trop » (gravés au seuil du temple d’Apollon dans la ville de Delphes où Socrate enseignait) ; « Mieux vaut faire envie que pitié » (Pindare, poète grec du Ve siècle av. J.-C.) ; « L’excès en toute chose est un défaut » ; ou encore : « Plus on a de pouvoir, moins on doit en user » que l’on vérifie au quotidien par « Moins on a de pouvoir, plus on aime à en user » ! Les sentences morales que l’on dit s’inspirer de l’esprit de sagesse sont pléiade.

 

Si la sagesse désigne tant le savoir que la vertu d’une personne, dans son acception la plus courante elle est plutôt attribuée à celui apte à prendre des décisions raisonnables, justes, par exemple au prix de ses propres intérêts. C’est le bon sens populaire, parfois prosaïque et loin du philosophique ou du religieux. Mais un enfant sage n’est qu’un enfant obéissant. Par un mode de vie équilibré, parcimonieux, par le contrôle de ses passions et de ses émotions à l’égard du monde extérieur, le recours aux sagesses améliore l’individu. Par sa vie, l’incontournable Gandhi nous a démontré par l’agir la pertinence de sa philosophie. Et celle de Socrate vaut toutes les démonstrations. Quoi qu’il en soit, le sage est intrinsèquement lié au cosmos, à la réalité, et ce statut l'écarte des bruits de la cité. Savoir, modération, justice, respect, tempérance, actes liés aux paroles… Alors, en ces temps schizophrènes d’émotions médiatiques et de récurrents effets d’annonce, notre Homo est-il sage, comme ils disent…

 

Il ne faut pas chercher ailleurs que dans nos nouvelles racines monothéistes le déclin puis la chute de la sagesse. Bible, torah et coran ont su vénérer et instrumentaliser nos plus mauvais penchants, dont notre abominable désir de domination. Cette « mauvaise foi » donna leurs lettres de noblesse à nos pires instincts, fit une morale de nos tares. Christianisme, judaïsme, islam, les religions du Livre substituent l’antique sagesse, tout comme la sagesse écologique des peuples aborigènes et affins, par une croyance déraisonnable, irrationnelle. De toute évidence, le dogme se heurte à la conscience ensoleillée, l’obscurantisme s’impose par inquisition et contre la lumière ardente. Saint-Paul ne souhaitait-il pas renverser la sagesse : « Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents » (1 Corinthiens.1 : 19).

 

La sagesse n’est plus de ce monde. Elle est désormais dans une catégorie « plus qu'humaine », au mieux peut-on y prétendre. Non, je ne suis pas sapiens, comme ils disent. Sapiens est donc un qualificatif erroné, un nom usurpé, débaptisons-le !

 

« Notre mode de vie n’est pas négociable » disait Georges Bush Père ; « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie » répliquait Barack Obama.

 

À l’horizon 2050, cette vie deviendra invivable. Elle l’est déjà pour ceux qui fuient leurs terres occises. Le clap de fin est au mieux pour 2100. La passivité devant le désastre n’a d’égal que la vie anormale des gens normaux. « Et si l’aventure humaine devait échouer ? » : relire Théodore Monod s’impose.

 

« Je ne puis concevoir l'homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute (…) Penser fait la grandeur de l'homme. L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la Nature ; mais c'est un roseau pensant. (…) Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. »

Blaise Pascal (Pensées, 1670)

 

« La principale maladie de la planète, c'est l'homme. »

Paul Emile Victor

 

« Ce qui compte dans la sauvegarde des condors et de leurs congénères, ce n'est pas tant que nous avons besoin des condors, mais que nous avons besoin des qualités humaines nécessaires pour les sauver. Ce sont précisément celles-là mêmes qu'il nous faut pour nous sauver nous-mêmes. »

Ian Mac Milan

 

Conscience de…

 

« Dieu dort dans le minéral, rêve dans le végétal, agit dans l’animal et s’éveille dans l’homme », disait un vieux précepte.

 

L’étymologie du mot « conscience » vient du latin conscientia, décomposé en cum scientia et signifiant « accompagné de savoir ». C’est notre faculté d’appréhender notre propre réalité et de la juger. La notion est déclinée en différents types et le langage courant parle de conscience objective, de conscience subjective, de conscience subconsciente, du Soi, de conscience universelle, de conscience de groupe, de conscience nationale, d’éco-conscience, etc. La conscience est un fait, ainsi que Descartes l’affirme dans ses Méditations Métaphysiques : « L'âme est un rapport à soi ».

 

L’humanité a de suite donné au terme conscience une connotation morale, le sens psychologique n’étant apparu qu’au XVIIe siècle. C’est bien le sens premier du vocable que l’on trouve déjà il y a plus de deux millénaires dans les œuvres de Cicéron ou de Quintilien. Le sens dominant reste aujourd’hui le même, la preuve en est que lorsque nous traitons une personne de « pauvre inconscient », c’est qu’il a perdu la conscience éthique, voire la raison, mais non la conscience de lui-même. Ne dit-on pas « conscientiser les foules » à propos d’une conscience que l’on estime objective ?

 

Une bonne métaphore pour comprendre la graduation de l’entièreté de la conscience, depuis le stade basique et subjectif jusqu’à l’accomplissement d’une conscience objective et universelle, sont les octaves de la gamme des sons. Tant que certaines de ces octaves ne sont pas atteintes, il n’y a pas discernement. Âpres au gain, enclins à l’irrespect jusqu’à la barbarie comprise, nous souffrons d’une réelle perte vers le haut de ces octaves de notre conscience que ne soigne nullement la surinformation instantanée, nous immunisant tout au contraire à l’endroit de toutes les émotions et de toutes les douleurs. Sans scrupules, nous ne souffrons plus du moindre poids de conscience et la conscience en fuite pourrait ainsi être mise en examen… de conscience. Histoire de libérer notre conscience d’un cas de conscience.

 

On peut déplorer que notre conscience ne soit pas à nos actions ce que le formidable instinct est à la conduite animale. Un piège culturel en toile d’araignée est tendu pour nous faire oublier cette voix de la Nature, pour que nous fassions l’impasse sur toute tentative de conscience objective, habilement reconsidéré en jugements de valeur sur-mesure, quitte à déployer mépris et déni. Inculquant idées fausses, mensonges, parti pris et préjugés, l’éducation reçue est plus exactement au service des fanatismes. Kant et Rousseau ont argumenté sur une autre éducation susceptible de faire entendre à l’enfant cette voix de la Nature, arguant du fait que le sens moral serait chez tout homme s’il n’était corrompu par l’instruction. C’est, selon Kant, l’œuvre d’une raison non savante, mais pratique, comme innée. Et même si Rousseau dissocie conscience et raison, c’est alors la raison théorique à laquelle il se réfère. « Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe. » (Rousseau, Émile, Livre IV).

 

Si la conscience psychologique est évoquée comme « la » lumière, celle morale est une voix intérieure. Ici, nous ne nous préoccupons guère de l’illumination, mais plus concrètement de la concertation, de la prise de conscience sans laquelle l’espèce humaine se dissocie de son milieu, se désolidarise du vivant, devient anature, seule, égoïstement perdue. Il appert que l’esprit écologique est la conscience et que la conscience est l’esprit écologique, l’écologie étant partout et nous unissant à tout, au travers des interdépendances. Tel un grand jeu d’empathie. L’effet papillon est comme un écho de mauvaise conscience. Il manquait le mot à Rousseau et à bien d’autres pour le dire. Les peuples racines des premières nations, dont toutes les cellules étaient en phase avec la Nature, ne souffraient d’aucune carence de conscience et excellaient par le respect universel. Adulés par Rousseau, nous les avons convertis, « instruits », volés, décimés. C’est ainsi que sous la menace des armes et des Livres, par l’extermination des aborigènes, des Amérindiens et de tant d’autres, notre pure conscience s’en est allée, lamentablement remplacée par la conscience du butin et de la très sale notion de patrie et de repli sur soi.

 

Voici des siècles, plus d’un demi millénaire, qu’à force de prosélytisme, d’idéologies véreuses ou fumeuses, et de fausses morales au service de l’appropriation, du progrès, du capital puis du consumérisme, que nous sommes en deuil de cette conscience naturelle, universelle, cosmique, qu’un Homo dit sapiens non civilisé partageait avec tous les êtres vivants. Il est inutile de lancer un avis de recherche, cette conscience là, nous n’en voulons pas, nous n’en voulons plus. Elle risquerait trop de mettre un terme à nos conquêtes, ces avancées à reculons auxquelles on doit notre incurable recul.

 

« Le respect seul, dans la mesure où il nous dévoile quelque chose de sacré… nous protègera contre la tentation de violer le présent au bénéfice de l’avenir, de vouloir acheter celui-là au détriment de celui-ci. »

Hans Jonas

 

« Il faut résister contre cette dégradation de la dernière beauté de la Terre et de l'idée que l'homme se fait des lieux qu'il habite. Est-ce que nous ne sommes plus capables de respecter la Nature, la liberté vivante, qui n'a pas de rendement, pas d'utilité, pas d'autre objet que de se laisser entrevoir de temps en temps ? »

Romain Gary

 

« L'homme Blanc possède une qualité qui lui a fait faire du chemin : l'irrespect. »

Henri Michaux

 

 


Michel Tarrier

Écologue, écosophe

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Tarrier

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Homme, qu'as-tu fait de ton talent ?

Un texte de Michel Tarrier

13 décembre 2010

 

Ce texte est une partie de celui mis en ligne par Michel Tarrier sur

 

http://www.theuprightone.com/Tarrier/terrepatrie_004.html

 

Il dresse de manière assez colorée le bilan des activités d' Homo Sapiens, en prenant comme point de départ la conquête de la Gaule par Rome. Puis le reste suit. Lisez. Vous connaîtrez les actions et exactions de l'espèce vivante la plus "évoluée" sur notre planète, à travers un texte qui évoque les énumérations de Jacques Prévert : .

 

2 millions de Gaulois assassinés par les Romains ;

Des millions de morts lors des croisades. Des pèlerinages armés et dévoyés, durant la Guerre de cent ans et au fil d'innombrables guerres de religions ;

10 à 40 millions de Chinois massacrés par les Mongols au XIIIe siècle ;

Le peuple de Tasmanie liquidé par les Britanniques, lors du génocide « le plus parfait » de l'histoire ;

Des centaines de milliers d'Aborigènes australiens décimés par les mêmes colons britanniques ;

L'extermination de 20 à 60 millions d'Amérindiens, depuis la « découverte » espagnole, l'évangélisation et la colonisation, jusqu'à la Conquête de l'Ouest ;

Les traites négrières (orientale, intra-africaine et atlantique) totalisèrent plus de 50 millions de victimes.

Un million deux cent mille Arméniens périssent dans le premier génocide du XXe siècle.

40 millions de morts lors de la Première Guerre mondiale, et 65 millions durant la Seconde (dont les 5 millions de la Shoah) ;

Le démocide stalinien : 43 millions de morts ;

Le démocide de Mao : 30 millions de victimes et des famines à la chaîne ;

La terreur sanguinaire de Pol Pot : 1.500.000 Cambodgiens.

Rajoutons le million de victimes du Biafra, les 800.000 Rwandais, en majorité Tutsi, ayant trouvé la mort durant les trois mois de génocide, sans omettre les 300.000 morts et les 3 millions de déplacés de la guerre au Darfour.

Depuis l'esclavage du peuple Noir jusqu'au Nouvel Ordre mondial, soit de 1900 à l'aube du troisième millénaire, en passant par Hiroshima, Nagasaki, la guerre au Vietnam, le capitalisme porte à lui seul la responsabilité d'un bilan amplement supérieur à 100 millions de morts.

Sapiens, comme sage… Ces hécatombes, ces holocaustes, ces exterminations, ces pogroms, ces génocides, ces guerres, ces invasions à travers les siècles furent-elles chaque fois dictées par un quelconque comité des sages ?

Déforestation, productivisme agricole, agroterrorisme, mort biologique du sol, désertification, sixième crise de la vie et extinction massive d'espèces pour cause d'anthropisme, pollutions, réchauffement du climat, fonte des glaces, montée des océans, tarissement accéléré de toutes les ressources non-renouvelables.

Nous entrons de plain-pied dans un monde immonde et à l'avenir barré, la planète bleue est en déliquescence. 20.000 ha de couvert forestier disparaissent chaque jour. La Terre vue du ciel : bientôt un cimetière, une fosse commune. Selon un rapport du WWF, nous avons perdu en 30 ans près de 30 % de tout ce qui vivait sur Terre.

L'ours polaire marche sur les eaux, l'aigle impérial se fait éboueur, le vautour s'attaque au vivant ou devient cannibale, l'orang-outan est exproprié. L'orque et le dauphin tournent en rond dans des bassins de ciment, le panda géant porte un collier-émetteur. Le croco se fait mocassins, la panthère se porte dans les beaux quartiers, les oiseaux chantent sur des barbelés, les libellules se noient dans des piscines. Il n'y a plus rien à butiner, les ruches sont désertées, les papillons sont en volière.

La grande forêt est vide, terriblement silencieuse, le petit bois d'à côté est contaminé, inanimé. Le corail est au rayon des souvenirs.

Mais Total veille sur les océans, Monaco protège la faune... et Areva attend que fonde le Grand Nord pour sen approprier les ultimes richesses enfouies.

Aucun insecte nocturne ne vient plus virevolter autour du lampadaire, on ne voit plus de hannetons, on n'entend plus chanter les grenouilles et depuis longtemps, la chevêche ne perche plus sur le poteau téléphonique. Où sont le carabe doré, la cétoine, les papillons multicolores, la rainette verte, la jolie couleuvre de notre enfance ?

Sapiens, comme sage… Veau, vache, cochon, couvée, homme sont chosifiés. En plein biodélire, voilà le vivant industrialisé. Nous élevons des poulets sans plumes, des lapins géants. Dans ses zoos, ses cirques, ses laboratoires, ses batteries, le voyou de la planète enferme, dompte, torture, exploite, les espèces compagnes

Et aussi la sienne.

Pommes de terre aux gènes de poulet, de phalène, de virus, de bactérie et d'humain ; Saumons dopé par des gènes de croissance, humain. Maïs aux gènes de luciole, de pétunia, de blé, de scorpion ; riz aux auxs gènes de haricot, de pois, de bactérie et d'humain ; tomates aux gènes de poisson, de virus, de bactérie, de scorpion et d'humain.

Cest la grande parade des inconnus dans votre assiette.

Sapiens, comme sage…

En guise de bénéfices : cancers, maladies environnementales et génétiques, perte de fécondité, Maladies nouvelles et concoctées de toutes pièces, cent mille molécules chimiques lâchées dans les sols, les eaux et les airs, pesticides et biocides dans la rosée et dans nos urines, un milliard de Terriens souffrant chaque année les méfaits de la pollution, recul des terres fertiles, catastrophes "naturelles" plus nombreuses et plus meurtrières, hordes de réfugiés de l'environnement...

Dici à 2050, on prévoit des sécheresses drastiques susceptibles d'affecter 2 à 3 milliards dhumains. Sapiens, comme sage…

Depuis l'an 1 de l'Ère chrétienne, la population humaine est passée de 250 millions à quasiment 7 milliards dhabitants. Pour les trois quarts de l'humanité, la Terre-nourricière ne l'est déjà plus. A l'horizon 2050, la fourmilière humaine comptera 10 milliards d'individus. Des malheureux qui, dans le meilleur des cas, perdront leur vie à la gagner.

Plus d'un million de personnes se suicident chaque année, au chômage, au travail, dans les villes, dans les champs, en prison, en liberté…

Notre démographie galope, il est dit que si nous ne décroissons pas, nos maîtres bienveillants vont nous décimer.

Exterminateur et invasif, Homo sapiens est la seule espèce de grande taille à investir, selon une croissance infernale, la quasi-totalité des niches écologiques des autres espèces. Avec cette tenace posture du « pousse-toi de là que je m'y mette ».

Dorénavant surnuméraires, nous sommes trop encombrants dans le fragile équilibre et représentons le vrai syndrome de la planète. Nous sommes ainsi les auteurs du plus effroyable laminoir de biodiversité que l'on pouvait imaginer.

Nous souffrons d'une incurable cécité écologique doublée dun besoin maniaco-dépressif d'asservir, de dominer, régner, contrôler, ordonner, gérer, intervenir, décider, nous ne sommes bons quà saccager, détruire, modifier, altérer, uniformiser, aligner, nettoyer, vider, couper, tailler, tondre, scalper, raser, décapiter, brûler…, le plus souvent sans comprendre, sans donner, sans admirer… et même sans regretter.

Guerres et discriminations envers et contre tout, envers et contre tous. Contre soi, contre l'homme, surtout contre l'autre et le différent, contre les espèces non-rentables, en un mot... contre la Nature. Sexisme contre l'autre sexe, racisme contre les autres races, spécisme contre les autres espèces, pillage du vivant réduit à la notion étroitement utilitaire de ressources, saccage des paysages défigurés en autant de formes géométriques écostériles.

Avec un dépassement de 30 % de la biocapacité planétaire, notre humanité s'est octroyé un crédit écologique qui est une fatale fuite en avant.

Où est la sagesse ?

Notre politique est bien celle de la terre brûlée. Ne rien laisser derrière soi qui puisse profiter à l'ennemi est une stratégie de guerre…totale. Mais quel est donc cet ennemi si exécré, sinon nous ?!!

Sapiens, comme sage…, ou encore intelligent, raisonnable ou prudent !

Sapiens, nos ancêtres cueilleurs-chasseurs (ceux qui laissent) que nous avons persécutés, méritaient cet adjectif. Nous (qui prenons, et prenons tout), Homo pseudo sapiens economicus ou demens, peuple dernier et civilisé, vils urbanistes, économistes imbus, agronomes-valets ou politiques impérieux, fourbes et bouffis, nous ne le sommes pas, nous ne le sommes plus. Sans vouloir offenser la mémoire de Léonard de Vinci..., Homo sapiens nest qu'une sombre brute.

La brutalité et ses conséquences déconstructives résument tout l'aboutissement de cette intelligence pratique qui fait le singe humain.

Culture, utilisation de nos connaissances, progrès industriels et scientifiques, enjeux économiques et financiers, sens de la propriété et appropriations, sécurité, santé, loisirs, arts de vivre, confort sont les signes de notre intelligence, de cette dotation intellectuelle qui nous différencie du monde animal. Aujourdhui qu'apparaissent des dégâts anthropiques grandeur nature et irréversibles, on constate donc que nous sommes les propres artisans de l'anéantissement de notre milieu. Voilà donc une bien étrange capacité. Est-ce pour en arriver là que nous aurions engrangé tant de pensées et de connaissances dans nos bibliothèques pharaoniques ? Les comparant à celles des animaux ou de nos ancêtres antédiluviens, ne peut-on pas conclure que nos facultés, nos exceptionnelles aptitudes savèrent, in fine, contre-productives ? Je précise que l'aspect coupable réside davantage dans nos acquis que dans notre inné.

 

Homme, qu'as-tu fait de ton talent ?

  

Michel Tarrier

 

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