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La catastrophe de Fukushima deux ans plus tard est un véritable cauchemar pour les Japonais; et la situation peut s'aggraver encore comme nous l'a montré l'actualité récente. Une
coupure de courant a provoqué l'arrêt du système de refroidissement de 4 piscines. Le pire peut encore arriver à tout moment à Fukushima.

Du côté de Tchernobyl, 27 ans plus tard,
les habitants de l’Ukraine, du sud de la Russie et du Bélarus vivent toujours dans un environnement radioactif et mangent une nourriture contaminée. Un nouveau sarcophage pour recouvrir le réacteur n°4 est en construction car il y a des fuites dans l'ancienne enceinte qui est fissurée et menace de s'effondrer.

Promouvoir une "sortie progressive du nucléaire" est un non sens
, un raisonnement absurde et inacceptable. Comment peut-on à la fois être conscient de l' horreur et de la gravité d'une catastrophe, savoir qu'elle peut survenir à tout instant et accepter la poursuite de l'industrie nucléaire pendant encore 20 ans ou plus ??? Ce ne peut être qu'une proposition malhonnête où entrent en ligne de compte des intérêts cachés et sordides.


nucleaire_61_millions_de_morts.JPGQue faire quand on vit dans une habitation qui menace de s'effondrer à tout moment, et qu'on le sait noir sur blanc ? On attend, imperturbable, pendant des années qu'une nouvelle habitation à notre convenance soit bâtie ? .. Ou on déménage vite fait avant d'y laisser sa peau, quitte à perdre un peu de son confort ? La réponse coule de source

Et pourtant les groupes institutionnels se revendiquant "écologistes"et "antinucléaires" prônent des scénarios de sortie sur 20 ans ou plus. Pour eux, le danger nucléaire n'est pas si grand puisqu'ils acceptent que nous puissions vivre demain ou après-demain le même drame que les populations russes et japonaises ! Cynisme? complicité ? On peut se poser des questions.

Notre tâche prioritaire devrait-elle être de montrer du doigt ces imposteurs qui veulent faire croire aux français que le nucléaire peut continuer encore 20 ans et anéantissent le travail des militants qui dénoncent l'horreur nucléaire et réclament son arrêt immédiat !?

C'est un comble ! Et pas une première malheureusement. Comme très souvent, dès qu'un groupe de militants devient une institution il perd sa radicalité et finit par desservir la cause initiale. Illustration récente: suite à une conférence du réseau SDN (sortir du nucléaire) un communiqué de l'AFP faisait dire à un des porte-parole le 5 mars 2013 : "nous demandons l'arrêt immédiat des centrales françaises". Panique à bâbord chez SDN et demande immédiate de rectificatif. Chose faite deux heures plus tard. Ouf, incident diplomatique évité de justesse avec les différents partenaires ( EELV,Greenpeace, RAC,..) Carrément lamentable.

Que pouvons-nous attendre d'un mouvement antinucléaire? Qu'il secoue le bocal ou qu'il baigne dans le ramollissement général ? Vous connaissez l'histoire de la grenouille dans son bain qui se laisse endormir... Elle finit mal l'histoire.

Nous n'avons pas le droit de nous comporter en irresponsables
par respect envers nos enfants et les générations qui suivront. C'est un acte monstrueux que de condamner leur futur; nous leur léguons déjà des zones interdites, des montagnes (et des piscines) de déchets mortellement radioactifs pour des milliers d'années.

L'arrêt immédiat du nucléaire est possible, et vital !
C'est une décision d'ordre politique, certainement pas d'ordre technique; et c'est possible avec un "impact économique et environnemental faible" pour parler avec les mots de nos faux experts et dirigeants cravatés. Car cela coûterait cher, très cher, une catastrophe nucléaire en France, même en s'occupant très mal des populations contaminées comme ce serait certainement le cas si le drame devait se produire en France; Tchernobyl et Fukushima en sont deux sinistres illustrations.


Les_Delinquants.3.jpgD'ailleurs en cas de catastrophe nucléaire, l’État et EDF se sont déjà protégés par des lois afin que personne ne puisse jeter la responsabilité sur eux; ils savent quelle peut être l'étendue du drame et ont lâchement pris les devants. Rien à attendre non plus des assurances qui ont ôté de leurs contrats ce qui relève du nucléaire.

D'après le CERI (Comité européen sur le risque de l'irradiation) le nucléaire est responsable de 61 millions de morts par cancers depuis 1945 et de 123 millions de cancers. Les organismes officiels (CIPR) contestent bien sûr ces chiffres qu'ils divisent par 40 ou 60 !

La vie n'a pas de prix


Qu'est-ce qui est irresponsable ? Exiger l'arrêt immédiat du nucléaire ou accepter la poursuite de cette industrie mortifère pendant encore des années?

Comment l'arrêt immédiat est-il possible en France?


Roger et Bella Belbéoch, physiciens, ont publié un petit livre très clair il y a plus de 15 ans "sortir du nucléaire c'est possible, avant la catastrophe". Plus récemment une publication de Pierre Lucot et Jean-Luc Pasquinet "Nucléaire, arrêt immédiat" (2012) donne des pistes concrètes.

En quelques lignes, sans trop entrer dans les détails car ce n'est pas ici l'objet principal, voici comment mettre en pratique l'arrêt immédiat:

- les centrales thermiques actuelles fonctionnent à moins de 20% de leur capacités; leur utilisation à plein rendement et la fin de l’autoconsommation du nucléaire
permettrait l’arrêt de 25 à 30 réacteurs


- la part des énergies renouvelables reste limitée dans ce court délai mais associées à des mesures de sobriété énergétique 15 réacteurs pourraient être stoppés.

- accepter l'éventualité de coupures d'électricité durant cette période transitoire peut être une attitude citoyenne pour accélérer l'arrêt total.

- la durée de construction d’une centrale thermique fonctionnant au gaz ou au charbon de type LFC ( Lit Fluidifié circulant, la France en exporte en Chine) est de trois ans; il est possible d’en construire dans un délai très court ; 25 nouvelles centrales au gaz peuvent permettre la fermeture de 14 réacteurs (augmentation des gaz à effet de serre insignifiante) Il faut dans ce même temps en finir avec l'hérésie du chauffage électrique.

Ce dispositif d’arrêt ne peut être effectif qu’avec un large soutien des citoyens, conscients du danger et de la priorité de ce plan.

Un programme d'urgence a été appliqué par les Japonais après la catastrophe ; l’objectif est de le mettre en œuvre en France avant la catastrophe ! Il devra s'inscrire dans la durée d'un mandat pour ne pas risquer d'être remis en question par un changement de majorité.

Les_rats2.jpgBenjamin Dessus de Global Chance évalue dans une étude (juin 2011) la "sortie totale du nucléaire" de 451 à 503 milliards d'euros ... Soit autant que la poursuite, au coût estimé entre 457 et 503 milliards d'euros ( le Monde, janvier 2012)

Une catastrophe nucléaire pourrait coûter à la France entre 430 et 5800 milliards d'euros ( JDD, 10 mars 2013) Et puis évaluer le coût de l'abandon du nucléaire est aussi absurde que d'évaluer le coût d'une vie humaine.

Certains pourront contester ou pinailler sur les détails de la mise en œuvre de l'arrêt définitif du nucléaire. Le plus important est de savoir qu'il est possible d'en finir très vite avec l'utilisation de cette énergie.

Une fois l'arrêt définitif du nucléaire réalisé, pourra se poser le problème des énergies fossiles et le développement des renouvelables; le plus dur aura été fait. Le danger ne sera malheureusement pas totalement écarté.

Le démantèlement des centrales et la gestion des déchets nucléaires sont des problèmes bien plus complexes.


Ce sera nettement plus long, plus dangereux et plus coûteux.

Le démantèlement des 58 réacteurs nucléaires de la France pourrait coûter au moins 232 milliards d'euros, 4 milliards par centrale selon une étude récente du Royaume Uni. Brennilis (Finistère), petite centrale de 70 MW fermé en 1985 dont le démantèlement s’éternise et rencontre des problèmes à répétition donne un aperçu de ces futurs chantiers.

Second problème de plus grosse taille: les déchets radio-actifs. Que faire des 50 000 tonnes de déchets accumulés en France ? Nos brillants nucléocrates du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) n'ont toujours pas trouvé la solution 60 ans plus tard. Alors ils veulent employer la méthode la plus ignoble : les enterrer lâchement comme on cache la merde sous un tapis pour ne plus la voir. Si nous les laissons faire, ils sont prêts à enfouir à 500 mètres sous terre
100 000 m3 de déchets radioactifs à vie longue ( plusieurs milliers d'années) à Bure dans la Meuse, en sachant très bien qu'aucun site géologique ne peut rester étanche si longtemps. Un jour ou l'autre ces déchets remonteront à la surface avec leur pouvoir de contamination intact.


L'industrie nucléaire a créé ces déchets radioactifs mortels et quasi indestructibles; elle doit les assumer de manière responsable.

Il est important d'être clair dans les mots employés. L'arrêt du nucléaire est possible tout de suite; la sortie du nucléaire est malheureusement impossible. La formule magique de SDN "décision immédiate de sortie" ne veut rien dire.

Le_syndrome_de_Stockholm.jpg.jpgLe bilan de 40 années de lutte antinucléaire en France est vraiment très mauvais.
Il faut regarder les choses en face et revoir les stratégies. Déjà dans plusieurs régions, de nouveaux groupes se forment autour de l'arrêt immédiat et on voit bien que SDN n'est aujourd'hui plus représentatif de la lutte antinucléaire en France.


Militer pour un arrêt du nucléaire dans vingt ans n'a aucun sens, ni aucune utilité. C'est un gaspillage de temps et d'argent qui profite à certains. L'industrie nucléaire s'effondrera probablement d'elle même avant cette date, à cause des catastrophes qui viendront inévitablement, et de son coût de plus en plus exorbitant qui signera sa fin. Ceux qui soutiennent ce scénario sont-ils prêts à être liquidateurs si une catastrophe arrive dans les vingt prochaines années ?

Nous devons nous battre pour que l'arrêt immédiat de l'industrie nucléaire devienne une priorité en France, avant une nouvelle catastrophe.

                    autocollant_arret-immediat-nucleaire.jpg

En annexe, un rappel de quelques tristes banalités à propos de l'énergie nucléaire:

indépendance énergétique de la France? FAUX, l'uranium vient principalement du Niger, pays gravement contaminé pour notre confort électrique.

lutte contre les gaz à effet de serre? FAUX, la production d'énergie représente 13% des émissions de GES et l'énergie nucléaire 2% de la consommation d’énergie dans le monde. Si l'on remplaçait les réacteurs nucléaires (435 dans le monde en 2011) par des centrales thermiques à gaz, les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de moins de 1%.

impact sur le changement climatique? AUCUN, les 435 centrales nucléaires sont vieilles et représentent 6% de l’énergie produite dans le monde. Pour tenter d'avoir un tout petit impact sur le climat, il faudrait atteindre au moins 20 %; pour cela il faudrait remplacer les vieilles centrales et avoir 1500 centrales nucléaires en service dans les 25 prochaines années, Outre le danger, le coût et la faisabilité d'une telle opération est inenvisageable

mais les déchets s'accumulent depuis 60 ans et aucune solution n'a été trouvée. Entre 250.000 et 300 000 tonnes de déchets radioactifs dans le monde que nous léguons sans scrupules aux générations à venir; plus de 50.000 tonnes en France (environ 1.400 tonnes par an)

et les catastrophes sont là, et le risque grandit toujours. Le recours à l'énergie nucléaire s'accompagne inévitablement de désastres et de victimes. Cancers, leucémies, dégénérescence de la moelle osseuse, brûlures atroces qui rongent la chair jusqu'à l'os, mutations génétiques, abandon de son lieu de vie à tout jamais, perte de ses racines

Antoine Calandra, mars 2013

www.coordination-antinucleaire-sudest.org