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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 04:57

 

«Il doit y avoir un équilibre entre garantie mutuelle et contrôle», a insisté Angela Merkel, lundi à Berlin.
. Crédits photo : Markus Schreiber/AP - http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/06/26/20002-20120626ARTFIG00713-merkel-rejette-sans-appel-les-idees-francaises.php

 

Mme Merkel pousse la zone euro vers le moins-disant social 


 

La réalité des peuples au sud de l’Europe ne fait pas partie des préoccupations de la chancelière allemande, Mme Merkel. Elle l’a encore prouvé par ses déclarations récentes. Selon elle, le niveau des prestations sociales versées dans la zone euro est beaucoup trop élevé, comparé à celui des pays émergents. La moitié des prestations sociales mondiales sont distribuées dans cette zone, dans laquelle vit seulement 8 % de la population. Ce n’est tenable, selon elle, qu’en consentant des efforts (des sacrifices) extraordinaires.

 

Sachant la position dominante qu’occupent la chancelière et son pays dans la zone euro, et que la perspective est à la récession dans cette zone où le premier objectif est de sauver l’euro, on peut en déduire que le modèle social européen est d’ores et déjà en fin de vie, avec de gros risques pour la survie du modèle social républicain français.

 

Ces constats sont faits ce 18 décembre 2012 par Philippe Béchade*, dans ses notes de marché de La Chronique Agora.

 

Une réalité qu’on ne veut pas voir

(…) Cette réalité, c’est Chypre au bord du défaut de paiement… c’est la Grèce qui s’apprête à fêter le Noël le plus austère depuis l’époque des colonels… c’est l’Espagne avec un taux de suicide historique chez les jeunes et une désespérance de la population jamais vue depuis l’après-guerre. La réalité de cette fin 2012, c’est aussi une Irlande incapable de respecter le calendrier de sa dette et qui fait tout pour repousser les échéances… une Italie où la population ne consomme plus et où la chasse à la fraude fiscale se transforme en harcèlement pour ceux qui n’ont guère les moyens de se protéger de la curiosité du fisc (…).

 

Deux événements qui ont marqué l’actualité hier

Si nous devions retenir deux faits marquants survenus ce lundi, il y a d’abord la proclamation des résultats des législatives au Japon. Il y a eu une large victoire du Parti libéral démocrate qui offre une confortable majorité au futur Premier ministre Shinzo Abe - lequel s’est juré de faire dégringoler le yen jusqu’à ce que la croissance nippone reparte (…).

Le second fait marquant est une petite phrase d’Angela Merkel que les Européens n’ont pas fini de méditer. La chancelière a prononcé en quelques mots l’oraison funèbre du modèle social européen en expliquant que 50% des prestations sociales distribuées de par le monde l’étaient dans la Zone euro, laquelle ne représente que 25% du PIB mondial et seulement 8% de la population. Et de conclure : “ce n’est pas tenable, à moins de consentir des efforts (comprenez dans sa bouche des sacrifices) extraordinaires”.

 

Un retour en arrière pour la Zone euro ?

 

Elle pourrait également s’alarmer que 98% de la population européenne soit vaccinée contre la tuberculose et le tétanos, que 99,8% des enfants des pays du G8 soient alphabétisés (contre 26% seulement au Mali et 28% en Afghanistan). Ce qui n’est évidemment pas tenable (pour les pays du Tiers-Monde de notre point de vue).

 

A croire que c’est désormais l’Europe qui doit tendre vers le moins-disant social et que les pays en voie de développement ont raison de maintenir une partie de la population en semi-esclavage, la voie royale qui mène vers la compétitivité et le plein-emploi.

 

Beaucoup de gérants et stratèges que nous entendons se disent pleins d’espoir pour le sud de l’Europe en 2013 et 2014. Leurs arguments font froid dans le dos. Le redressement de ces pays est en marche car les gens acceptent des salaires de 30% à 40% inférieurs à ce qu’ils étaient il y a cinq ans. Ils ne prennent plus de vacances (ils n’en ont de toute façon plus les moyens), ils travaillent en fonction des besoins des entreprises, non plus en fonction de normes d’heures légales travaillées compatibles avec une vie familiale.

 

Prenez la Grèce et l’Espagne : les déficits se réduisent car les frais médicaux supportés par l’Etat ont considérablement reculé. Bon, c’est vrai, les gens meurent un peu plus qu’avant (enfin vraiment beaucoup plus dans les campagnes grecques ou andalouses). Magnifique, l’Europe du sud montre la voie à suivre avec les encouragements des médias allemands.

Vous vous souvenez de ce livre de Viviane Forester qui avait “fait débat” il y a une quinzaine d’année et qui s’intitulait L’horreur économique ? Ce qu’elle dépeignait comme un scénario catastrophe dans un avenir improbable, c’est exactement ce à quoi les populations des PIIGS sont confrontées depuis 2009 sous la houlette des programmes “d’assainissement” du FMI et des pays “vertueux” du Nord.

 

Mais réjouissons-nous : comme le martèle maintenant notre président et quelques mois auparavant son prédécesseur, l’Eurozone est sauvée, à commencer par notre bien le plus précieux, c’est-à-dire l’euro. Le problème c’est que, s’il est effectivement sauvé, cela ne fait pas une grosse différence pour ceux qu’il était censé protéger des périls de la mondialisation - puisque ni les chômeurs, ni les entreprises en difficulté, ni les futurs retraités n’en voient plus la couleur !

 

* Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme. 

 

Par ailleurs, selon un autre rédacteur des publications Agora, Eberhardt Unger*, ce 18 décembre, on n’observe aucun signe d’amélioration de l’économie mondiale en 2013. La BCE prévoit une récession dans la zone euro en 2012 et 2013.

 

Lire L’économie mondiale boite !

Conclusion : La crise économique mondiale est loin d'être terminée. Les problèmes qui ont conduit à la crise actuelle continuent de proliférer et, d'une façon générale, ouvrent la voie au protectionnisme. Le surendettement américain et la crise de l'euro zone sont les plus grands risques. Il y a aussi celui du marché mondial des dérivés de 700 000 milliards de dollars à rapprocher du PIB mondial estimé à 70 000 milliards de dollars. Les banques centrales poursuivront leur politique monétaire ultra-expansive jusqu'à ce qu'une trop forte inflation les en empêche. Pour 2013, il faudra tenir compte de nouvelles turbulences sur les marchés de devises.

* Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d'expérience des marchés et de l'économie.

 

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