L'Allocution de Poutine à la Douma : Une atmosphère inhabituelle

Vladimir Poutine au Kremlin, le 7 mai 2012

http://www.varmatin.com/article/monde/russie-poutine-a-pris-ses-fonctions-au-kremlin-sur-fond-de-protestations.854905.html

Allocution de Poutine à la Douma :
Un discours haut en couleurs démocratiques !

Lettre Eurasiatique de Stratégie et d’Intelligence Economique
N°2 - 1er mai 2012

Un mois après les élections présidentielles
russes remportées avec plus de
63% des suffrages par l’actuel Premier
Ministre Vladimir Poutine, ce dernier
s’est livré le 11 avril dernier à son grand
oral annuel devant la Douma (chambre
basse du Parlement).

Dans ce dernier discours devant le Parlement,
avant ses nouvelles prises de
fonctions officielles, Vladimir Poutine a
défendu la politique tenue par son gouvernement
ces quatre dernières années
insistant sur l’essor économique et la
stabilité démographique, tous deux sujets
de réelle satisfaction.

Posant ensuite les
bases de son programme économique
basé sur la croissance, l’homme fort de
Russie a prêté une attention particulière
aux inégalités sociales, à l’éducation et
à la science, qui « doivent devenir la
priorité budgétaire majeure ».

Mais au-delà
du discours politique et
économique somme toute relativement
classique et conforme à l’exercice pratiqué,
deux points retiennent notre attention,
l’un concernant le déroulement
de ce discours, l’autre le fond ; points
qui semblent caractériser un surcroît
de démocratie autant qu’un infléchissement
dans la politique générale en
Russie.

Pour commencer, ce discours s’est déroulé
dans une atmosphère particulièrement
tendue : pour la première fois
depuis la mise en place de cette traditionnelle
présentation du rapport d’activité
par le Premier ministre, M. Poutine
s’est vu chahuté par les députés de
l’opposition. Que ce soit par le départ
précipité de l’hémicycle des parlementaires
du parti d’opposition Russie Juste
ou par les nombreuses interpellations
et questions auxquelles il a dû répondre,
l’ambiance à la Douma ce 11 avril 2012,
ressemblait bien plus aux ambiances
du Palais Bourbon les jours de tempêtes
qu’à la Douma que nous connaissons
depuis l’ascension de Poutine à la présidence
russe en 2000.

Sur le fond ensuite, Vladimir Poutine a
eu à s’expliquer sur un certain nombre
de mesures, que même son opposition
a jugées trop libérales ou trop occidentales.
 

C’est le cas notamment de la récente
adhésion du pays à l’Organisation
Mondiale du Commerce après dix huit
ans de négociations, jugées incompréhensibles
et inquiétantes par beaucoup.
C’est aussi le cas de la récente acceptation
d’ouverture d’un centre de transit
de l’OTAN à Oulianovsk, pour le fret
militaire en provenance d’Afghanistan,
vertement critiqué par l’opposition communiste.

Ou encore, dans un registre
moins stratégique, la mise en place du
traité d’Etat unifié considéré comme
inutile et onéreux. A chaque fois, le
futur président Russe a justifié ses choix
sur la nécessité d’ouverture de son pays
à l’Occident.

Enfin, grande première depuis son accession
au pouvoir, Vladimir Poutine a
lancé un appel à l’unité et au rassemblement,
en tendant la main à l’opposition.

Comme nous avions pu l’évoquer dans
l’édito de la lettre Eurasie n°1 de mars
2012, les manifestations préélectorales
de Russie n’ont à aucun moment remis
en cause ni la légitimité du parti Russie
Unie et de son président Vladimir Poutine,
ni même le soutien encore très
fort dont ce dernier jouit dans le pays.

En revanche, ces évènements inédits,
auront à tout le moins eu l’avantage de
forcer le pouvoir en place à un plus
grand sentiment démocratique, qui
pourrait bien se concrétiser prochainement,
après son investiture le 7 mai

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