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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 21:02


Révolution paysanne !

 
Yann FIEVET


Le moment est enfin venu de prendre acte d’un fait majeur traversant tout à la fois – certes sous des formes différentes – les pays du Nord et les pays du Sud : la faillite générale des stratégies agricoles mises en œuvre à partir des années 1960. On redécouvre partout le rôle primordial des paysans dans l’évolution équilibrée des sociétés humaines et la préservation des écosystèmes qui les portent. Pour l’heure les « fondamentalistes » des modèles agro-technocratiques parviennent encore à dissimuler au plus grand nombre l’ampleur démentielle du désastre qu’ils ont préparé et apparaissent toujours comme « progressistes » aux yeux des croyants du salut de l’humanité par la transformation des sols en paillasse de laboratoire. Mais, une autre histoire est déjà en marche, à distance du système agro-industriel dominant maintenu artificiellement en vie grâce aux perfusions financières, chimiques ou scientistes. Et s’il s’agissait d’une révolution, réellement verte cette fois ?

Toute révolution commence par désacraliser les mythes profondément ancrés dans l’ordre existant. Une évidence apparaît aujourd’hui : on a décrété trop vite « la fin des paysans ». Certes, la figure du paysan défini par Henri Mendras en 1967 dans son essai n’existe quasiment plus quarante ans plus tard dans les pays du Nord. Pourtant, si le paysan maître de son labeur et de son temps, cultivant péniblement sa terre a disparu chez nous, il est illusoire de voir dans sa disparition le signe premier et décisif de l’avènement de son successeur fatal : l’agriculteur exploitant rationnellement ses terres. Il n’est rien de plus faux que cette dichotomie entre le paysan incarnant la tradition qu’il faut nécessairement dépasser et la modernité que représenterait l’entrepreneur des campagnes rationalisées. Nous réalisons enfin – et sans doute trop lentement – que cultiver une terre c’est l’entretenir, la faire durer tandis que l’exploiter c’est l’appauvrir, la détruire à petit feu.

Entre la figure du paysan d’autrefois à jamais disparu et l’épouvantail « moderniste » qui bientôt sera nu, il existe une place immense pour des hommes et des femmes respectant de nouveau la terre nourricière. Qu’ils se nomment encore paysans ou qu’ils préfèrent se dénommer agriculteurs paysans ils (ré)inventent les formes d’une agriculture durable pour une transmission décente aux générations qui les suivent. Ils veulent vivre du prix de leur travail et non de subventions quémandées et sans cesse renégociées par des représentants à la légitimité douteuse. Ils ne veulent pas dépendre exclusivement du complexe de l’agro-bio-business pour leurs semences, la nourriture de leurs animaux d’élevage, leurs débouchés sur le marché qu’ils souhaitent plus équilibré. Ils développent des circuits courts par la vente directe aux consommateurs qu’ils apprécient de rencontrer quand la Grande Distribution méprise ce lien social essentiel. Bref, ils aiment la terre et ses fruits, la vie, les autres…

Désormais le consommateur se tourne davantage vers eux pour éviter les faiseurs de mal bouffe. Le moment est donc venu de « pousser » l’offre de l’agriculture paysanne par un basculement des subventions de l’agriculture productiviste prédatrice des écosystèmes vers le financement de la conversion des terres et l’installation de nouveaux paysans aux « méthodes douces ». Il faut mettre un coup d’arrêt au mouvement de concentration des terres par une redéfinition du rôle des structures de régulation de la propriété foncière, à commencer par celui des SAFER. Il faut enfin encourager la création et le développement de réseaux rapprochant les producteurs et les consommateurs afin que l’échange marchand nécessaire soit légitimement complété par d’autres formes d’échanges indispensables à une économie sociale, solidaire et écologique. C’est par ce changement d’échelle de la production de l’agriculture paysanne que l’on rendra accessible au plus grand nombre – et à des prix raisonnables – une alimentation de qualité garante d’une meilleure santé des hommes et de leur environnement.

Belle utopie ? Non ! Nécessité bien comprise pour protéger l’homme, au Nord comme au Sud. Les technocrates eux-mêmes commencent à tourner casaque. Leurs récentes études prospectives pour l’Europe analysent quatre scénarios pour les décennies à venir. Le premier consiste à pousser à fond le modèle « agro-efficace » forgé par la PAC. Et advienne que pourra ! Le deuxième scénario est celui de l’agriculture duale dans lequel cohabitent le modèle « productiviste » et une agriculture paysanne stimulée. Cette configuration paraît peu crédible tant l’équilibre harmonieux entre des logiques d’évolution incompatibles est illusoire. Le troisième scénario réside dans la spécialisation des régions européennes en des productions dominantes « raisonnées ». L’exorbitant coût écologique et énergétique des transports qui en résulterait incite fortement à écarter cette solution. Le dernier scénario est nommé « agriculture HPE (haute performance environnementale) ». Il s’agit d’une agriculture de proximité et de petites et moyennes propriétés ressemblant à celle « de l’entre-deux guerres » nécessitant de remettre à la terre, en France par exemple, un million de paysans. On aura compris que la préférence de nos experts « visionnaires » va à cette solution « passéiste » devenue salutairement moderne. Que de temps avons-nous perdus !

Du coup, les pays du Sud ont de l’avance, eux qui n’ont pas encore eu le temps d’éliminer partout leur paysannerie traditionnelle par une surmécanisation du travail agricole et par la substitution mortifère des cultures d’exportation aux cultures vivrières. Au sein de la FAO le concept de « l’agriculture de conservation » fait doucement son chemin. Pourtant, si partout l’intelligence commence à parler, suscitée qu’elle est par les exigences du temps, il lui manque l’instrument politique par lequel elle s’imposera demain. Le mouvement Via Campessina pourra-t-il faire contrepoids aux stratégies mondiales des firmes de l’agro-bio-business et à leur coupable collusion avec les classes politiques en place ? Chacun de nous doit fertiliser cet espoir qui dépasse de très loin le sort des paysans. Soyons tous un peu paysan en nos cœurs et en nos têtes.


Yann Fiévet

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article8135

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 20:52


 
Bernard GENSANE

Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes http://www.medelu.org/ et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup.

La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples.

Dans "La fracture démocratique", Christophe Ventura revient sur "la méthode Monnet" qui a consisté à faire élaborer dans la plus grande discrétion, face aux réticences des opinions publiques, des traités fondateurs par des armées de diplomates, de juristes, de représentants des milieux d’affaires. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, lorsqu’ils ont été consultés par référendum après un véritable débat public, les peuples ont souvent exprimé leur hostilité aux programmes venus de Bruxelles : les Danois s’opposèrent en 1992 au traité de Maastricht (le vote fut « rectifié » l’année suivante), les Irlandais refusèrent le traité de Nice en 2001, les Français et les Néerlandais dirent "non" au TCI en 2005, l’Irlande refusa le traité de Lisbonne en 2008.

Pour contrecarrer la volonté populaire, 22000 lobbyistes œuvrent en permanence à Bruxelles. Plus de 70% d’entre eux sont au service d’intérêts industriels, 20% représentent les intérêts de collectivités ou d’institutions internationales, 10% des ONG et des syndicats.

La stratégie de base est de techniciser les problèmes, d’administrer, d’intégrer à toute force en niant le politique comme forme d’organisation du rapport de forces social et de la conquête du pouvoir pour et par le peuple.

Ce déni de démocratie a été théorisé, il y a plus de soixante ans, par Friedrich von Hayek, inventeur du concept de "démocratie limitée" (à laquelle a souscrit, par exemple, Dominique Strauss-Kahn), dans laquelle la répartition du travail et des richesses, de même que la monnaie, seraient entièrement soustraites à la sphère politique et aux aléas électoraux. Limiter les droits du peuple revient à évacuer le social, ce qu’explique Corinne Gobin dans "Quand « social » signifie anti-social".

Avec l’arrivée de Jacques Delors à la présidence de la commission en 1985, l’Europe va utiliser peu à peu les politiques communautaires comme autant d’instruments pour liquider l’ensemble des conquêtes sociales antérieures. On habituera le monde syndical à accepter les « dures lois du marché », à se contenter d’un droit social minimum à défaut d’une absence de droit, en d’autres termes un droit plancher « dont le niveau est condamné à descendre par le jeu même du développement de la compétitivité et de la flexibilité. » L’emploi sera considéré comme un « facteur de production » au service de la compétitivité des entreprises et de l’augmentation des profits, dans le cadre de la marchandisation de l’ensemble des droits sociaux. La politique sociale devra préserver les « grands équilibres » macro-économiques. De nouveaux concepts seront vendus comme des savonnettes : « l’employabilité », qui réduit l’être humain à du « capital variable », « la formation tout au long de la vie » qui organise la déqualification permanente du travailleur, la « flexicurité » qui fait du CDD la nouvelle norme de l’emploi. On va créer une situation de pénurie de ressources pour « désocialiser » le financement des droits sociaux et faire de ceux-ci des espaces à « remarchandiser par la privatisation et l’invention de produits financiers. » On imposera aux peuples une rareté artificielle alors que les pays européens n’ont jamais été aussi riches. Les droits sociaux seront subordonnés aux « libertés » du commerce, de la circulation des capitaux, de la concurrence « libre et non faussée » et du droit d’établissement. Seuls les éléments non rentables pourront demeurer « sociaux » et relever de la solidarité. Les autres seront considérés comme des espaces marchands, donc soumis aux droits de la concurrence. Ce tri agira principalement dans le secteur des services publics et des mutuelles de retraite et de santé.

Dans "Imposture écologique", Aurélien Bernier explique comment les cinquante milliards d’euros annuels consacrés par l’Union européenne à son agriculture constituent une énorme prime à la pollution, en dépit d’une forte demande sociale pour un modèle plus respectueux des équilibres écologiques. C’est que l’agriculture biologique n’est jamais présentée comme une possibilité de développement agricole pour l’Europe, mais toujours comme une autre manière de faire du commerce. Dans ce domaine aussi, les vaches sont bien gardées puisqu’il ne revient pas au Conseil des ministres de l’environnement de se prononcer sur l’autorisation d’une variété ou sur la validité d’un moratoire national mais au Conseil des ministres de l’agriculture des États membres, proche des lobbies technologiques.

Julien Landfried dénonce le "libre-échangisme destructeur". Dans ce domaine, les limites ayant été franchies, il n’y a plus de bornes. Ainsi, l’arrêt rendu en décembre 2007 par la Cour de justice des Communautés européennes rend désormais légale la possibilité pour un employeur étranger d’appliquer à ses salariés les normes sociales de son pays d’origine. Un entrepreneur roumain peut fonder une entreprise en France, recruter des travailleurs roumains et leur imposer la couverture sociale du pays d’origine. Cette déflation sociale, ce toujours moins-disant à l’œuvre dans le monde entier est la conséquence directe d’un libre-échange intégral fondé sur la recherche des sites de production les moins chers. Les classes dirigeantes peuvent donc organiser la lutte d’une classe ouvrière contre une autre. L’Europe, dont on aurait pu espérer qu’elle protègerait les salariés contre ces pratiques de voyou, les légalise et les encourage.

Jean-Luc Gréau s’interroge sur le bien-fondé de l’euro (" L’euro en question"). L’euro, remarque-t-il très judicieusement, a été décidé au moment précis où la plus grande économie de ce qui sera la future zone monétaire était en crise sous l’effet de la réunification des deux Allemagne. Politiques, économistes et syndicalistes ont pensé à tort que l’Allemagne allait écraser le monde par sa réunification. Il fallait donc « trouver un moyen d’empêcher que cette surpuissance économique s’accompagne d’une surpuissance monétaire qui aurait fait voler en éclats les monnaies de ses partenaires. » En 1990 et 1991, années de la préparation du traité de Maastricht, la France présentait un bilan économique et financier plus qu’honorable. Les comptes publics français étaient les meilleurs des grands signataires du traité, avec un déficit égal à 1% du PIB. Le franc n’était pas menacé. Mais les cambistes, convaincus de la surpuissance à venir de la nouvelle Allemagne, ont réévalué le mark. Le franc a également été réévalué face au dollar, aux monnaies asiatiques et aux autres monnaies européennes. La réévaluation du franc s’est accompagnée « d’une rigueur monétaire jamais vue dans notre histoire économique moderne. Des milliers d’entreprises et des centaines de milliers d’emplois ont été sacrifiés. » La dette publique a presque doublé. Cette surévaluation a coïncidé avec la croissance spectaculaire des pays émergents asiatiques qui se sont attaquées au marché européen, après avoir largement investi celui des États-Unis. Depuis, l’Europe est l’espace commercial le plus ouvert au monde, donc le plus vulnérable.

Presque dix années après l’entrée en vigueur de l’euro, les économies liées par la monnaie unique « divergent plus que jamais. » L’Allemagne se veut avant tout un pays exportateur. Elle fonde toute sa prospérité future sur des gains de parts de marché au détriment de ses voisins européens, et sur la consolidation de ses bases commerciales dans les pays émergents. Elle fait cavalier seul. L’Espagne risque d’attendre longtemps de la BCE une relance providentielle. L’Italie éprouve de plus en plus de difficultés à soutenir la concurrence internationale. La France est handicapée par un euro surévalué et voit ses exportations déprimées par le marasme alentour.

Pour Antoine Schwartz ("Allégeance à Washington"), la politique étrangère et militaire de l’Europe est fondamentalement atlantiste (comme l’était Jean Monnet, contre De Gaulle). L’élargissement aux pays de l’Europe de l’Est a répondu pleinement aux souhaits de Londres et des lobbies patronaux d’étendre la zone de libre-échange à une nouvelle périphérie où la main-d’œuvre est bon marché. Lorsque la Pologne, le République tchèque, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie ont rejoint l’Union européenne, elles ont pris soin d’intégrer l’Europe après avoir été admise dans l’OTAN, parfois, de manière symbolique, quelques jours après leur adhésion. On se souvient que seules la France, l’Allemagne et la Belgique ont pris leurs distances avec la guerre en Irak.

La politique européenne de défense n’implique, selon l’auteur, « ni défense européenne, ni armée européenne. La revendication d’un centre de commandement autonome serait considérée comme une offense. » Les États-Unis veulent désormais modifier la nature de l’alliance en élargissant ses missions, de la « guerre contre le terrorisme » à la protection des approvisionnements en matière de pétrole. D’où, bien sûr, la guerre contre l’Irak. Alliance initialement défensive, l’OTAN pourrait être de plus en plus perçue par les pays du Sud comme « une alliance offensive dont le but réel serait d’imposer une domination occidentale sur le monde. »

Louis Weber analyse la "perversion de la citoyenneté". Élus par une minorité d’électeurs, les députés des deux principaux groupes de l’assemblée de Strasbourg (le PSE et le PPE) se ressemblent chaque jour davantage et votent systématiquement des textes qui ne mettent jamais en cause les orientations libérales de la Commission. Les syndicats se sont laissé prendre au piège. Pour faire partie de la Confédération Européenne des Syndicats, il leur a fallu adhérer aux principes de base de la construction européenne : l’ouverture des marchés et la concurrence. En fut donc exclue, pour un certain temps, la CGT. Les syndicats ont finalement choisi de participer au "dialogue social européen".

Bernard Cassen ("Vive la crise !") la fait imagée : « C’est autour du ver libéral qu’a été imaginé le fruit européen. » En janvier 1957, rappelle Cassen, Pierre Mendès-France dénonçait les principes fondateurs du futur Marché commun : « Le projet de Marché commun est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. » La BCE est un ver à elle toute seule : elle est totalement indépendante des gouvernements et des citoyens, mais pas des marchés financiers. Elle gère la monnaie unique sans sa préoccuper de l’incidence de ses décisions sur l’emploi et la croissance. Cassen revient sur divers dénis de démocratie : en février 2008, l’Assemblée de Strasbourg a rejeté à une forte majorité un projet de résolution dans laquelle elle se serait engagée à respecter le résultat du référendum irlandais du 12 juin suivant. Après les "non" français et néerlandais, qui signaient juridiquement et sans aucun doute possible la fin du TCE, elle a voté une résolution demandant son entrée en vigueur. Les seuls moments, conclut l’auteur, où la chape atlantiste et libérale de la construction européenne a été (provisoirement) remise en question ont été des moments nationaux : échec de la Communauté européenne de défense en 1954, "non" français et néerlandais en 2005, "non" irlandais en 2008.

Anne-Cécile Robert souhaite une "remise à plat" radicale. Elle observe qu’il n’a jamais existé dans l’histoire d’entité politique qui corresponde aux 27 pays membres de l’Union. Il est tout à fait abusif d’évoquer, lors de l’adhésion des nouveaux États, une « réunification » du continent, celui-ci n’ayant jamais été « uni ». Robert s’interroge sur l’efficacité de l’UE en matière de projets économiques : « C’est l’Europe intergouvernementale qui construit des avions et des fusées (Airbus), c’est l’Europe intégrée qui l’oblige à délocaliser aux États-Unis. » (On pourra lire à ce sujet une récente analyse de Bernard Cassen à l’adresse http://blogbernardgensane.blogs.nou...). Faut-il sortir de l’UE, demande-t-elle ? La question doit être reformulée ainsi : « À quelles conditions en restons-nous membres ? Ces conditions sont de deux ordres : d’une part la démocratie, sans laquelle aucun pouvoir n’est légitime ; d’autre part le progrès social. […] La source principale de tous nos maux réside dans le déni des aspirations populaires par une classe politique qui se coopte au pouvoir et qui fait de la construction européenne le verrou de ses reniements et la gardienne des nouveaux privilèges. »

Bernard Cassen souhaite, en conclusion, "un acte de dissidence inaugural", partant du principe que l’UE est devenue une protagoniste active de la mondialisation néolibérale, et non un rempart contre cette mondialisation. Il dénonce le fait que la machine communautaire se soit affranchie du pouvoir d’intervention des citoyens et qu’aucun des trois "non" n’ait entraîné de changement de cap de l’Union.

 

 

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7335

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 20:47

Serge HALIMI

Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.

Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la « réforme » s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash « créant de la valeur » pour l’actionnaire. Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à « investir » (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la « moralisation » ou la fin des « abus ». C’est tout un système qui est à terre.

Autour de lui déjà s’affairent ceux qui espèrent le relever, le replâtrer, le ripoliner, afin que demain il inflige à la société quelque nouveau tour pendable. Les médecins qui miment l’indignation devant les (in)conséquences du libéralisme sont ceux-là mêmes qui lui fournirent tous les aphrodisiaques — budgétaires, réglementaires, fiscaux, idéologiques — grâce auxquels il s’est dépensé sans compter. Ils devraient se juger disqualifiés (lire « Les disqualifiés »). Mais ils savent que toute une armée politique et médiatique va s’employer à les blanchir. Ainsi, MM. Gordon Brown, l’ancien ministre des finances britannique dont la première mesure fut d’accorder son « indépendance » à la Banque d’Angleterre, José Manuel Barroso, qui préside une Commission européenne obsédée par la « concurrence », Nicolas Sarkozy, artisan du « bouclier fiscal », du travail le dimanche, de la privatisation de La Poste : ces trois-là s’emploient, paraît-il, à « refonder le capitalisme »...

Cette effronterie découle d’une étrange absence. Car où est la gauche ? L’officielle, celle qui a accompagné le libéralisme, déréglementé la finance pendant la présidence du démocrate William Clinton, désindexé les salaires avec François Mitterrand avant de privatiser avec MM. Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn, taillé à la hache dans les allocations versées aux chômeurs avec M. Gerhard Schröder, n’a à l’évidence d’autre ambition que de tourner au plus vite la page d’une « crise » dont elle est coresponsable.

Soit, mais l’autre gauche ? Peut-elle à un moment pareil se contenter de dépoussiérer ses projets les plus modestes, utiles mais tellement timides, sur la taxe Tobin, une augmentation du salaire minimum, un « nouveau Bretton Woods », des fermes éoliennes ? Pendant les décennies keynésiennes, la droite libérale a pensé l’impensable et profité d’une grande crise pour l’imposer. Dès 1949, Friedrich Hayek, le parrain intellectuel du courant qui enfanta Ronald Reagan et Mme Margaret Thatcher, lui avait en effet expliqué : « La principale leçon qu’un libéral conséquent doit tirer du succès des socialistes est que c’est leur courage d’être utopiques qui (...) rend chaque jour possible ce qui, récemment encore, semblait irréalisable. »


Alors qui proposera la mise en cause du cœur du système, le libre-échange

(1) ? « Utopique » ? Aujourd’hui tout est possible quand il s’agit des banques...


Serge Halimi.


http://www.monde-diplomatique.fr/20...


(1) En août 1993, le « Prix Nobel » d’économie ultralibéral Gary Becker expliquait : « Le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en voie de développement. »

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7345

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 09:47
Vendredi 10 avril 2009


Nationaliser les banques ?

Le mal qui ronge la finance dévore à présent l’économie mondiale dont elle a tiré sa substance. Quand une banque s’écroule, une autre la rachète, garantissant ainsi que l’Etat devra la sauver, elle, puisqu’elle devient « too big to fail » (« trop grosse pour faire faillite »). Un peu partout, dans la précipitation et le couteau sur la gorge, le contribuable paie des milliers de milliards de dollars pour secourir les plus grandes institutions financières. Or nul ne sait combien d’« actifs toxiques » demeurent dans leurs entrailles, ni combien il va falloir encore payer pour acquérir la pile montante de leurs créances avariées. Le bilan de la déréglementation financière, le voilà.

Autrefois, le travail de banquier paraissait facile. On évoquait la règle américaine du « 3-6-3 ». Emprunter à 3 %, prêter à 6 %, partir jouer au golf à 3 heures. Maîtriser un tel exercice ne réclamait pas un bataillon de mathématiciens armés de modèles économétriques. Puis vient le tournant des années 1980. La « diversification » s’impose, la « prise de risque », le « décloisonnement », aussi. La loi américaine Glass Steagall de 1933 interdisait aux banques d’investir en Bourse. Semblable vieillerie héritée du New Deal est abolie dans l’allégresse de la nouvelle économie. Modernité oblige, les banques cessent de dépendre de la confiance de leurs épargnants (1).

Sans tarder, elles investissent dans de nouveaux placements — des « dérivés » de produits panachés à partir de créances qu’elles ont elles-mêmes un jour « titrisées »... Autant dire que les banquiers eux-mêmes comprennent à peine de quoi il retourne (un manuel de 150 pages serait parfois requis pour y parvenir), tout en appréciant ce que tant d’innovation leur rapporte. Prêter toujours davantage, dans l’opacité et avec toujours moins de fonds propres, voilà qui est risqué. Mais on vivait alors le temps des bulles, des expansions sans fin, des pyramides financières, des salaires de pharaon, ce qui encourageait de nouvelles fuites en avant (2). Fin 2007, des banques prêtèrent jusqu’à trente fois le montant qu’elles détenaient dans leurs soutes. Des assureurs comme American International Group (AIG) protégeaient leurs parcours de funambules...

Un jour, c’est-à-dire hier, la corde a cassé ; certains débiteurs des banques, ruinés et ne pouvant s’endetter davantage, ont cessé de les rembourser. Or ces dernières étaient fragiles puisqu’il suffisait qu’une fraction infime des emprunts qu’elles avaient consentis deviennent insolvables pour qu’elles fassent elles aussi faillite. Et leurs assureurs avec elles. Dégringolade de l’immobilier, chute de l’activité économique, flambée du chômage : comment les établissements financiers peuvent-ils à présent imaginer qu’ils vont se refaire ? Réponse : l’Etat — dont les commandes ont été parfois livrées à des petits génies en transit entre deux banques — veille sur leur sort.

Il est temps qu’il prenne carrément la direction des opérations. De toute manière, le salut de la finance ne dépend plus d’actionnaires privés, lesquels ne retrouvent des couleurs que quand un gouvernement leur annonce une nouvelle injection de fonds. Hérétique hier, quand même les socialistes français déréglementaient la finance (lire pages 6-7), la solution de la nationalisation des banques devient à ce point évidente — ou la calamité qu’elle empêcherait à ce point menaçante — que des parlementaires républicains la préconisent aux Etats-Unis. Des journaux aussi libéraux que The Economist s’y sont également ralliés (3).

Il paraît toutefois que, sitôt les banques purgées avec l’argent des contribuables, il faudrait les rendre à leurs actionnaires. Faire le ménage, en somme, puis restituer l’appartement à ceux qui l’ont saccagé. Mais pourquoi ? Des systèmes bancaires nationalisés ont impulsé à bon compte des décennies d’expansion. De quel bilan comparable les banques privées peuvent-elles encore se prévaloir ?

Serge Halimi.
Le Monde Diplomatique

 

 (1) Lire Ibrahim Warde, « Les assises du système bancaire détruites par la déréglementation », 
Le Monde diplomatique,
janvier 1991 (disponible dans le cédérom du Monde diplomatique.
 (2) 
En 2008, Goldman Sachs, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns ont distribué 20 milliards de dollars de bonus à leurs employés alors qu’elles venaient de perdre 26 milliards de dollars et faisaient appel à l’Etat pour les sauver. A Goldman Sachs, chaque employé reçut une moyenne de 362 000 dollars, salaire compris (The Wall Street Journal, New York, 20 mars 2009.)

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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 05:04

Une Nouvelle monnaie pour le monde ? C’est une nécessité, la question:comment et pour qui sera-t-elle construite.

Publié 7 avril 2009

troc1Commencent à surgir un certain nombre de discours sur l’inutilité d’une monnaie universelle, sur le fait que ce serait une manière de dominer le monde, qu’il faut faire table rase.Et s’intéresser essentiellement à la menace climatique, ce qui n’est pas faux, changer nos manières de vivre, ce qui est vrai. Bien! Mais je partage totalement à ce propos la remarque de contreinfo sur le propos du Vert Besset, chantre de cette table rase : “une société privée du jour au lendemain de ce service public qu’est la monnaie, bien imprudemment concédé en des mains peu fiables, serait dans la situation catastrophique de n’avoir d’autre recours que le troc, et verrait s’arrêter du jour au lendemain l’ensemble de l’activité, chacun se trouvant privé de revenu, pratiquement devenu incapable de se nourrir, faute de monnaie en circulation en quantité suffisante. Quel serait le coût social et humain si une situation du type que celle que l’Argentine a connu se propageait dans des dizaines de pays ? S’il est certain que l’urgence climatique et écologique requièrent une action rapide et résolue, celle-ci ne peut être menée avec quelques chances de succès qu’avec une machine économique en état de marche, pas au milieu des ruines, du désespoir et de la désagrégation des sociétés. Contre Info. “ En attendant les verts s’apprêtent derrière Cohn Bendit à nous faire nous engouffrer dans l’Union Européenne. Mieux cette vision de la table rase fait étrangement songer aux illusions que depuis le début de cette crise (août 2007) je rencontre autour de moi. Le véritable obstacle à la prise de conscience, à l’intervention, était que tout le monde était convaincu qu’il s’agissait d’une crise financière donc sans effet sur une économie “réelle” (comme le disait madame Lagarde en nous expliquant que celle-ci était saine), et que les seule victimes seraient ceux qui avaient des avoirs, des actions. Mais personne n’envisageaient les effets immanquables sur l’économie de la thrombose financière.Jusqu’au moment où l’on voit aujourd’hui gonfler les chiffres du chômage et nous n’en sommes qu’au début, à moins de croire que le socialisme ce sont les crèpes sur un feu de bois, ou la fin de la rareté et de la loi de la valeur, ignorer le rôle de l’équivalent monétaire est trés grave dans ses conséquences. Il est vrai que dans ce domaine les partis, leurs dirigeants, les élites, ont fait fort, trés fort en n’expliquant rien (comprenaient-ils eux-mêmes je l’ignore ou alors c’était pour techniciser au lieu de mobiliser). Et voici que l’on voit ressurgir les mêmes ignorances: le système capitaliste s’effondre tant mieux, on va pas le sauver et ceux qui aujourd’hui se battent pour créer des pontages régionaux, voir pour tenter de trouver des liens d’échange internationaux sont confondus avec les puissances dominantes. la proposition de la Chine, celle de la Russie, celle de Chavez tous dans le même sac que ceux qui veulent maintenir l’hégémonie de Wall street. Ce genre d’”analyse” est celle des black bloke de l’économie. Et pour ajouter à la confusion générale, on affirme que la Chine est devenue la première puissance coloniale, tous cela est stupide et criminel parce qu’il faut conscientiser les masses au lieu de les aliéner. Alors voici deux textes pour nous aider à réfléchir:
1) celui par lequel récemment notre ami Luoge parlait du rôle de la Chine au G 20, en particulier par rapport aux pays en développement et sa stratégie en général.
2) Ensuite la réflexion de l’ambassadeur du Venezuela en Uruguay, Franklin González

Analyse de Luoge sur le rôle de la Chine

A propos du G20, je crois comme vous que la Chine, en se posant en défenseur résolu et sans compromis des intérêts des pays dits « en développement » a mis sur la table – paisiblement mais fermement, à la manière chinoise que l’on peine tant à comprendre chez nous – les questions essentielles. Les rapports de force étant ce qu’ils sont, Hu Jintao n’a certes pas eu gain de cause mais j’ai l’impression qu’il ne se faisait aucune illusion, qu’il savait que ce sommet déboucherait comme d’habitude sur un « consensus » aussi tapageur que vide de substance, de tout engagement concret.

Mais les questions sont maintenant sur la table et, si les gouvernants du monde occidental s’obstinent à faire la sourde oreille aux analyses et aux propositions chinoises pour tendre vers un monde « stable et harmonieux » , il ne me paraît pas exclu qu’ils doivent alors faire face bientôt à une sorte de stratégie de contournement: les mécanismes de régulation et de contrôle (économiques, financiers, monétaires), dont le capitalisme européen et états-unien ne veut à aucun prix, pourraient être mis en place régionalement; il y a déjà des amorces de cette tendance en Asie, en Amérique latine et même en Afrique.

La délégation chinoise à Londres semble d’ailleurs avoir profité de l’occasion pour engager une multitude de contacts bilatéraux, en particulier avec le Brésil et l’Inde. Le journal télévisé de la TV chinoise (CCTV4) accordait significativement une très grande place à ces contacts. Ce que la Chine demande, c’est une monnaie qui soit définitivement déconnectée de la spéculation, c’est aussi un système financier fortement amaigri, c’est-à-dire épuré de ses activités parasitaires et spéculatives. On ne peut pas comprendre autrement les concepts d ’ « harmonie » et de « stabilité ».

A cet égard, il est intéressant de prendre connaissance du passage suivant d’un article du Quotidien du Peuple (source: 2009年04月01日10:04 来源:人民网-《人民日报》) que je me permets de traduire du chinois:

« Le système financier international a besoin de s’appuyer sur des règles et des institutions qui s’en portent garantes comme il y a aussi la nécessité de créer simultanément un climat de confiance. En effet, en un temps éclair, la loi de la jungle, l’égoïsme extrême, l’esprit de clan ont donné le ton aux rapports internationaux; le monde financier a été voué à se transformer en une sorte de jeu morcelé dominé par une logique glaciale de course au profit. Il a fini par y perdre sa santé et sa stabilité pour ne plus laisser d’espace à un développement soutenable. »

N’est-ce pas, de façon très claire, une manière de poser la question de la compatibilité des logiques capitalistes avec la revendication d’un développement stable et harmonieux de l ’économie mondiale ? La réponse est du côté du camp occidental. On la connaît: il n’est question que d’une « moralisation » , au demeurant illusoire; dans la pratique, on fait marcher la planche à billets pour injecter des fonds dans un secteur financier en perdition avec pour seule perspective la poursuite à grande échelle d’activités spéculatives funestes.

Dans ce contexte il est significatif de relever l’état de santé insolent des banques chinoises (sur lesquelles l’État exerce un contrôle strict et dont les cadres dirigeants sont nommés par le Parti communiste!) qui ont eu la bonne idée de ne pas se livrer aux jeux pervers des banques occidentales. Pour 2008, les trois plus grosses banques chinoises ont réalisé un excédent de près de 30 milliards d’euros qui pourront être réinjectés dans l’économie du pays. Donc pas besoin en Chine de racheter des actifs toxiques aux frais de la population…

Une Nouvelle monnaie pour le monde ? par Franklin González
 
Le jeudi 2 de ce mois s’est réuni le G-20 à Londres et il adopté, entre autres mesures, un plan au moyen du quel sera injecté à l’économie mondiale en crise un billion de dollars, de la même manière il a approuvé l’imposition de sanctions aux paradis fiscaux, qui refusent de communiquer de l’information sur les présumés coupables d’évasion fiscales.
 
Nous soulignons à cause de leur importance deux déclarations faites au cours de cette réunion. D’abord celle du chef du gouvernement britannique, Gordon Brown, il est allé jusqu’à affirmer que “Le vieux consensus du sommet  de Washington est terminé” et de l’autre, et devant l’optimisme généralisé sur les résultats du G-20, le président Barack Obama a dit” que persone ne savait” si ces mesures seraient suffisantes” pour sortir le monde de cette profonde crise.
 Pendant ce temps, parallélement et face à la nécessité de créer des alternatives qui permettraient que l’économie du monde dépasse la crise et ouvre le chemin pour une plus grande croissance financière stable et de confiance, en provenance de divers lieux de la planète, des voix et des propositions ont surgi, non seulement en déniant la capacité du dollar à être une monnaie solide et universelle, mais en proposant  la création d’une devise internationale se qui substitue à  la monnaie nord-américaine et crée un nouveau système monétaire.

En ce sens, les autorités Russes ont commencé à parler d’implanter un régime commercial d’argent indépendant internationalement. Après, depuis la Chine il fut question d’adopter une nouvelle monnaie de réserve internationale pour remplacer le dollar, stabiliser le climat monétaire mondial et protéger leur gigantesque réserve de change.
Le président du Brésil, Lula Da Silva, a dit que “c’était une initiative trés importante qui meriterait d’être débattue” et le président  Chávez a commenté  que “le Venezuela modestement appuyait cette idée” et il a ajouté: “là-dessus il faut jouer fort; il y en assez de la tyrannie et de la dictature du dollar”.

En  l’Amérique latine et aux Caraïbes des alternatives différentes au dollar sont également cherchées et des propositions sont faites pour réussir à faire des échanges directs entre les pays de la région. L’utilisation de monnaies locales pour le paiement des opérations de commerce extérieur entre l’Argentine et le Brésil est déjà un fait.  Le Système Unitaire de Compensation Régionale (le Sucre), une proposition qui est discuté au sein des pays de l’ALBA, plus l’Équateur, signifie la création d’une zone monétaire, une Chambre de Compensation de Paiements, un fond de stabilisation et de réserves avec apports des pays membres, afin de financer politiques de réponse ouverte à la demande pour affronter  la crise et pour soutenir une politique d’investissements pour le développement d’activités néconomiques complémentaires. 
La création d’une monnaie régionale latinoaméricaine résussira à générer de plus grandes opportunités pour l’économie et a des éléments communs qui permittent que les échanges commerciaux se fassent de manière directe, sans avoir à passe par l’aire du dollar.
Dans le même contexte, l’Association latinoaméricaine d’Intégration (Aladi)a fait à   Montevideo, le 22 mars un séminaire, dans lequel  des propositions pour dynamiser la convention des paiements et crédits réciproques dans l’usage des paiements en monnaies locales,dans le but d’élaborer la construction progressive d’une architecture financière régionale et subrégionale.
 L’existence d’une monnaie solide qui mette un terme au joug du dollar permettra que  les pay qui  jusqu’à présent ont été désaventagés se remettent à flot. Sa circulation mondiale apportera comme bénéfices que les récurrentes crises des monnaies qui interviennent dans un lieu quelconque n’éclaboussent pas les autres,  la crise des monnaies lesquelles on vit dans n’importe quel lieu n’éclaboussent pas les autres,comme cela se voit avec la crise actuelle dont l’épicentre se trouve aux Etats-Unis mais que   grâce à l’universalité de sa monnaie, ils ont fini par réussir en convertir en un tsunami fibnancier avec des effets négatifs pour le reste du monde.

Publicado en el diario La República (Montevideo). 05/04/2009
traduit Par danielle bleitrach pour changement de société

*Embajador de la República Bolivariana de Venezuela en Uruguay

prensa@embvenezuelauy.org

http://socio13.wordpress.com/2009/04/07/une-nouvelle-monnaie-pour-le-monde-cest-une-necessite-la-questioncomment-et-par-qui-sera-t-elle-construite/

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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 04:12

publié par graffitix (OGM) le 04/04/2009 11H28


par le Porte-parole
des Autorités monétaires chinoises.


L’éclatement de la crise actuelle et sa diffusion à l’ensemble du monde nous ramène à une
vieille question à laquelle on n’a toujours pas répondu : de quelle monnaie de réserve
internationale avons-nous besoin pour assurer la stabilité financière globale et faciliter la
croissance économique mondiale, ce qui était parmi les objectifs de la création du FMI ? Il y a
eu plusieurs accords internationaux pour essayer de trouver une solution, dont l’Etalon
Argent, l’Etalon Or, le Gold Exchange Standard et le système de Bretton Woods. Mais la
question de base, comme le montre la crise en cours, est loin d’être résolue et est même
devenue plus difficile, à cause de la faiblesse intrinsèque de l’actuel système monétaire
international.
En théorie, une monnaie de réserve internationale devrait d’abord être accrochée à une
référence stable et être émise selon un ensemble de règles claires, pour garantir un
approvisionnement convenable. De plus, son émission devrait être suffisamment souple pour
permettre des ajustements dans le temps en fonction de la demande. Enfin, ces ajustements
devraient être déconnectés de la situation économique et des intérêts nationaux d’un pays,
quel qu’il soit. L’acceptation de monnaies nationales comme principales monnaies de réserves
internationales, comme c’est le cas aujourd’hui, est une situation exceptionnelle dans
l’histoire du monde. […]



$$$$$ 1 $$$$$

L’éclatement de la crise actuelle et sa diffusion à l’ensemble du monde reflète la vulnérabilité
et les risques systémiques du système monétaire international actuel.
Les pays qui émettent les monnaies de réserve sont confrontés en permanence au dilemme
entre leur politique monétaire nationale et les besoins des autres pays. D’une part, leurs
autorités monétaires ne peuvent pas se concentrer sur leurs objectifs nationaux en oubliant
leurs responsabilités internationales. D’autre part, elles ne peuvent pas poursuivre en même
temps des objectifs nationaux et internationaux contradictoires. Il advient ainsi qu’elles ne
répondent pas correctement à la demande de liquidités mondiales parce qu’elles essayent
d’enrayer les pressions inflationnistes chez elles. Ou qu’elles donnent trop de liquidités aux
marchés mondiaux en voulant stimuler leurs demandes nationales. Le dilemme de Triffin est
toujours là…
Quand une monnaie nationale sert de réserve internationale et est utilisée pour établir les prix
des matières premières et des transactions commerciales, les efforts des autorités monétaires
qui émettent cette monnaie pour répondre aux déséquilibres économiques de leur pays en
modifiant le taux de change seront déployés en vain ; car la monnaie sert de référence à
beaucoup d’autres monnaies. Tout en bénéficiant de l’existence d’une monnaie de réserve
largement acceptée, la globalisation souffre des défauts d’un tel système. La fréquence et
l’intensité croissante des crises financières depuis l’effondrement du système de Bretton
Woods conduit à penser que le coût pour le monde pourrait désormais en dépasser les
avantages. Le coût devient de plus en plus élevé, non seulement pour les utilisateurs des
monnaies de réserve, mais aussi pour leurs émetteurs. Bien que les crises ne soient pas
nécessairement le résultat de la volonté des autorités émettrices, elles sont le résultat
inévitable des défauts institutionnels du système actuel.



$$$$$ 2 $$$$$

Par conséquent, l’objectif souhaité dans la réforme du système monétaire international est la
création d’une monnaie de réserve internationale déconnectée des différentes nations et
capable de rester stable sur le long terme, supprimant ainsi les déficiences incontournables de
l’utilisation de monnaies nationales fondées sur le crédit.
1/ Bien qu’une monnaie de réserve supranationale ait été proposée depuis longtemps, aucun
progrès appréciable n’a été accompli à ce jour. Dans les années 40, Keynes avait déjà proposé
l’introduction d’une unité de compte internationale nommée « bancor », indexée sur la valeur
de 30 matières premières représentatives. Malheureusement, cette proposition n’a pas été
acceptée. L’effondrement du système de Bretton Woods, qui était basé sur l’approche de
White, indique que l’approche keynésienne aurait été plus clairvoyante. Le FMI créa les
Droits de Tirages Spéciaux (DTS) en 1969, quand les défauts du système de Bretton Woods
commencèrent à émerger, pour atténuer les risques intrinsèques dus aux monnaies de réserve
nationales. Mais le rôle des DTS n’est pas entré pleinement en action à cause des limites à
leur attribution et leur champ d’application. Cependant, c’est une lumière dans la nuit pour
montrer la voie à la réforme du système monétaire international.
2/ Une monnaie de réserve supranationale ne se contente pas d’éliminer les risques
intrinsèques des monnaies nationales basées sur le crédit ; elle rend possible la gestion de la
liquidité mondiale. Une monnaie de réserve supranationale gérée par un organisme
international pourrait être utilisée pour créer et contrôler la liquidité mondiale. Et lorsque la
monnaie d’un pays n’est plus utilisée comme référence pour le commerce international et
comme point d’ancrage d’autres monnaies, la politique des taux de change de ce pays sera
bien plus efficace pour résorber les déséquilibres économiques. Cela réduira significativement
les risques d’une nouvelle crise et renforcera les moyens de la gérer.



$$$$$ 3 $$$$$

La réforme devrait être guidée par une vision large et commencer par des réalisations
concrètes. Elle devrait prendre la forme d’un processus progressif qui procure des résultats
gagnant-gagnant pour tous.
La mise en place d’une nouvelle monnaie de réserve largement acceptée avec une référence
stable risque de prendre du temps. La création d’une unité monétaire internationale, reprenant
la proposition de Keynes, est une initiative audacieuse qui exige une vision politique et un
courage hors du commun. A court terme, la communauté internationale, en particulier le FMI,
devrait reconnaître les risques du système actuel, effectuer des contrôles réguliers et émettre
des alarmes préventives.
Une attention spéciale devrait être portée à l’idée de donner aux DTS un plus grand rôle. Les
DTS ont les caractéristiques et la capacité nécessaires pour constituer une monnaie de réserve
supranationale. De plus, une augmentation de l’attribution des DTS aiderait le Fonds à faire
face à son problème de ressources et à la réforme des voix délibératives. Donc, il faudrait
faire des efforts pour pousser en avant l’attribution des DTS. Cela demandera une coopération
politique entre les pays membres. En particulier, le Quatrième Amendement aux Articles de
l’Accord et la résolution sur l’attribution des DTS proposés en 1997 devraient être approuvés
au plus vite, de telle sorte que les pays ayant rejoint le Fonds après 1981 puissent participer
aux bénéfices des DTS.
Le champ d’utilisation des DTS devrait être élargi, pour leur permettre de répondre
pleinement à la demande des pays membres à l’égard d’une monnaie de réserve :
- établir des règles de conversion entre les DTS et les autres monnaies. Ainsi, les DTS,
qui ne sont aujourd’hui utilisés qu’entre les gouvernements et les institutions
internationales, pourraient devenir un moyen de règlement largement accepté dans le
commerce international et les transactions financières.
- promouvoir activement l’utilisation des DTS dans le commerce international, la
fixation des prix des matières premières, les investissements et les comptabilités des
entreprises. Cela permettra d’accroître le rôle des DTS et réduira réellement les
fluctuations de prix des actifs libellés en monnaies nationales, avec les risques
afférents.
- créer des actifs financiers libellés en DTS pour augmenter leur attractivité.
L’introduction de titres libellés en DTS, que le FMI étudie, constituerait un bon début.
- améliorer encore la valorisation et l’allocation des DTS. Le panier de monnaies
servant à valoriser les DTS devrait être élargi pour regrouper les monnaies de toutes
les économies les plus puissantes, et les PIB devraient être pris en compte dans les
poids respectifs. L’attribution des DTS devrait passer d’un système basé sur de
simples calculs à un système adossé à des actifs réels, comme un regroupement des
réserves, pour accélérer la confiance des marchés dans leur valeur.



$$$$$ 4 $$$$$

Confier une partie des réserves des pays membres à la gestion centralisée du FMI renforcera
d’abord l’aptitude de la communauté internationale à faire face aux crises et à maintenir la
stabilité du système monétaire et financier. En outre, cela renforcera le rôle des DTS de
manière significative.
1. Par comparaison avec la gestion indépendante par chaque nation, la gestion centralisée
d’une partie des réserves mondiales par une institution internationale digne de confiance, avec
une rémunération raisonnable pour encourager les participations, sera plus efficace pour
dissuader la spéculation et stabiliser les marchés financiers. Les pays participants pourront
aussi mettre de côté une partie des réserves pour le développement et la croissance
économique. Avec son caractère universel, son mandat unique de maintenir la stabilité
monétaire et financière, et en tant que « superviseur » international des politiques
macroéconomiques de ses pays membres, le FMI, entouré de nombreux experts, est
naturellement tout désigné pour gérer les réserves de ses pays membres.
2. La gestion centralisée de réserves des pays membres par le Fonds sera une mesure efficace
pour promouvoir les DTS comme monnaie de réserve. Pour y parvenir, le FMI peut mettre en
place un fonds libellé en DTS fonctionnant comme un marché, autorisant souscriptions et
retraits libres d’investisseurs divers dans les monnaies de réserves actuelles. Cela permettra le
développement d’actifs libellés en DTS, mais aussi permettra une gestion partielle de la
liquidité avec les monnaies de réserve actuelles. Cela peut même poser les fondations d’une
attribution croissante de DTS pour qu’ils remplacent progressivement les monnaies de réserve
actuelles.

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=3008

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 21:31




7e Festival de cinéma d'Attac
Soyons réalistes, osons l'utopie
au Cinéma 5 Caumartin


 

 

 

 

Programme du festival

Programme


Le capitalisme et le libéralisme économique nous ont longtemps été présentés comme les seules voies possibles et réalistes vers le bien-être de tous. Nous constatons aujourd’hui où ce réalisme nous a mené !
Il faudrait également accepter que la loi du profit et de la rentabilité régisse tous les domaines de notre vie. Nous n’avons pas le choix, paraît-il, nous ne pouvons plus faire autrement.
Si ce réalisme que l’on veut nous imposer est incompatible avec l’imagination, la gratuité, le désintéressement, la solidarité, l’humanité, le respect, la fraternité, l’amour, l’art, la poésie, et toutes les valeurs positives que l’on souhaiterait voir éclore, alors : vive l’utopie !

L’utopie ne se résume pas au communisme dévoyé, à des délires hippies ni même à des rêves naïfs. L’utopie, c’est le souffle des grandes destinées. Faire preuve d’utopie, c’est avoir de l’ambition pour sa société, de l’imagination, de l’espoir, et ne jamais se résigner.

C’est parce que les générations précédentes ont rêvé d’un mieux-être que des avancées sociales ont pu se concrétiser. Battons-nous pour sauvegarder et renforcer ces avancées et imaginons d’autres possibles pour les générations futures.
Dans un contexte de crises économiques et de menaces écologiques, de frustrations individuelles et de désillusions collectives, il paraît urgent de tout remettre à plat, d'apprendre à vivre autrement, d'imaginer un autre monde.
Des alternatives que d’aucuns qualifieraient peut-être d’utopiques existent déjà, en pensée ou en action, souvent de manière locale, et ne demandent qu’à faire leurs preuves à plus grande échelle.

À travers une trentaine de séances mêlant fictions et documentaires, courts et longs-métrages, et une dizaine de débats, cette 7e édition du festival Images mouvementées propose une réflexion sur les alternatives "utopiques", au sens le plus noble du terme, dans des domaines tels que la politique, l’environnement, le cadre de vie, l’éducation, l’art, l’économie, et sur leur mise en oeuvre concrète...
Une programmation riche et variée, des intervenants passionnés et passionnants, des rencontres avec les réalisateurs : de quoi se regonfler d’utopie et d’optimisme.



http://www.local.attac.org/images-mouvementees/

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 06:18

Monoprix de Toulouse :
la propriété, c’est le vol !
J’ai rencontré les « autoréducteurs »
de l’ultra-gauche à Toulouse -


 Et pourtant la Garonne coule toujours dans le même sens...


Toulouse est ce que l’on pourrait appeler une ville de province. Il y en a quelques-unes de ce genre là en France, comme Lyon, Marseille, Bordeaux ou Cosne-sur-Loire. J’ai découvert cela il y a peu. Et j’adore. Pour s’y rendre il faut quitter Paris dans des trains, qui sont de longs véhicules très confortables, fonctionnant à l’énergie nucléaire. C’est l’aventure ! Et dans les villes de province il y a des provinciaux, qui sont des français presque comme les autres, mais avec des accents amusants et un mode de vie grégaire parfois pittoresque, mais somme toute assez proche de l’homo sapiens parisien de Saint-Germain des Prés. J’ai passé le week-end à Toulouse, chez une amie artiste-peintre, qui a épousé un fonctionnaire de police syndiqué. Cela faisait longtemps que j’avais promis de leur rendre cette visite de courtoisie.


Le voyage en TGV fut assez pénible, puisque je dus supporter la logorrhée fatigante d’Otto, un militant anarchiste de la C.N.T. qui venait dans la ville rose pour suivre un « stage de désobéissance », et qui m’assaisonna durant tout le voyage de sentences libertaires pompées dans « L’Insurrection qui vient ». Même en classe affaire, la SNCF n’assure plus la qualité du voisinage… C’est vers onze heures du matin que je suis arrivé en gare de Toulouse-Matabiau. Comme je ne pouvais dignement pas me présenter les mains vides chez mes hôtes, il me parût de bon aloi d’acheter quelques victuailles avant de me diriger vers la place du Capitole. J’aperçus, au loin, le logo de l’enseigne Monoprix. Un « Monop’ » chic et branché… autant dire une petite parcelle de Paris en plein Toulouse. L’endroit idéal pour acheter une bouteille de Dom Pérignon, un bloc de foie gras et un bouquet de roses, juste avant d’arriver chez des amis.


Mais c’était un jour de manifestations dans Toulouse. Otto me l’avait expliqué en arrivant : la ville était en pleine ébullition ces derniers temps, dans le contexte de la « grogne » étudiante, et sous l’impulsion des bouillonnants mouvements libertaires d’ultra-gauche. Il ne se passait pas une journée sans que la contestation gronde sur les bancs de l’université du Mirail ou dans les rues de la ville rose. Pardon, de la « ville rouge ». Il ne se passait pas une semaine sans que les groupuscules anti-capitalistes ne mènent des opérations militantes « coup de poing », tantôt festives tantôt violentes, dans les rues de Toulouse pour effrayer-le-bourgeois, et faire parler de leurs causes confuses et imbriquées. Bref, c’était un peu le boxon en Midi-Pyrénées. La Garonne coulait toujours dans le même sens, mais les révolutionnaires tenaient le haut du pavé. D’ailleurs, dans la rue que j’arpentais en direction du Monoprix, se tenait une énième manifestation. La confrontation entre les jeunes et les CRS ne manquait pas de virilité.

 Les canettes commençaient à voler gracieusement, et les gazeuses lacrymo à hennir de plaisir. Pour autant, la rue n’était pas bouclée et les commerçants n’avaient pas encore baissé leurs rideaux. Les manifestants étaient plutôt jeunes. Essentiellement des étudiants engagés, et des pourvoyeurs professionnels de désordre. Keffiehs avantageux. Punks-à-chiens. Midinettes anti-racistes en psycho. Décroissants babas écolos à vélo. Chômeurs activistes encartés à la CGT. Profs bobos « en luttes », et à lunettes. Banderoles aux vents. « Cache-toi objet ! », « Le capitalisme nous vole ! », « Halte à la galère des sans voix ! »… Evidemment, tout ceci était un peu ridicule. Mais pas autant que les badauds ébahis qui s’agglutinaient sur les trottoirs pour prendre des photos de cette scène si habituelle, avec leurs téléphones portables.


Plus je m’approchais du Monoprix, plus le nuage de gaz lacrymogène était épais. Parfait. J’adore justement respirer l’odeur de la lacrymo au petit matin. C’est là une expérience revigorante et mâle. Quand je suis entré dans le magasin, j’eus la grande surprise d’être promptement suivi par une cinquantaine de manifestants déchaînés. L’opération devait être parfaitement calculée et – comme d’habitude – j’arrivais au mauvais moment, comme un cheveux dans un jeu de quilles. Les militants entrèrent dans le Monoprix en poussant des grognements animaux, en tuméfiant le carrelage innocent de leur piétinement cadencé, et en hurlant de concert : « Pas de panique, ceci est une opération d’autoréduction ! Au-to-ré-du-ction ! Nous allons nous réapproprier ce qui nous appartient ! Nous redistribuerons la marchandise aux plus démunis, et même aux damnés de la terre ! Promis ! N’ayez pas peur. Ce n’est pas un hold-up, c’est une opération anti-capitaliste non violente ! NON VI-O-LEN-TE ! » C’était assez habile de hurler « Pas de panique ! » avec une telle sauvagerie… le message pétrifia complètement la clientèle de ce magasin, composée essentiellement de personnes âgées, et de mères de famille psychorigides. Les activistes de l’association « Robins des bois » s’échinaient à remplir paniers et caddys de victuailles diverses. Depuis la première nécessité, jusqu’à la toute dernière... Dans le désordre le plus absolu. Les présentoirs volaient en éclat, les vigiles succombaient sous la pression, les vitrines cédaient sous le poids de la justice sociale, les caissières étaient impuissantes devant ces pilleurs gauchistes d’un nouveau genre… ces voleurs, ces rapaces, qui s’appropriaient le bien d’autrui sans payer, mais sans la moindre mauvaise conscience… et avec, même, le sentiment glorieux du « devoir social » accompli.


Les CRS ne remarquèrent pas immédiatement ce qui était en train de se jouer à l’intérieur du Monoprix. Ils se concentraient toujours sur la guérilla picrocholine qui se poursuivait dans la rue. Ils tâchaient de garder bonne figure face au harcèlement pointilliste des manifestants qui lançaient bouteilles, pavés, mobilier urbain, vélos volés et anathèmes simplistes : « Flics partout, justice nulle part ! », « Rejoignez la plate-forme de revendications du comité révolutionnaire inter-luttes ! », « Vive l’espoir ! ». Et demain je rase gratis.


Les « Robins des bois » pillaient copieusement, et avec une gourmandise qui faisait plaisir à voir en ces temps de critique tous azimuts de la société de consommation. Cette jeunesse voulait en bouffer de la marchandise, de la marque, du logo, comme en témoignait l’ardent remplissage de leurs petits paniers ; mais cette jeunesse, fille de la société du spectacle, savait aussi que tout se joue dans l’image, la représentation, et la communication … En ce sens l’un des activistes « auto-réducteurs » filmait la scène pour la postérité, et d’autres petits soldats de la grande armée anti-capitaliste distribuaient aux clients médusés des tracts explicatifs : « Le comité de lutte a voté, en AG plénière, cette opération de blocage économique du Monoprix de Toulouse, afin d’organiser une juste redistribution du bien commun aux plus démunis ». Le tract se terminait par toute une série de mesures qui avaient été votées à la dernière AG du sous-comité inter-révolutionnaire de lutte de l’Université du Mirail… comme la fermeture du camp de Guantanamo, la fin du scandale des paysans sans terre du Brésil, la légalisation du cannabis, et la salvatrice pénalisation du port de la Rolex.


Parmi ces jeunes esclaves de l’ultra-gauche, je remarquais une jeune-femme un peu punk, un peu négligée, accompagnée d’un vieux berger allemand pouilleux, qui remplissait sa besace de maquillage… « Qu’est-ce que tu fais, petite ? Tu veux que je t’aide ? » demandais-je à la demoiselle. Elle s’appelait Amanda, était étudiante en socio, mais ne savait « pas trop » où dormir ce soir car elle s’était « brouillée » avec ses parents. Pour une bête histoire de politique et de mauvaises fréquentations. Elle m’expliqua : « Vous savez, je fais tout ça pour les plus pauvres et pour laisser à mon berger allemand un monde meilleur ». Elle n’était pas gênée par la violence de l’opération : « Mais nous allons permettre à beaucoup de toulousains marginaux de survivre, malgré la crise, et le Medef et le Madoff, et Continental, et Carla Bruni… c’est noble comme action ! » Et le maquillage dérobé, Amanda ? « Mais je reste une femme… »


Je fus surpris d’apercevoir mon ami Otto parmi les « Robins des bois ». Il semblait même être l’un de leurs chefs. Il portait une sorte de béret rouge, surmonté d’une étoile dorée. Il avait collé sur son blouson de cuir plusieurs auto-collants militants… on pouvait lire sur son plastron : « Le blocage économique est l’avenir de l’homme moderne ! », « L’autoréduction n’est pas du vol ! », « Aujourd’hui à toi, demain à moi… » Il m’expliqua que ces actions alternatives, et anarchistes, n’étaient que des « réponses proportionnées au mépris du pouvoir en place et à la répression policière fasciste. » Otto serrait fermement dans ses main son exemplaire de « L’insurrection qui vient ». Il jouissait du succès de l’opération en cours. Le Monoprix était en plein saccage. Les « Robins des bois » repartaient avec des bouteilles d’alcool, des équipements informatiques, des fruits exotiques, des compacts disc… Uniquement de la première nécessité pour les pauvres du coin ! Otto n’était pas plus troublé que cela… « Ils sont jeunes et fougueux. Ils doivent encore être bien formés aux préceptes de la non violence et de l’action inter-luttes coordonnée. » Otto serrait contre son cœur le petit livre rouge de Julien Coupat. Il était heureux, et même au bord des larmes. Son bonheur ne lui permit pas de voir le stress des malheureux employés du Monoprix, dont des caissières qui s’époumonaient d’horreur : « Et vous voulez peut-être nous donner des leçons de précarité, à nous, bande de jeunes voyous ! ». Et le tout avec l’accent toulousain. Ah, je n’étais pas déçu du voyage… 

Mais il ne s’agissait pas de perdre le nord. J’étais entré ici pour acheter une bouteille de champagne à mes amis. Je la pris dans les rayonnages, sous les applaudissements de quelques « Robins des bois » respectueux des clients qui n’avaient pas encore fuit… Je pris aussi un peu de fois gras, et un bouquet de fleurs. Les caissières avaient toutes déserté. La voie était libre. Je pus sortir du magasin sans encombre. Et sans payer. Bien des jeunes activistes-pillards m’emboîtèrent le pas, heureux du succès de cette action « collective et citoyenne ». Ils avaient été heureux de manifester, ainsi, leur joyeuse détestation de l’ « argent-roi » et de « l’aliénation par le travail ».

Otto me rattrapa dans la rue, sous le feux des pavés, et me dit en souriant : « Et dis-donc, vieille crapule… tu n’as pas payé pour tout ça… Bon. Tu ne veux pas venir à la nouvelle AG inter-luttes. Nous allons aborder la question des sans papiers. Nous comptons voter pour une immigration sans entrave, et pour des quotas de 90% de ‘non blancs’ à la télévision publique. Tu viens ? ». Il eut beau me dire que la jeune Amanda, et son chien, auraient vivement apprécié que je sois présent... rien ne put me détourner de mon objectif : me rendre enfin chez mon amie artiste-peintre et son époux policier syndiqué. Otto me fit une amicale tape sur l’épaule en disant : « Adieu crapule bourgeoise ! ». Ce à quoi je répondis : « Ta gueule, anarchiste professionnel… ». Nos adieux amicaux furent recouverts par un épais nuage de gaz lacrymogène. 


http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=53712

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 05:08


Vénézuéla : la lutte contre la crise du capitalisme avec plus de révolution par Manuel SanchezWikipedia

Manuel Sanchez, Caracas, 14 Mars 2009 (Pour www.greenleft.org.au) Traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

Dans certains pays, la sévère crise du capitalisme a eu pour résultat un réalignement des gouvernements respectifs sur les pouvoirs impérialistes- et l’adoption de différentes formes de coupes budgétaires qui affectent les conditions de vie de la majorité.


 Au Vénézuéla, le contraire se passe.


Avant et après la victoire des forces pro-révolution lors du referendum du 15 février, pour autoriser les élus à entrer en lice pour être réélus plus d’une fois, la décision d’aller de l’avant dans la transition vers le socialisme a été ratifiée.

La situation économique mondiale a aussi indubitablement frappé dur au Vénézuéla. Le gouvernement révolutionnaire a déjà pris la résolution d’éliminer « toutes les dépenses qui ne seraient pas absolument indispensables ».

Mais ces mesures d’austérité, loin d’affecter négativement le cours de la révolution qui cherche à transformer le pays, le favorisent.

 Pour l’observateur politique moyen, c’était évident depuis septembre 2008. Le Président Hugo Chavez a averti de cela dans son message à la nation le 13 janvier.

En dépit de cela, l’opposition de droite s’est une fois encore fourvoyée- confiante dans l’idée que la crise mondiale ruinerait la révolution et mettrait un terme à l’époque Chavez.

Parmi leurs innombrables évaluations incorrectes de ces dernières années, c’est probablement la plus grave, et la plus lourde de conséquences.

 

 

La crise hâte la radicalisation.


Le contraire [des pronostics de l'opposition, ndt] est en train de se passer. La rareté relative des ressources causée par la chute abrupte des prix du pétrole a simplement réduit la marge des concessions que le gouvernement avait faites, dans tous les domaines, aux forces comploteuses de coups d’Etat, dans les secteurs clés de la production et des finances.

Durant les dernières minutes de son discours du 13 janvier, Chavez a clarifié : « Il y a des pronostics venus de différentes fractions de l’opposition et de quelques officines médiatiques à propos d’une débâcle économique au Vénézuéla. »

« De plus, les médias proclament que Chavez prépare un paquet de mesures néolibérales.

 « Au lieu de quoi, je veux répéter une fois de plus ce qui suit à l’oligarchie et à la bourgeoisie vénézuéliennes : elles feraient mieux de faire leurs prières au lieu de demander bruyamment qu’une débâcle s’abatte sur le Vénézuéla.

« A l’opposition : priez pour que la grande crise mondiale du capitalisme, la crise économique capitaliste mondiale, ne parvienne pas jusqu’ici avec l’intensité que vous souhaitez.

« Pourquoi? Parce que Carlos Andres Perez [un ancien président social-démocrate qui, en 1989, a appliqué de brutales politiques néolibérales anti-pauvres qui ont eu pour résultat l'insurrection du Caracazo] n’est pas la personne dirigeant ce gouvernement. Hugo Chavez est la personne dirigeant ce gouvernement.

« Regardez, s’ils pensent que je vais suivre les politiques de Carlos Andres Perez…ou maintenant celles de George Bush, lors des derniers mois, qui consistent en un sauvetage par des milliers de millions de dollars donnés, comme cela a été fait ici auparavant, à cette oligarchie financière, cette bourgeoisie antipatriotique, ils se trompent lourdement.

« Si l’impact de la crise économique du capitalisme mondial parvient jusqu’ici avec force, ce sont ces secteurs du capitalisme national qui vont être frappés durement.

« Ce ne sera pas le peuple. Ce ne sera pas la révolution. »

 

 

L’opposition a fait la sourde oreille


D’abord, avec la pression permanente qu’elle subit des Etats-Unis et son jugement erroné regardant le referendum, elle a prolongé sa tactique de prédilection pour déstabiliser le gouvernement après la défaite [de l'opposition] du 15 février : les pénuries de nourriture et les hausses de prix.

 Parallèlement à ça, des groupes d’opposition attisent la braise d’un plan pour convertir les Etats gouvernés par l’opposition du Tachira et du Zulia en territoires hors du contrôle du gouvernement central- fomentant une structure séparatiste.

« Avec cette stratégie séparatiste, ils nourrissent l’idée de semer la guerre civile, au Tachira, au Zulia, à Tachiras et à Melida », a expliqué le Diario Vea pro-gouvernement le 25 février.

L’après midi du 28 février, Chavez a répondu en annonçant la prise de contrôle par le gouvernement d’usines de conditionnement du riz qui violaient le contrôle des prix : « Il y a des secteurs de l’industrie agro-alimentaire qui refusent d’obéir aux lois. Surtout ceux qui traitent le riz. »

« J’ai ordonné qu’on intervienne à partir de maintenant »

Pour chasser les doutes, le président a donné des instructions au commandant de la Garde Nationale, le Major Général Freddy Alonso Carrion, pour garantir l’aide nécessaire pour prendre le contrôle de ces usines, de concert avec le ministre de l’agriculture et chef du Commandement des Opérations Startégiques, le Major Gébéral Jesus Gonzalez Gonzalez.

 

« Nous ne les autoriserons plus à se moquer du peuple et du gouvernement révolutionnaire. », a dit Hugo Chavez pendant son annonce nationale diffusée à la radio et à la télévision.

« Ils menacent d’arrêter la production. S’ils font ça, je vais les exproprier. Je n’ai aucun problème avec ça et je les paierai avec des chaînes.

« Ne comptez pas sur moi pour payer avec des espèces sonnantes et trébuchantes » a ajouté Chavez.

A peine quelques heures plus tard, le vice ministre de l’agriculture, Richard Canan, a confirmé devant les caméras de la télévision d’Etat la prise de contrôle des installations d’Arroz Primor, qui appartient à la Polar Company. « En ce moment même, nous lançons un processus d’occupation temporaire de la compagnie Arroz Primor, ici à Calabozo », a déclaré Canan.

Il a expliqué que les installations ont la capacité qu’il faut pour traiter plus de 7500 tonnes par mois mais qu’elles traitaient moins de 3000 tonnes. « Du pur riz aromatisé », a-t-il souligné, ce qui est plus cher, puisque échappant au contrôle des prix mis en place par le gouvernement.

 

Le combat contre le sabotage et la crise


 Bien qu l’impact politique de la victoire au referendum (remportée contre une immense campagne de l’opposition pour un vote « non ») surpasse ces mesures, aussi attendues que controversées, les prises de contrôle peuvent être comprises à la lumière de la crise mondiale.

Pendant au moins six ans, le gouvernement a eu à contrecarrer les pénuries et les difficultés alimentaires avec l’achat massif d’importations alimentaires, tout en engageant le processus lent et laborieux d’augmentation de la production intérieure- processus qui est maintenant considérablement avancé.

Toutefois, cela n’était possible qu’avec l’argent rendu disponible par les ventes de pétrole au prix fort durant la dernière période. Avec la diminution de cet extraordinaire surplus, la réponse du gouvernement est venue.

 Il y a un an- lorsque la révolution a subi un blocage avec la défaite au referendum pour réformer la constitution et qu’une opposition à l’audace renouvelée a cherché à aggraver les pénuries alimentaires qu’avaient créées de toute pièce, dans l’avant referendum, de gros producteurs et distributeurs d’aliments alignés sur l’opposition- il est devenu clair que la continuation de la révolution exigeait des forces révolutionnaires qu’elles aient le contrôle direct sur des centres clés de la production, de l’importation et de la distribution alimentaires.

C’est un secteur qui, de concert avec certaines banques privées, conserve la capacité de contrôler la quantité, la qualité et le prix pour la population de produits alimentaires de base.

En contradiction apparente avec les rapports de forces à ce stade, des voix ont commencé à soulever le mot interdit : expropriation.

 Chavez a avancé pas à pas, continuant le programme de nationalisations commencé en 2007, qui impliquait des nationalisations dans le secteur électrique et le secteur des télécommunications, En 2008, son gouvernement a exproprié le géant de l’acier Sidor, des cimenteries et la Banque du Vénézuéla.

Maintenant, dans la foulée de la frénésie de nationalisations dans les nations impérialistes afin de combattre la crise économique, l’une des plus grosses confusions soulevées dans le cours de la Révolution Bolivarienne a été éclaircie- celle de l’équivalence entre nationalisations et socialisme.

 De plus, Chavez a payé des compensations pour ces expropriations. (Il est possible d’imaginer le choc qui a traversé les cadres des compagnies expropriées qui n’ont pas encore achevé ces transactions en face des allusions de Chavez au fait de «payer avec des chaînes »).

Des arguments critiquant le rythme des nationalisations ont été produits par certains secteurs de la gauche qui refusent d’admettre l’existence d’une stratégie de transition vers le socialisme au Vénézuéla.

Des secteurs de la bourgeoisie ont agi suivant la même prémisse, pensant qu’ils pouvaient continuer à tirer les ficelles.

Voici le résultat. Dans une continuité parfaite, mais probablement à une vitesse uniformément accélérée par la pression de la crise mondiale, le Vénézuéla continue à suivre le chemin de la transition vers le socialisme.

 

 

L’avance vers le socialisme


Cinq jours après la victoire du referendum, Chavez a insisté sur quelques concepts-clés : « Pour que soit le socialisme, nous avons à transformer les structures économiques du Vénézuéla, nous avons à travailler à la propriété sociale des moyens de production, qui nous permettra de générer les conditions requises pour parvenir à la justice sociale, pour qu’il n’y ait pas de misère, de pauvreté ni de crime au Vénézuéla », ajoutant, « le socialisme est scientifique ou n’est rien ».

 « Le socialisme ne peut pas être seulement un simple rêve, un espoir, un sentiment », a avancé Chavez. « Le socialisme a besoin d’avoir un vrai corps, de vrais muscles, d’un vrai squelette, d’un vrai système nerveux, de vraie chair, de vraie vie…

« Nous devons transformer le modèle économique, le baser sur la propriété sociale de la terre, l’industrie, les moyens de production. C’est une question de vie ou de mort pour la révolution, pour l’espoir que la Révolution Bolivarienne n’échoue pas. Nous ne pouvons pas échouer à nouveau…

« Nous ne sommes pas parvenus là où nous sommes pour faire de petites réformes, nous sommes là pour transformer profondément les structures sociales, politiques et économiques »

Dans ce message à la nation, le président avait aussi averti : « Il y a des pays qui s’enorgueillissent de la croissance économique. Quelle surprise! Mais en même temps que le produit intérieur brut croît, la pauvreté croît aussi.

« Quel intérêt? »

« Pas ici : ici le pays croît économiquement, sous son propre modèle souverain, et de plus avec la réduction de la pauvreté, de l’exclusion, de la marginalité et des progrès dans les conditions de vie »

“La crise économique mondiale, a expliqué Chavez, va bien sûr affecter aussi le Vénézuéla”. Mais au même moment où le ministre de l’économie, Ali Rodriguez, a ordonné « l’élimination de toutes les dépenses qui ne sont pas absolument nécessaires », Chavez a clairement dit que « le budget des missions sociales [pour les pauvres] ne sera pas diminué ».

« Les missions sont sacrées, elles sont la sève du peuple : nourriture, éducation, santé, logement, culture, écologie,. Nous continuerons à investir les ressources nécessaires. »

 Rien de neuf. Excepté que l’argent qui ne vient plus du pétrole sera recherché à sa source même par la révolution.

http://socio13.wordpress.com/2009/03/26/venezuela-la-lutte-contre-la-crise-du-capitalisme-avec-plus-de-revolution-par-manuel-sanchez/

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 03:27

Karl Marx, 1875
Karl Marx, 1875, Wikipedia

Avec Marx,
"brisons" l'état européen !
par Michel Peyret


Je ne cesse de le dire : tous ceux qui veulent changer la société et le monde ne peuvent faire l'impasse d'un retour à la lecture de Marx ou de sa découverte . Et , aujourd'hui , alors que montent à nouveau les luttes populaires sur des aspects essentiels de la vie , voire de la survie ,
l'intérêt constaté par les libraires des jeunes vers l'achat des oeuvres de Marx est tout à fait significatif .


REVENIR A MARX


Revenir à Marx , c'est constater que des pans entiers de cette oeuvre , et certainement parmi les plus essentiels , n'ont connu aucune application concrète par les régimes qui se disaient , ou se voulaient , communistes . Ainsi les étatisations qui se sont substituées à la propriété privée des grands moyens de production et d'échanges ont confisqué le pouvoir induit par la propriété au profit d'un hyperétatisme castrateur de toute démocratie , de tout pouvoir réel au peuple .
Pourtant les textes de Marx de la fin avril et de mai 1871 , c'est-à-dire ses écrits pendant la Commune elle-même , sont-ils le reflet puissant de ses fortes réflexions sur l'Etat issues du vif d'une non moins forte , et même tragique expérience , de celles qui permettent de saisir jusqu'à l'essence même des phénomènes qui peuvent être masqués ou estompés dans les périodes où la lutte des classes ne prend pas ce caractère d'acuité et de transparence , un peu à la façon dont les caractéristiques profondes du capitalisme apparaissent en toute clarté dans la crise qu'il connait aujourd'hui .


LA COMMUNE , L'ANTITHESE DU POUVOIR D'ETAT


Pour Marx , la Commune est l'antithèse du pouvoir d'Etat :
« Ce pouvoir d'Etat est , en fait , la création de la bourgeoisie ; il fut l'instrument qui servit d'abord à briser le féodalisme , puis à écraser les aspirations des producteurs , de la classe ouvrière vers leur émancipation . Toutes les réactions et toutes les révolutions n'avaient servi qu'à transférer ce pouvoir organisé – cette force organisée pour maintenir en esclavage le travail – d'une main à une autre , d'une fraction des classes dominantes à une autre . Il avait été pour les classes dominantes un moyen d'asservissement et de lucre . Il avait puisé des forces nouvelles dans chaque changement nouveau . Il avait servi d'instrument pour briser tout soulèvement populaire , pour écraser les classes laborieuses après qu'elles eurent combattu et reçu l'ordre d'assurer le transfert de ce pouvoir d'un groupe de ses oppresseurs à un autre groupe . Ce ne fut donc pas une révolution contre telle ou telle forme de pouvoir d'Etat , légitimiste , constitutionnelle , républicaine ou impériale . Ce fut une révolution contre l'Etat lui-même , cet avorton surnaturel de la société : ce fut la reprise par le peuple et pour le peuple de sa propre vie sociale . Ce ne fut pas une révolution faite pour transférer ce pouvoir d'une fraction des classes dominantes à une autre , mais une révolution pour briser cet horrible appareil même de la domination de classe . »


EN 1918 , LENINE VEUT AUSSI BRISER L'ETAT


En 1918 , c'est encore cette thèse que l'on entend chez Lénine . Réfutant Vandervelde et Kautsky , il les accuse de citer de Marx et Engels tout ce qu'on veut , sauf ce qui est absolument inacceptable pour la bourgeoisie , ce qui distingue le révolutionnaire du réformisme :
« Tout ce que l'on veut en ce qui concerne la conquête du pouvoir politique par le prolétariat puisque pratiquement la chose est déjà confirmée dans un cadre uniquement parlementaire Que Marx et Engels aient jugé nécessaire , après l'expérience de la Commune , de compléter le Manifeste communiste partiellement vieilli par l'explication de cette vérité que la classe ouvrière ne peut pas simplement s'emparer de la machine d'Etat toute prête , qu'elle doit la démolir , là-dessus pas le moindre mot ! Vandervelde , de même que Kautsky , comme s'ils s'étaient entendus , passe sous silence absolu ce qu'il y a justement de plus essentiel dans l'expérience de la révolution prolétarienne , ce qui distingue justement la révolution prolétarienne des réformes bourgeoises . »


EN MAI 2005 LE PEUPLE FRANCAIS A DIT NON A L'ETAT EUROPEN


Le 29 mai 2005 , à sa façon , le peuple français faisait une sorte de révolution ! Il disait NON au Traité constitutionnel européen qui aurait couronné la création et l'existence d'un véritable Etat européen ! Nous étions bien là dans les prolongements , tout à la fois concrets et théoriques , des enseignements que Marx avait tiré de l'expérience de la Commune ! Par son vote souverain , le peuple français « brisait » bien le processus de construction de cet Etat européen ! Il fallait à nouveau tirer tous les enseignements de cette décision souveraine d'une importance capitale !
Pour leur part , le lendemain , le 30 mai 2005 , Alain Bocquet , Francis Wurtz , Marie-George Buffet , Nicole Borvo , dirigeants du PCF et dotés de mandats électoraux, s'adressaient en ce sens au Président de la République :
« Le peuple a rendu ce dimanche un verdict sans appel dans les urnes . A l'occasion du référendum , il a rejeté le traité établissant une Constitution pour l'Europe qui lui était soumis.
« En conséquence , il apparaît nécessaire que vous retiriez votre signature , engageant la France sous réserve de ratification , au bas de ce document .
« Vous avez dit vouloir « tenir compte » de l'expression de la souveraineté populaire . Le premier geste à faire , symboliquement , nous semble être celui-ci . »


LES TRAITES SONT FORCLOS


Ainsi donc , dans la plus grande clarté , ces dirigeants du PCF prenaient acte de ce que cette mouture du Traité constitutionnel était rejetée par le peuple français , qu'elle n'avait donc plus aucune légalité . Le Traité était forclos , et ce d'autant que le peuple hollandais prononçait le même verdict !
On connait les tribulations politiciennes qui conduisirent les instances dirigeantes européennes , y compris françaises à s'asseoir sur la volonté démocratiquement exprimée par les peuples français et hollandais , et à s'orienter vers une nouvelle mouture , copie conforme de la précédente , celle du Traité de Lisbonne , laquelle bien évidemment devrait éviter d'être confrontée à nouveau à des référendums et seulement soumise aux parlements nationaux bien plus dociles et favorables que leurs peuples à la poursuite de la construction de l'Etat européen . Bref , un véritable déni de démocratie !
Ce mode parlementaire de ratification n'était pas , hélas pour les porteurs du projet , possible en Irlande où le recours au référendum était légalement obligatoire pour ce faire . Las , le vote majoritaire des Irlandais en faveur du NON au Traité de Lisbonne remettait à nouveau tout en question !

Le 13 juin 2008 , le PCF donnait son opinion . Le peuple irlandais
« a su par son vote rejeter la mise en concurrence effrénée des salariés , la pression sur les dépenses publiques et les salaires , le sacrifice des services publics , LA MILITARISATION DE L'UNION EUROPEENNE...Le NON irlandais est porteur de la promesse d'un nouvel avenir pour l'Europe . Engageons-nous dans cette voie . »
Cependant , pour ce faire , le PCF devait constater que le Traité de Lisbonne était mort-né :
« La présidence française qui s'ouvre dans quelques jours doit proposer d'arrêter le processus de ratification et d'engager l'élaboration d'un nouveau traité fondateur de l'Union européenne sur de tout autres bases et dans de toutes autres formes , rompant avec celles qui la conduisent de crise en crise . »
Pour ma part , je ne suis pas pour un nouveau Traité de Rome mais je prends note de ce que en juin 2008 le PCF reconnaît alors qu'avec le NON irlandais au Traité de Lisbonne , c'est l' ensemble des traités constitutifs de ladite « Union européenne » qui n'ont plus de valeur légale ! Bref , l'Union européenne , en fait l'Etat européen , n'existe plus !


DES REVOLUTIONNAIRES FATIGUES


En ce début de printemps 2009 , les temps apparaissent avoir changé ! Les révolutionnaires fatigués d'aujourd'hui – mais sont-ils même encore révolutionnaires – n'ont plus d'ambition forte face aux tenants de l'Europe du capital , face à cet Etat europén nouveau carcan des peuples du continent .
Ainsi acceptent-ils aujourd'hui de considérer comme valables et existantes des structures de cet Etat européen , tel le Parlement européen , qui ne sont pourtant que l'application des traités reconnus n'avoir plus de légitimité de par la souveraineté des peuples !
Ainsi acceptent-ils d'apporter leur caution aux viols renouvelés perpétrés à l'encontre de la volonté des peuples !


NE PAS ACCEPTER LE VIOL DES PEUPLES


D'autres que moi l'ont également dit , et l'ont dit sans ambiguïté , tel Jacques Nikonoff , ancien Président d'ATTAC :

« Il faut que toute la gauche s'y fasse et le reconnaisse , l'Union européenne n'est pas un cadre aménageable . Elle est à déconstruire pour que les peuples réapprennent à disposer d'eux-mêmes tout en retrouvant les voies de la solidarité internationale . L'idée même d'une « autre Europe » est devenue obsolète dès lors que l'oligarchie rejette la démocratie . Elle est en train de bâillonner les peuples d'Europe , elle est un garot , un noeud coulant qui étouffe l'espoir Cette Europe ne sera jamais sociale , ni démocratique , ni féministe , ni écologiste...
« Sortir de l'Union européenne n'est pas une stratégie seulement applicable à la France . Nous considérons que tous les pays doivent sortir de ce système monstrueux...pour rebâtir des coopérations entre pays européens , sur les décombres de l'eurolibéralisme ! C'est tout le contraire du nationalisme... c'est une démarche internationaliste ... »

Et Jacques Nikonoff de citer Jean Jaurès dans « L'armée nouvelle » :

« Ce qui est certain , c'est que la volonté irréductible de l'Internationale est qu'aucune patrie n'ait à souffrir dans son autonomie... C'est dans l'Internationale que l'indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c'est dans les nations indépendantes que l'Internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles . On pourrait presque dire : un peu d'internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d'internationalisme y ramène . Un peu de patriotisme éloigne de l'Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène . »


Michel PEYRET

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2009/03/29/13176636.html

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