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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 03:47
le 25 mar 2010, par Mecanopolis


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De nombreux économistes, philosophes, politiques, imaginent et préconisent diverses solutions susceptibles d’améliorer le sort des pauvres, en dénonçant avec force la politique conduite par nos chers dirigeants. Étonnés, parfois scandalisés par les conséquences de certaines réformes ou mesures entreprises, ils mettent souvent en garde contre celles-ci, qui à leurs yeux vont favoriser l’extension de la misère et permettre l’enrichissement de ceux qui sont déjà riches. Ces gens-là parlent d’erreurs politiques, d’aberrations économiques, d’absence de morale ou d’aveuglement, et s’instaure peu à peu une sorte de dialogue de sourds, dans lequel les uns ne comprennent pas qu’on puisse défendre certaines mesures, les autres qu’on puisse les critiquer.


La crise économique, que certains avaient prévu, est pourtant bien la conséquence des actions menées par les gouvernements qui, bien qu’ils s’en défendent, savaient bien eux-aussi qu’elle allait arriver. Et qui savent bien aussi comment la faire cesser : par plus de justice sociale, plus de taxes sur les riches, plus d’emplois dans les services publics, moins de spéculation, moins de privilèges, moins de corruption…

Cette dichotomie entre ce qu’il faudrait faire et ce qui est réellement fait entraîne une sorte de schizophrénie, qui définit la politique actuelle. Les gouvernements, qui font mine de travailler pour le bien du peuple et la baisse des inégalités, emploient un argent fou dans une communication qui serait ridicule si elle n’était pas scandaleuse : faire semblant de prendre les problèmes à bras le corps, alors qu’en réalité ils ne cherchent qu’à approfondir ces problèmes. Les preuves en sont le taux de chômage, les nombreux conflits sociaux, l’écart creusé entre la minorité qui s’enrichit et la majorité qui s’appauvrit.

Pourquoi cette erreur, ces erreurs ? à la lumière des conséquences de la gestion de cette crise économique, on devrait pouvoir dire sans hésiter que les mesures sont contre-productives du point de vue du discours officiel : les inégalités se creusent, il n’y a pas à revenir là-dessus.

Une fois ce constat établi, il faut donc aller plus loin dans la réflexion : pourquoi les gouvernement s’entêtent-t-ils dans leurs erreurs, en font-ils de nouvelles, et surtout nous tiennent-il toujours le même discours rassurant, malgré ce qu’ils savent aussi bien que nous ?

On serait tentés de répondre qu’ils sont pris à la gorge par le pouvoir financier, le capitalisme, ou la mondialisation, et que malheureusement ils n’ont pas le choix : il faut supprimer les services publics, renforcer les entreprises, revoir les budgets sociaux à la baisse…

Pourtant, et dans le même temps, on s’aperçoit que les banques, les assurances, les grandes multinationales (pharmacie, pétrole, armement…), tout ce que la terre compte de riches- et de « stratégique »- ne subit pas la crise. Au contraire même. On s’aperçoit par exemple que si l’âge des départs en retraites va être reculé pour la plupart, en face, les privilèges de nos hommes politiques et autres « serviteurs de l’Etat » (on ne dit pas « serviteurs du peuple ») vont être maintenus.

Et si on ajoute à cette réalité les liens officiels qui existent, par l’intermédiaire des lobbies et autres associations plus ou moins “fraternels”, entre le pouvoir politique et le pouvoir financier, il semble pourtant justifié de ne pas croire les discours nous promettant la « moralisation » d’un capitalisme qui arrange bien ces deux grands ensembles.

La question qui se pose ensuite est donc logiquement celle du but recherché par cette sorte d’alliance tacite qui existe entre le pouvoir financier et le pouvoir politique. Mise en rapport avec l’augmentation des inégalités et la précarisation des masses, l’explication la plus plausible est celle d’une volonté réelle de nos dirigeants d’aboutir au terme d’un processus de divisions, d’appauvrissement, à la mise en place d’un rapport de force, d’une tension vive entre le peuple vis à vis de ses dirigeants. Cela peut paraître effectivement incroyable, ou totalement dénué de sens étant donné les règles démocratiques régissant nos belles contrées, mais permet d’expliquer de manière plus logique les réformes qui sont mises en place actuellement.

Après avoir émis cette hypothèse, il est soudain plus facile de comprendre le décalage qui existe entre les discours et les actes de nos chers dirigeants : ce que les contradicteurs que j’évoquais au début de cet article prennent pour des erreurs n’en sont pas, car il existe une finalité à tout ceci, et le renforcement de la misère des peuples n’est qu’un moyen de parvenir à celle-ci.


Regardons maintenant les effets des réformes qui ont été conduites par le gouvernement, et nous en comprendrons mieux l’objectif :
 

* mise au pas de la justice, qui ne pourra à terme ni défendre les « petits », ni attaquer les « grands »

* renforcement de la sécurité, qui se traduit par une mise en place de la surveillance et du contrôle

* modification des règles du travail, qui nuit essentiellement aux salariés et aux précaires

* privatisation des services publics, qui conduit peu à peu à l’abandon du rôle de protection sociale théoriquement dévolu à l’Etat

* protection des droits d’auteurs et des mineurs sur internet, qui engendre la possibilité d’éradiquer le dernier bastion de la contestation

* définition de l’identité nationale, qui n’aboutit qu’à la fragilisation des communautés ainsi stigmatisées – sabotage de l’éducation, afin d’abrutir les consciences des générations futures

* main-mise sur les médias, à la solde des financiers, ou du pouvoir, afin de diriger l’opinion publique


On le voit bien à travers ces quelques exemples, les effets de ces lois soi-disant adoptées dans le but de protéger les plus faibles, ou d’assurer la sécurité dans notre pays, sont à l’inverse du but qu’elles sont censées atteindre : la sécurité s’effrite malgré les caméras de surveillance et les centres de rétention, le chômage continue d’augmenter, la misère se fait partout plus sensible.

On serait tentés alors de se demander quel intérêt le gouvernement peut avoir à favoriser cette misère, et de faire se tendre les relations sociales, et même pourquoi, si tel était le cas, nos règles démocratiques ne nous permettraient pas de faire cesser tout cela… mais la réponse est tout aussi évidente.

La démocratie n’est déjà plus qu’un souvenir, ou est en passe de le devenir. Le gouvernement ne cherche pas à régler la violence avec ses 900 000 gardes à vue, ni à assurer la sécurité avec ces milliers de caméras. Il ne cherche pas non plus à renvoyer chez eux des immigrés illégaux qui commencent à comprendre que la France n’est plus le paradis dont ils rêvaient. En réalité, il cherche à créer le climat de tension, à travers la misère, nécessaire pour rendre utile, dans quelque temps, les mesures qu’il est en train de prendre…tout en assurant à ces partenaires financiers la possibilité de se partager les fruits de leur mise en place. Si les entreprises de fabrication d’armes augmentent leur chiffre d’affaire de manière considérable (avec l’argent du grand emprunt), c’est bien pour, le moment venu, être en mesure de remettre en ordre ce qu’on a préalablement dérangé.

Car face à un monde qui commence peu à peu à comprendre, par le biais des communications comme internet, qu’on le roule dans la farine depuis tant de temps, il fallait bien agir. En appauvrissant les masses, en les divisant de la manière qui est actuellement employée, il se peut que d’ici quelque temps elles aient le désir de se révolter, et c’est à ce moment que les réformes menées aujourd’hui seront utiles : les caméras, les centres de rétention, le passeport biométrique, la puce RFID, tout cela n’est pas pour aujourd’hui mais pour demain. D’ailleurs, il n’est pas innocent que notre président annonce une « pause dans les réformes » au cours de l’année 2011 : au moment où il sera déterminant de faire les « bonnes » réformes, la machine sera déjà mise en place.

Ainsi, lorsque le système capitaliste s’effondrera pour de bon, toutes les mesures pour en établir un nouveau seront déjà prises, et permettront à nos dirigeants de conserver leur pouvoir…

En utilisant cette hypothèse, tout devient à la fois plus logique, et surtout plus clair…mais ce n’est qu’une hypothèse !

Caleb Irri


http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-la-misere-comme-volonte-politique-47412620.html

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 02:52
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wikipedia.org

La Grèce préfigure la Tiers-Mondialisation de l’Europe


La cure d’austérité drastique à laquelle la Grèce est sommée de se soumettre trouve son modèle dans les politiques d’ajustement structurels qui ont été imposées par le FMI aux pays du sud après la crise de la dette déclenchée par la remontée des taux de la Fed en 1982, note l’économiste Bernard Conte. A l’époque, comme aujourd’hui, la véritable difficulté consistait à faire accepter aux peuples de supporter le coût de la crise. Mais depuis lors, les politiques permettant de faire passer ces purges amères ont été peaufinées, prévient-il, rappelant que l’OCDE a rédigé à toutes fins utiles un guide décrivant les stratégies à employer en de telles circonstances. On peut par exemple y lire que « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Cela ne vous évoque rien ?


La Grèce est très endettée et la finance internationale attaque ce maillon faible de la zone euro pour tester la cohésion de l’ensemble, avant éventuellement de spéculer contre d’autres pays pour générer d’énormes profits.

La réaction à cette attaque devrait entraîner la mise « sous tutelle » de la Grèce par la Commission européenne, par ses partenaires au sein de la zone euro et/ou par un éventuel Fonds monétaire européen. A l’instar des pays du Tiers-Monde à partir des années 1980, la Grèce va se voir imposer un programme d’ajustement économique et social drastique, traduisant sa Tiers-Mondialisation qui préfigure sans doute celle d’autres pays européens.

La Grèce enregistre des déficits publics importants qui doivent être financés par l’emprunt dont le cumul accroît le volume de la dette de l’État. Pour rétablir la confiance de ses bailleurs de fonds privés, le pays doit réduire son endettement. A défaut, la prime de « risque », réclamée par les bailleurs, qui s’ajoute au taux d’intérêt « normal » pourrait conduire à un taux usuraire. Georges Papandréou n’a pas le choix, il doit impérativement s’endetter moins, voire diminuer le volume de la dette grecque.

L’exemple du Tiers-Monde en 1982

La situation de la Grèce, liée au « surendettement », n’est pas sans rappeler celle des pays du Tiers-Monde lors de la crise de la dette de 1982. En effet, pour pouvoir faire face à leurs obligations financières, les pays du Sud, en quasi cessation de paiements, ont été « aidés » par le FMI et par la Banque mondiale. Ces institutions ont accordé des prêts aux pays du Sud afin qu’ils puissent rembourser leurs banques créancières. Lesdites banques ont ainsi pu transférer au FMI et à la Banque mondiale une bonne partie de leurs créances « pourries » (ou « actifs toxiques » en langage politiquement correct). En contrepartie, les pays « aidés » se sont vus imposer des programmes d’ajustement structurel, traduction du consensus de Washington |1| d’inspiration néolibérale monétariste.

A travers l’application de ses dix commandements, le consensus de Washington vise à permettre aux pays sous ajustement de recouvrer la capacité d’assurer le service (principal + intérêts) de leur dette extérieure. Il faut, à n’importe quel prix, dégager des fonds pour payer les créanciers.

Réduire le déficit de l’Etat

Cette démarche passe par la compression des dépenses et l’augmentation des recettes de l’État.

L’action sur la dépense publique implique la réduction :

  • de la masse salariale de la fonction publique (baisse des effectifs et/ou du niveau des traitements) 

  • des autres dépenses de fonctionnement (éducation, social...) 

  • des subventions (services publics, associations...) 
 des investissements publics (infrastructures...)

L’augmentation des recettes réclame :

  • l’alourdissement de la fiscalité 

  • la privatisation de services publics rentables (eau, électricité...)


Plus généralement, la croissance est censée élargir les marges de manœuvre par le développement de l’activité économique qui, mécaniquement, augmente les recettes de l’Etat. La croissance peut être tirée par les exportations si la production nationale gagne en compétitivité externe, grâce à la dévaluation de la monnaie nationale, ou, si cette opération se révèle impossible, par la désinflation compétitive (comme pour le franc CFA avant la dévaluation de 1994 |2| ) qui consiste à obtenir un taux d’inflation plus faible que celui des pays concurrents.

La philosophie des programmes d’ajustement est, in fine, d’une part, de tenter d’augmenter la production locale de surplus (par la croissance) et, d’autre part, de réduire la consommation locale dudit surplus afin de l’exporter. En aucun cas, il s’agissait de se préoccuper du bien-être des populations.

Un bilan des ajustements dramatique

Malgré de nombreuses études financées par la Banque mondiale et le FMI, tendant à démontrer que l’ajustement générait de la croissance et, par effet de ruissellement, bénéficiait même aux pauvres. Les conséquences sociales négatives ont été rapidement mises à jour et dénoncées |3| . Ainsi, la pauvreté s’est accrue et les classes moyennes préexistantes ont été paupérisées. Les populations du Sud ont subi les conséquences funestes de l’ajustement pour rembourser des dettes dont elles n’avaient que peu profité.

La Grèce « inaugure » les politiques d’ajustement en Europe

Jusqu’à présent, l’ajustement néolibéral imposé était réservé aux pays « non développés ». La Grèce inaugure le processus de Tiers-Mondialisation de l’Europe en passant sous les fourches caudines de « l’ajustement ». A l’instar des pays du Tiers-Monde, il s’agit de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour rembourser la dette extérieure à travers la réduction du périmètre de l’État, la privatisation, la dérégulation, les coupes claires dans les budgets de santé, d’éducation...

La Grèce est un test pour l’Europe néolibérale

L’inconnue reste la réaction populaire. La population va-t-elle accepter l’austérité ? Déjà, des grèves et des manifestations se déroulent. Hier, le 11 mars, plus de 100 000 personnes manifestaient dans les rues d’Athènes. Au Portugal et en Espagne, la mobilisation sociale s’opère. L’ajustement va-t-il buter sur l’obstacle social ? D’autant plus que les conséquences des troubles sociaux pourraient atteindre le domaine politique avec l’émergence et l’éventuelle arrivée au pouvoir de forces politiques situées en-dehors du « consensus » : droite « molle » - gauche « caviar ». Mais, là aussi, les élites complices peuvent trouver l’inspiration dans l’expérience du Tiers-Monde pour faire « passer » les réformes.

La faisabilité politique de l’ajustement

Dans les années 1990, de nombreux travaux ont été menés, au sein de l’OCDE, sur la faisabilité politique de l’ajustement néolibéral |4|. Christian Morrisson prévient : «  l’application de programmes d’ajustement dans des dizaines de pays pendant les années 1980 a montré que l’on avait négligé la dimension politique de l’ajustement. Sous la pression de grèves, de manifestations, voire d’émeutes, plusieurs gouvernements ont été obligés d’interrompre ou d’amputer sévèrement leurs programmes » (p. 6). Il convient de minimiser les risques et adopter une stratégie politique adéquate.

Prendre des mesures politiquement et socialement peu risquées

A partir de plusieurs études-pays, Christian Morrisson met en avant «  l’intérêt politique de certaines mesures [...] : une politique monétaire restrictive, des coupures brutales de l’investissement public ou une réduction des dépenses de fonctionnement ne font prendre aucun risque à un gouvernement. Cela ne signifie pas que ces mesures n’ont pas des conséquences économiques ou sociales négatives : la chute des investissements publics ralentit la croissance pour les années à venir et met sur-le-champ des milliers d’ouvriers du bâtiment au chômage, sans allocation. Mais nous raisonnons ici en fonction d’un seul critère : minimiser les risques de troubles » (p. 16). Peu importe, « dans la réalité, les entreprises du bâtiment souffrent beaucoup de telles coupures [dans les investissements publics] qui multiplient les faillites et les licenciements. Mais ce secteur, composé surtout de petites et moyennes entreprises, n’a quasiment aucun poids politique » (p.17). «  La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes [d’ajustement] » (p. 29).

Selon Christian Morrisson, cette mesure est « moins dangereuse politiquement » que d’autres «  et elle touche les classes moyennes plutôt que les pauvres » (p. 29). En cas de troubles (grèves...), « le gouvernement a toutefois les moyens de faire appel au pragmatisme des fonctionnaires. Il peut, par exemple, expliquer que, le FMI imposant une baisse de 20 pour cent de la masse salariale, le seul choix possible est de licencier ou de réduire les salaires et qu’il préfère la seconde solution dans l’intérêt de tous. Les expériences de plusieurs gouvernements africains montrent que ce discours peut être entendu » (p. 29). Ce qui est vrai en Afrique l’est certainement sous d’autres cieux.

Agir sur la qualité des services publics

« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population » (p. 30). Sans commentaire !

Diviser et opposer pour imposer

« Un gouvernement peut difficilement [ajuster] contre la volonté de l’opinion publique dans son ensemble. Il doit se ménager le soutien d’une partie de l’opinion, au besoin en pénalisant davantage certains groupes. En ce sens, un programme qui toucherait de façon égale tous les groupes (c’est-à-dire qui serait neutre du point de vue social) serait plus difficile à appliquer qu’un programme discriminatoire, faisant supporter l’ajustement à certains groupes et épargnant les autres pour qu’ils soutiennent le gouvernement. » (p. 17). Comme « la plupart des réformes frappent certains groupes tout en bénéficiant à d’autres, [...] un gouvernement peut toujours s’appuyer sur la coalition des groupes gagnants contre les perdants » (p. 18). Il faut donc diviser et opposer pour imposer.

Un régime « dictatorial » serait idéal pour imposer les réformes

«  Une comparaison pour les pays d’Amérique latine entre des régimes démocratiques comme la Colombie, l’Équateur, le Pérou, et des régimes militaires, comme l’Argentine et le Chili, en 1981-82, montre que les troubles sont plus rares lorsque le régime est militaire [...] La comparaison entre les deux expériences de l’Argentine sous un régime militaire (en 1981) et en démocratie (1987) est parlante : le niveau de protestation a été trois fois plus élevé en 1987 et il y a eu beaucoup plus de manifestations » (p. 12). Ainsi, un régime dur serait idéal pour imposer les réformes. Le néolibéralisme serait-il entrain de déraper ?

Au total, la Grèce préfigure bien la Tiers-Mondialisation de l’Europe.

Source:
CADTM



Bernard CONTE



http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2618:la-grece-prefigure-la-tiers-mondialisation-de-leurope&catid=6:articles&Itemid=11



Lire aussi:

Bernard Cassen - Grèce, euro : le carcan des traités
Ce n'est pas un pays qu'on essaie de sauver

  

La cure d’austérité drastique à laquelle la Grèce est sommée de se soumettre trouve son modèle dans les politiques d’ajustement structurels qui ont été imposées par le FMI aux pays du sud après la crise de la dette déclenchée par la remontée des taux de la Fed en 1982, note l’économiste Bernard Conte. A l’époque, comme aujourd’hui, la véritable difficulté consistait à faire accepter aux peuples de supporter le coût de la crise. Mais depuis lors, les politiques permettant de faire passer ces purges amères ont été peaufinées, prévient-il, rappelant que l’OCDE a rédigé à toutes fins utiles un guide décrivant les stratégies à employer en de telles circonstances. On peut par exemple y lire que « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Cela ne vous évoque rien ?


La Grèce est très endettée et la finance internationale attaque ce maillon faible de la zone euro pour tester la cohésion de l’ensemble, avant éventuellement de spéculer contre d’autres pays pour générer d’énormes profits.

La réaction à cette attaque devrait entraîner la mise « sous tutelle » de la Grèce par la Commission européenne, par ses partenaires au sein de la zone euro et/ou par un éventuel Fonds monétaire européen. A l’instar des pays du Tiers-Monde à partir des années 1980, la Grèce va se voir imposer un programme d’ajustement économique et social drastique, traduisant sa Tiers-Mondialisation qui préfigure sans doute celle d’autres pays européens.

La Grèce enregistre des déficits publics importants qui doivent être financés par l’emprunt dont le cumul accroît le volume de la dette de l’État. Pour rétablir la confiance de ses bailleurs de fonds privés, le pays doit réduire son endettement. A défaut, la prime de « risque », réclamée par les bailleurs, qui s’ajoute au taux d’intérêt « normal » pourrait conduire à un taux usuraire. Georges Papandréou n’a pas le choix, il doit impérativement s’endetter moins, voire diminuer le volume de la dette grecque.

L’exemple du Tiers-Monde en 1982

La situation de la Grèce, liée au « surendettement », n’est pas sans rappeler celle des pays du Tiers-Monde lors de la crise de la dette de 1982. En effet, pour pouvoir faire face à leurs obligations financières, les pays du Sud, en quasi cessation de paiements, ont été « aidés » par le FMI et par la Banque mondiale. Ces institutions ont accordé des prêts aux pays du Sud afin qu’ils puissent rembourser leurs banques créancières. Lesdites banques ont ainsi pu transférer au FMI et à la Banque mondiale une bonne partie de leurs créances « pourries » (ou « actifs toxiques » en langage politiquement correct). En contrepartie, les pays « aidés » se sont vus imposer des programmes d’ajustement structurel, traduction du consensus de Washington |1| d’inspiration néolibérale monétariste.

A travers l’application de ses dix commandements, le consensus de Washington vise à permettre aux pays sous ajustement de recouvrer la capacité d’assurer le service (principal + intérêts) de leur dette extérieure. Il faut, à n’importe quel prix, dégager des fonds pour payer les créanciers.

Réduire le déficit de l’Etat

Cette démarche passe par la compression des dépenses et l’augmentation des recettes de l’État.

L’action sur la dépense publique implique la réduction :

  • de la masse salariale de la fonction publique (baisse des effectifs et/ou du niveau des traitements) 

  • des autres dépenses de fonctionnement (éducation, social...) 

  • des subventions (services publics, associations...) 
 des investissements publics (infrastructures...)

L’augmentation des recettes réclame :

  • l’alourdissement de la fiscalité 

  • la privatisation de services publics rentables (eau, électricité...)


Plus généralement, la croissance est censée élargir les marges de manœuvre par le développement de l’activité économique qui, mécaniquement, augmente les recettes de l’Etat. La croissance peut être tirée par les exportations si la production nationale gagne en compétitivité externe, grâce à la dévaluation de la monnaie nationale, ou, si cette opération se révèle impossible, par la désinflation compétitive (comme pour le franc CFA avant la dévaluation de 1994 |2| ) qui consiste à obtenir un taux d’inflation plus faible que celui des pays concurrents.

La philosophie des programmes d’ajustement est, in fine, d’une part, de tenter d’augmenter la production locale de surplus (par la croissance) et, d’autre part, de réduire la consommation locale dudit surplus afin de l’exporter. En aucun cas, il s’agissait de se préoccuper du bien-être des populations.

Un bilan des ajustements dramatique

Malgré de nombreuses études financées par la Banque mondiale et le FMI, tendant à démontrer que l’ajustement générait de la croissance et, par effet de ruissellement, bénéficiait même aux pauvres. Les conséquences sociales négatives ont été rapidement mises à jour et dénoncées |3| . Ainsi, la pauvreté s’est accrue et les classes moyennes préexistantes ont été paupérisées. Les populations du Sud ont subi les conséquences funestes de l’ajustement pour rembourser des dettes dont elles n’avaient que peu profité.

La Grèce « inaugure » les politiques d’ajustement en Europe


Jusqu’à présent, l’ajustement néolibéral imposé était réservé aux pays « non développés ». La Grèce inaugure le processus de Tiers-Mondialisation de l’Europe en passant sous les fourches caudines de « l’ajustement ». A l’instar des pays du Tiers-Monde, il s’agit de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour rembourser la dette extérieure à travers la réduction du périmètre de l’État, la privatisation, la dérégulation, les coupes claires dans les budgets de santé, d’éducation...

La Grèce est un test pour l’Europe néolibérale

L’inconnue reste la réaction populaire. La population va-t-elle accepter l’austérité ? Déjà, des grèves et des manifestations se déroulent. Hier, le 11 mars, plus de 100 000 personnes manifestaient dans les rues d’Athènes. Au Portugal et en Espagne, la mobilisation sociale s’opère. L’ajustement va-t-il buter sur l’obstacle social ? D’autant plus que les conséquences des troubles sociaux pourraient atteindre le domaine politique avec l’émergence et l’éventuelle arrivée au pouvoir de forces politiques situées en-dehors du « consensus » : droite « molle » - gauche « caviar ». Mais, là aussi, les élites complices peuvent trouver l’inspiration dans l’expérience du Tiers-Monde pour faire « passer » les réformes.

La faisabilité politique de l’ajustement

Dans les années 1990, de nombreux travaux ont été menés, au sein de l’OCDE, sur la faisabilité politique de l’ajustement néolibéral |4|. Christian Morrisson prévient : «  l’application de programmes d’ajustement dans des dizaines de pays pendant les années 1980 a montré que l’on avait négligé la dimension politique de l’ajustement. Sous la pression de grèves, de manifestations, voire d’émeutes, plusieurs gouvernements ont été obligés d’interrompre ou d’amputer sévèrement leurs programmes » (p. 6). Il convient de minimiser les risques et adopter une stratégie politique adéquate.

Prendre des mesures politiquement et socialement peu risquées

A partir de plusieurs études-pays, Christian Morrisson met en avant «  l’intérêt politique de certaines mesures [...] : une politique monétaire restrictive, des coupures brutales de l’investissement public ou une réduction des dépenses de fonctionnement ne font prendre aucun risque à un gouvernement. Cela ne signifie pas que ces mesures n’ont pas des conséquences économiques ou sociales négatives : la chute des investissements publics ralentit la croissance pour les années à venir et met sur-le-champ des milliers d’ouvriers du bâtiment au chômage, sans allocation. Mais nous raisonnons ici en fonction d’un seul critère : minimiser les risques de troubles » (p. 16). Peu importe, « dans la réalité, les entreprises du bâtiment souffrent beaucoup de telles coupures [dans les investissements publics] qui multiplient les faillites et les licenciements. Mais ce secteur, composé surtout de petites et moyennes entreprises, n’a quasiment aucun poids politique » (p.17). «  La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes [d’ajustement] » (p. 29).

Selon Christian Morrisson, cette mesure est « moins dangereuse politiquement » que d’autres «  et elle touche les classes moyennes plutôt que les pauvres » (p. 29). En cas de troubles (grèves...), « le gouvernement a toutefois les moyens de faire appel au pragmatisme des fonctionnaires. Il peut, par exemple, expliquer que, le FMI imposant une baisse de 20 pour cent de la masse salariale, le seul choix possible est de licencier ou de réduire les salaires et qu’il préfère la seconde solution dans l’intérêt de tous. Les expériences de plusieurs gouvernements africains montrent que ce discours peut être entendu » (p. 29). Ce qui est vrai en Afrique l’est certainement sous d’autres cieux.

Agir sur la qualité des services publics


« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population » (p. 30). Sans commentaire !

Diviser et opposer pour imposer

« Un gouvernement peut difficilement [ajuster] contre la volonté de l’opinion publique dans son ensemble. Il doit se ménager le soutien d’une partie de l’opinion, au besoin en pénalisant davantage certains groupes. En ce sens, un programme qui toucherait de façon égale tous les groupes (c’est-à-dire qui serait neutre du point de vue social) serait plus difficile à appliquer qu’un programme discriminatoire, faisant supporter l’ajustement à certains groupes et épargnant les autres pour qu’ils soutiennent le gouvernement. » (p. 17). Comme « la plupart des réformes frappent certains groupes tout en bénéficiant à d’autres, [...] un gouvernement peut toujours s’appuyer sur la coalition des groupes gagnants contre les perdants » (p. 18). Il faut donc diviser et opposer pour imposer.

Un régime « dictatorial » serait idéal pour imposer les réformes

«  Une comparaison pour les pays d’Amérique latine entre des régimes démocratiques comme la Colombie, l’Équateur, le Pérou, et des régimes militaires, comme l’Argentine et le Chili, en 1981-82, montre que les troubles sont plus rares lorsque le régime est militaire [...] La comparaison entre les deux expériences de l’Argentine sous un régime militaire (en 1981) et en démocratie (1987) est parlante : le niveau de protestation a été trois fois plus élevé en 1987 et il y a eu beaucoup plus de manifestations » (p. 12). Ainsi, un régime dur serait idéal pour imposer les réformes. Le néolibéralisme serait-il entrain de déraper ?

Au total, la Grèce préfigure bien la Tiers-Mondialisation de l’Europe.

Source:
CADTM



Le sens de la crise grecque





Il a été dit beaucoup de choses sur la crise et la Grèce ces dernières semaines, des plus nauséabondes[1] aux plus confuses. Il en résulte un argumentaire exportable dans tous les pays développés. Les médias ont abondamment repris le message officiel qui tient en 5 chapitres:

1)  La Grèce a  triché pour cacher une dette publique «insoutenable» ;

2)  Elle est au bord de la cessation de paiement comme d’autres pays de la zone euro ;

3) L’Union européenne compatit mais n’y peut rien si ce n’est encourager des plans de rigueur et demander la mise sous tutelle du pays ;

4)  La Grèce doit prendre des mesures d’austérité pour réduire son déficit public ;

5) La sortie de crise des pays développés implique des plans d’austérité et de rigueur de même nature.

Il faut décoder ce message idéologique destiné en fait à tous les peuples des pays du Nord.


1)  La Grèce a  triché pour cacher une dette publique «insoutenable»

Oui sans doute et cela révèle un État gangréné par la corruption et les petits arrangements entre amis. Il semble établi aujourd’hui que la banque américaine Goldman Sachs, par des montages complexes (swaps de devises) et des produit dérivés, ait permis au gouvernement grec de réduire fictivement sa dette publique de plus de 2 milliards d’euros[2] au moyen d’un prêt invisible. Cela avait permis à la Grèce d’entrer dans la zone euro. Il est également établi que les gouvernements successifs depuis 2001 ont fermé les yeux sur cette minoration de la dette publique.

Mais elle n’est pas la seule et les pays de la zone euro font assaut d’hypocrisie en la matière.

En 1996, l’Italie a eu recours à des swaps avec la banque J.P.Morgan pour réduire artificiellement son déficit. Depuis, Berlusconi a cédé pour 10 Mds d’euros les droits d’entrée des musées nationaux à une société financière qui reçoit en échange 1,5 Mds d’euros par an pendant 10 ans. La France, elle, a  émis en 2000 des emprunts et inscrit le remboursement des intérêts à la fin d’une période de 14 ans. En 2004, Goldman Sachs et Deutsche Bank ont réalisé un montage financier pour l'Allemagne appelé «Aries Vermoegensverwaltungs». L'Allemagne aurait ainsi emprunté à des taux largement supérieurs à ceux du marché, uniquement pour éviter que la dette n'émerge dans les comptes publics[3] 

Relativiser le «gouffre abyssal» de la Grèce

La Grèce aurait donc un déficit de 12,7% et non de 6% comme annoncé par l’ancien gouvernement et une dette publique de 115% mais si on compare à d’autres pays, il n’y a pas de quoi hurler avec les loups. Le coût du service de la dette était de 14% du PIB en 1993, il est maintenant de 6% ! La situation des comptes de l’État grec est certes loin de l’équilibre mais elle est moins dégradée comparativement à d’autres pays du Nord.


suite ici :

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=18353

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 23:39
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Mercredi 24 mars 2010
3 24 /03 /2010 20:31
Je vous l'ai dit depuis déjà un moment, nous savons qui est notre ennemi et il est largement infiltré dans nos gouvernements, nos institutions et notre population.

La guerre est déclarée, et la France sera aussi touchée dans quelques semaines.

La note de la dette souveraine du Portugal abaissée par Fitch
L'agence Fitch a abaissé mercredi la note de la dette souveraine du Portugal à AA-, invoquant l'inquiétude croissante quant à la capacité de ce pays à respecter les échéances sur ses emprunts. Le Portugal reste cependant considéré comme fiable, avec une note bien supérieure à celle de la Grèce.

Fitch, l'une des principales agences de notation du monde, estime que les perspectives de reprise économique du Portugal sont plus faibles que celles des autres pays de la zone euro et que cela pèsera sur les finances publiques à moyen terme.

Elle plaide pour des mesures budgétaires "significatives" -réduction des dépenses et augmentation des impôts- si le gouvernement veut atteindre son objectif de ramener le déficit à 3% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2013. En 2009, le Portugal a enregistré un déficit budgétaire de 9,3% du PIB, alors que Fitch tablait encore sur 6,5% en septembre dernier.

Une mauvaise note de la dette souveraine traduit le manque de confiance dans la solvabilité d'un pays, lequel voit grimper le taux d'intérêt auquel il peut emprunter. La Grèce a ainsi vu sa note plonger après la révélation de l'ampleur de sa dette et de son déficit, ce qui a fait flamber le coût du refinancement de sa dette sur les marchés financiers. Cette crise a ébranlé toute la zone euro, tandis qu'Athènes prenait des mesures d'austérité budgétaire drastiques pour tenter de retrouver la confiance des investisseurs.

Source


http://changementclimatique.over-blog.com/article-nouveau-front-dans-la-guerre-sociale-des-financiers-en-europe-47326397.html
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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 04:02

Une opinion de Bernard Conte
La Grèce préfigure la Tiers-Mondialisation de l’Europe

La Grèce préfigure la Tiers-Mondialisation de l’Europe
inv

La cure d’austérité drastique à laquelle la Grèce est sommée de se soumettre trouve son modèle dans les politiques d’ajustement structurels qui ont été imposées par le FMI aux pays du sud après la crise de la dette déclenchée par la remontée des taux de la Fed en 1982, note l’économiste Bernard Conte. A l’époque, comme aujourd’hui, la véritable difficulté consistait à faire accepter aux peuples de supporter le coût de la crise. Mais depuis lors, les politiques permettant de faire passer ces purges amères ont été peaufinées, prévient-il, rappelant que l’OCDE a rédigé à toutes fins utiles un guide décrivant les stratégies à employer en de telles circonstances. On peut par exemple y lire que « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Cela ne vous évoque rien ?


La Grèce est très endettée et la finance internationale attaque ce maillon faible de la zone euro pour tester la cohésion de l’ensemble, avant éventuellement de spéculer contre d’autres pays pour générer d’énormes profits.


La réaction à cette attaque devrait entraîner la mise « sous tutelle » de la Grèce par la Commission européenne, par ses partenaires au sein de la zone euro et/ou par un éventuel Fonds monétaire européen. A l’instar des pays du Tiers-Monde à partir des années 1980, la Grèce va se voir imposer un programme d’ajustement économique et social drastique, traduisant sa Tiers-Mondialisation qui préfigure sans doute celle d’autres pays européens.


La Grèce enregistre des déficits publics importants qui doivent être financés par l’emprunt dont le cumul accroît le volume de la dette de l’État. Pour rétablir la confiance de ses bailleurs de fonds privés, le pays doit réduire son endettement. A défaut, la prime de « risque », réclamée par les bailleurs, qui s’ajoute au taux d’intérêt « normal » pourrait conduire à un taux usuraire. Georges Papandréou n’a pas le choix, il doit impérativement s’endetter moins, voire diminuer le volume de la dette grecque.


L’exemple du Tiers-Monde en 1982


La situation de la Grèce, liée au « surendettement », n’est pas sans rappeler celle des pays du Tiers-Monde lors de la crise de la dette de 1982. En effet, pour pouvoir faire face à leurs obligations financières, les pays du Sud, en quasi cessation de paiements, ont été « aidés » par le FMI et par la Banque mondiale. Ces institutions ont accordé des prêts aux pays du Sud afin qu’ils puissent rembourser leurs banques créancières. Lesdites banques ont ainsi pu transférer au FMI et à la Banque mondiale une bonne partie de leurs créances « pourries » (ou « actifs toxiques » en langage politiquement correct). En contrepartie, les pays « aidés » se sont vus imposer des programmes d’ajustement structurel, traduction du consensus de Washington [1] d’inspiration néolibérale monétariste.


A travers l’application de ses dix commandements, le consensus de Washington vise à permettre aux pays sous ajustement de recouvrer la capacité d’assurer le service (principal + intérêts) de leur dette extérieure. Il faut, à n’importe quel prix, dégager des fonds pour payer les créanciers.


Réduire le déficit de l’Etat


Cette démarche passe par la compression des dépenses et l’augmentation des recettes de l’État.


L’action sur la dépense publique implique la réduction :


- de la masse salariale de la fonction publique (baisse des effectifs et/ou du niveau des traitements)
- des autres dépenses de fonctionnement (éducation, social...)
- des subventions (services publics, associations...)
- des investissements publics (infrastructures...)


L’augmentation des recettes réclame :


- l’alourdissement de la fiscalité
- la privatisation de services publics rentables (eau, électricité...)


Plus généralement, la croissance est censée élargir les marges de manœuvre par le développement de l’activité économique qui, mécaniquement, augmente les recettes de l’Etat. La croissance peut être tirée par les exportations si la production nationale gagne en compétitivité externe, grâce à la dévaluation de la monnaie nationale, ou, si cette opération se révèle impossible, par la désinflation compétitive (comme pour le franc CFA avant la dévaluation de 1994 [2] ) qui consiste à obtenir un taux d’inflation plus faible que celui des pays concurrents.


La philosophie des programmes d’ajustement est, in fine, d’une part, de tenter d’augmenter la production locale de surplus (par la croissance) et, d’autre part, de réduire la consommation locale dudit surplus afin de l’exporter. En aucun cas, il s’agissait de se préoccuper du bien-être des populations.


Un bilan des ajustements dramatique


Malgré de nombreuses études financées par la Banque mondiale et le FMI, tendant à démontrer que l’ajustement générait de la croissance et, par effet de ruissellement, bénéficiait même aux pauvres. Les conséquences sociales négatives ont été rapidement mises à jour et dénoncées [3] . Ainsi, la pauvreté s’est accrue et les classes moyennes préexistantes ont été paupérisées. Les populations du Sud ont subi les conséquences funestes de l’ajustement pour rembourser des dettes dont elles n’avaient que peu profité.


La Grèce « inaugure » les politiques d’ajustement en Europe


Jusqu’à présent, l’ajustement néolibéral imposé était réservé aux pays « non développés ». La Grèce inaugure le processus de Tiers-Mondialisation de l’Europe en passant sous les fourches caudines de « l’ajustement ». A l’instar des pays du Tiers-Monde, il s’agit de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour rembourser la dette extérieure à travers la réduction du périmètre de l’État, la privatisation, la dérégulation, les coupes claires dans les budgets de santé, d’éducation...


La Grèce est un test pour l’Europe néolibérale


L’inconnue reste la réaction populaire. La population va-t-elle accepter l’austérité ? Déjà, des grèves et des manifestations se déroulent. Hier, le 11 mars, plus de 100 000 personnes manifestaient dans les rues d’Athènes. Au Portugal et en Espagne, la mobilisation sociale s’opère. L’ajustement va-t-il buter sur l’obstacle social ? D’autant plus que les conséquences des troubles sociaux pourraient atteindre le domaine politique avec l’émergence et l’éventuelle arrivée au pouvoir de forces politiques situées en-dehors du « consensus » : droite « molle » - gauche « caviar ». Mais, là aussi, les élites complices peuvent trouver l’inspiration dans l’expérience du Tiers-Monde pour faire « passer » les réformes.


La faisabilité politique de l’ajustement


Dans les années 1990, de nombreux travaux ont été menés, au sein de l’OCDE, sur la faisabilité politique de l’ajustement néolibéral [4]. Christian Morrisson prévient : « l’application de programmes d’ajustement dans des dizaines de pays pendant les années 1980 a montré que l’on avait négligé la dimension politique de l’ajustement. Sous la pression de grèves, de manifestations, voire d’émeutes, plusieurs gouvernements ont été obligés d’interrompre ou d’amputer sévèrement leurs programmes » (p. 6). Il convient de minimiser les risques et adopter une stratégie politique adéquate.


Prendre des mesures politiquement et socialement peu risquées


A partir de plusieurs études-pays, Christian Morrisson met en avant « l’intérêt politique de certaines mesures [...] : une politique monétaire restrictive, des coupures brutales de l’investissement public ou une réduction des dépenses de fonctionnement ne font prendre aucun risque à un gouvernement. Cela ne signifie pas que ces mesures n’ont pas des conséquences économiques ou sociales négatives : la chute des investissements publics ralentit la croissance pour les années à venir et met sur-le-champ des milliers d’ouvriers du bâtiment au chômage, sans allocation. Mais nous raisonnons ici en fonction d’un seul critère : minimiser les risques de troubles » (p. 16). Peu importe, « dans la réalité, les entreprises du bâtiment souffrent beaucoup de telles coupures [dans les investissements publics] qui multiplient les faillites et les licenciements. Mais ce secteur, composé surtout de petites et moyennes entreprises, n’a quasiment aucun poids politique » (p.17). « La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes [d’ajustement] » (p. 29).


Selon Christian Morrisson, cette mesure est « moins dangereuse politiquement » que d’autres « et elle touche les classes moyennes plutôt que les pauvres » (p. 29). En cas de troubles (grèves...), « le gouvernement a toutefois les moyens de faire appel au pragmatisme des fonctionnaires. Il peut, par exemple, expliquer que, le FMI imposant une baisse de 20 pour cent de la masse salariale, le seul choix possible est de licencier ou de réduire les salaires et qu’il préfère la seconde solution dans l’intérêt de tous. Les expériences de plusieurs gouvernements africains montrent que ce discours peut être entendu » (p. 29). Ce qui est vrai en Afrique l’est certainement sous d’autres cieux.


Agir sur la qualité des services publics


« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population » (p. 30). Sans commentaire !


Diviser et opposer pour imposer


« Un gouvernement peut difficilement [ajuster] contre la volonté de l’opinion publique dans son ensemble. Il doit se ménager le soutien d’une partie de l’opinion, au besoin en pénalisant davantage certains groupes. En ce sens, un programme qui toucherait de façon égale tous les groupes (c’est-à-dire qui serait neutre du point de vue social) serait plus difficile à appliquer qu’un programme discriminatoire, faisant supporter l’ajustement à certains groupes et épargnant les autres pour qu’ils soutiennent le gouvernement. » (p. 17). Comme « la plupart des réformes frappent certains groupes tout en bénéficiant à d’autres, [...] un gouvernement peut toujours s’appuyer sur la coalition des groupes gagnants contre les perdants » (p. 18). Il faut donc diviser et opposer pour imposer.


Un régime « dictatorial » serait idéal pour imposer les réformes


« Une comparaison pour les pays d’Amérique latine entre des régimes démocratiques comme la Colombie, l’Équateur, le Pérou, et des régimes militaires, comme l’Argentine et le Chili, en 1981-82, montre que les troubles sont plus rares lorsque le régime est militaire [...] La comparaison entre les deux expériences de l’Argentine sous un régime militaire (en 1981) et en démocratie (1987) est parlante : le niveau de protestation a été trois fois plus élevé en 1987 et il y a eu beaucoup plus de manifestations » (p. 12). Ainsi, un régime dur serait idéal pour imposer les réformes. Le néolibéralisme serait-il entrain de déraper ?


Au total, la Grèce préfigure bien la Tiers-Mondialisation de l’Europe




[1] Voir : Le consensus de Washington

[2] Bernard Conte, Dévaluation du Franc CFA et équilibre des paiements courants, DT n°20, C.E.D., Bordeaux, 1997

[3] Voir par exemple : Cornia, Giovanni Andrea, Richard Jolly, and Frances Stewart. Adjustment with a human face. Protecting the vulnerable and promoting growth vol 1. Oxford : Clarendon Press, 1987

[4] Cf. Christian Morrisson, La faisabilité politique de l’ajustement, Paris, Centre de développement de l’OCDE, Cahier de politique économique n° 13, 1996. (jusqu’à la dernière note, les numéros de page des citations se réfèrent au présent document).
_____________
*Maître de conférences à l’université de Bordeaux, 12 mars 2010


 
inv
 
http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article04/EkylZZlyZkQSlyfwUf.shtml

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 02:24

Crise du capitalisme ou pulsion de mort ?


  Né de la rencontre des économistes Gilles Dostaler et Bernard Maris, Capitalisme et pulsion de mort (Albin Michel) synthétise les conclusions de Freud et Keynes sur l'économie moderne basée sur l'accumulation, la destruction... et la jouissance qui en découle ! Un brillant ouvrage sur les ressors profondément humains de la crise dont Bernard Maris nous livre un résumé.

Qui se souvient que dans sa célèbre Théorie générale de l'emploi, John Maynard Keynes recommandait « l'euthanasie des rentiers  ? Paru en 1936, sur le brasier de la crise économique, le livre de l'économiste britannique trouvait un étonnant échos, quelques années plus tôt dans le Malaise dans la culture de Freud : le capitalisme est une névrose de la société qui, d'accumulation en risque incontrôlés auquel succèdent d'inévitables crises, jubile dans la destruction de lui-même. Comme Néron jouant de la lyre pendant l'incendie de Rome. Comme les banquiers partant en séjour de luxe pendant la crise financière.


VIDEO

La merde du stade anal et l'argent du capitalisme

C'est dans ces lectures croisées du père de la psychanalyse et du pape de la nouvelle économie que se sont retrouvés Gilles Dostaler, historien des idées, et Bernard Maris, économiste et chroniqueur. Fruit de leurs recherches communes, Capitalisme et pulsion de mort plonge aux racines des mécanismes qui font du capitalisme un système qui cherche sans arrêt sa propre destruction. Invoquant la notion freudienne de pulsion de mort, les auteurs y expliquent ce goût du risque, de l'accumulation de l'argent, culminant dans le société de consommation qui brule tout ce qu'elle touche (selon le principe du « consumérisme ») où tout est sacrifié au « principe de plaisir », au détriment du « principe de réalité », contredisant le principe freudien de la raison « la civilisation, c'est le refoulement ».

Mais, expliquent Dostaler et Maris, le génie de la civilisation est de détourner la pulsion de mort pour la rendre « productive ». Peu importe dès lors l'utilité de ce qui est produit, tant que cela l'est en quantité exponentielles permettant l'accroissement du capital sous sa forme pécuniaire. Que ces montagnes d'or qui dorment dans les coffres fondent et les banquiers et toute l'économie s'affolent pour les reconstituer, au nom de ce « désir morbide de liquidité » que dépeignait Keynes d'un trait de psychologue, devenu entre temps un cliché de la crise économique.

Cette envie de la masse, c'est le stade anal théorisé par Freud, où le bébé espère satisfaire la mère en produisant la seule chose qu'il sait produire : des excréments. Pour les deux scientifiques, le mot n'est pas trop faible : l'argent, c'est de la merde !


Peut-on dépasser le système ?

Conté d'une plume curieuse et érudite, l'ouvrage explore autant le fond des théories que l'histoire qui les a vu naître : on y découvre Keynes, traducteur de Freud, et Freud avide de connaissances économiques. Les références y sont nombreuses qui renvoient aux disciplines de Freud (comme Ferenczi) dont les marxistes freudiens (où Marcuse s'impose) jusqu'au philosophe chrétien de la violence dans la civilisation, René Girard.

Les auteurs restent cependant sceptiques : face à ces crises systémiques, aux dégâts humains et écologiques de l'économie, l'homme est-il capable de retenir la leçon et de changer de cap ? « La question n'est pas de refonder le capitalisme, concluent-ils. Elle est de savoir si on peut dépasser un système fondé sur l'accumulation indéfinie et la destruction sans limite de la nature. » Sur ce point, Keynes entrevoyait l'Eden d'une civilisation d'honnêtes hommes vivant de culture, de vin et de partage. Freud, pessimiste, imaginait un cycle d'éternel recommencement de la destruction. En un demi-siècle de pensée économique, il serait peut-être temps de trouver une réponse !

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 01:46
 
Mes amis,

En déplacement,  je me retrouve bloquée à cause des intempéries. La région où j'habite a reçu des assauts furieux, les vagues atteignant même plusieurs mètres de hauteur.  En attendant de rentrer, j'utilise un ordinateur de poche, un court moment, voici donc une publication empirique. Elle attirera votre attention sur une structure de plus en plus totalitaire, l'Union européenne. Attention, le nazisme, loin d'être vaincu, s'est perpétué, en mettant à mort les Etats souverains, et même l'Etat. Celui-ci ne fait plus qu'appliquer des consignes, et celles-ci sont contraires aux intérêts des peuples. L'UE dérive vers une dictature totalitaire, il semble qu'elle ait été, dès l'origine, conçue pour être un instrument du Nouvel Ordre Mondial, une étape vers un pouvoir toujours plus concentré, dominateur, liberticide. Au service de l'oligarchie financière, non élue démocratiquement, et prête à sacrifier les peuples aux intérêts bassement mercantiles.

Voici des éléments pour alimenter votre réflexion - et l'action, le cas échéant !

Votre eva R-sistons    


Le Plan Economique
Merkel Sarkozy
ressemble Etrangement A Celui Des Nazis Dans Les Années 40

Sous couvert d’éviter à d’autres pays européens la crise financière actuellement traversée par la Grèce, Merkel et Sarkozy ont proposé de créer un gouvernement fédéral économique européen. Ce plan ressemble étrangement à celui des Nazis dans les années 40 pour consolider leur pouvoir fasciste.

 
Le Plan Economique Merkel Sarkozy Ressemble Etrangement A Celui Des Nazis Dans Les Années 40

Selon le quotidien allemand Der Spiegel online « alors que l’état des finances de la Grèce fait chuter l’euro, des appels sont plus fréquemment lancés pour coordonner la politique fiscale au sein de la zone euro. Maintenant, l’Allemagne et la France ont présenté un document décrivant ce que pourrait être ce type de régime ».

L’objectif c’est de s’orienter vers une économie planifiée centralisée, Bruxelles exerçant un contrôle total sur les affaires financières des états membres, ce qui ressemble de plus en plus à du fascisme économique.

Jean Claude Juncker, président du conseil européen, a reçu la nouvelle proposition des mains du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, et de la ministre des finances française, Christine Lagarde, a mis l’accent sur la nécessité d’un « gouvernement économique européen » pour résoudre la crise de la dette de la Grèce.

Selon ce document « l’idée de départ d’établir une politique économique européenne commune, telle que présentée par le président de la commission européenne, Jose Manuel Barroso début février, nécessite que les pays soient contraints d’instaurer des réformes structurelles sous peine de sanctions financières »

Ce plan pour un nouveau « gouvernement économique européen » a également reçu le soutien de l’ex ministre des affaires étrangères allemand membre des Verts, Joschka Fischer, un ami proche de Daniel Cohn Bendit d’Europe Ecologie.

Fischer demande instamment que « les gouvernements français et allemand établissent un organisme de supervision financière avec suffisamment de mordant pour contrôler les finances des états membres ».

Cela rappelle ce qui a largement été documenté concernant la création de l’ancêtre de l’UE, le Marché Commun, un rejeton de l’Allemagne Nazie qui voulait préserver le pouvoir fasciste au-delà de la défaite d’Hitler.

Un rapport des services de renseignements militaires des US, EW-Pa 128, également connu sous le nom de «The Red House Report « détaille la manière dont les hauts responsables du régime nazi se sont rencontrés secrètement à l’Hôtel de la Maison Rouge à Strasbourg le 10 Août 1944 et sachant que l’Allemagne était sur le point d’être vaincue militairement, ont conspiré pour créer le Quatrième Reich - un empire pan européen économique sur la base d’un marché commun européen. De riches industriels nazis tels Alfred Krupp de Krupp Industries et Friedrich Flick, de même que des sociétés telles BMW, Siemens et Volswagen, ont activement œuvré à la construction d’un empire économique pan européen.

Selon l’historien Michael Pinto-Duschinsky « pour un grand nombre de dirigeants proches du régime nazi, l’Europe est devenue une couverture pour poursuivre les intérêts nationaux allemands après la défaite d’Hitler… La continuité de l’économie de l’Allemagne et des économies de l’Europe post guerre est frappante. Certaines des personnalités dirigeantes de l’économie nazie sont devenues les principaux constructeurs de l’Union européenne ».

D’autre part, dans son livre intitulé « Europe Full’s Circle » son auteur Rodney Atkinson fournit une liste des politiques proposées par les Nazis et leur similitudes avec celles de l’Union européenne.

Un autre auteur, Adam Lebor, qui lui aussi a amplement documenté cette continuité entre l’Allemagne Nazie et l’Union européenne, écrit à propos de cette proposition Merkel Sarkozy :

« Ces trois pages dactylographiées nous rappellent que l’initiative prise pour créer un état fédéral européen est inexorablement liée aux plans des SS et des industriels allemands pour un IVème Reich - un empire économique plutôt que militaire ».

Ce que Merkel et Sarkozy proposent c’est un « nouveau plan d’unité économique » avec un contrôle financier centralisé à Bruxelles sur les économies des états membres et dirigé de là bas. En 1940, le ministre de la propagande d’Hitler, Joseph Gobbels a ordonné la création d’une «unification économique de l’Europe sur une large échelle »« dans 50 ans les peuples ne penseront plus en terme de pays ».

Ainsi donc, le plus loyal allié nazi d’Hitler appelait à l’époque à « l’unification économique de l’Europe » et maintenant les Merkel Sarkozy Fischer et consorts appellent eux aussi de tous leurs vœux à cette unification économique européenne ce qui implique de facto que les états membres renoncent à diriger leurs propres économies, le coup de grâce après leur renoncement à battre monnaie avec la création de la zone euro, et le dictat imposé par la Banque européenne aux économies nationales.

Le fait que l’UE, sous l’impulsion de Merkel et Sarkozy, cherchent actuellement à confier à ses dirigeants non élus démocratiquement le pouvoir de contrôler directement les économies nationales est un signe d’une dérive totalitaire de l’UE. Si on ajoute à cela le fait que ces mêmes buts ont été par le passé poursuivis par l’un des régimes notoirement reconnu comme criminel et barbare, alors les citoyens des pays des états membres devraient se réveiller et manifester leur opposition à une telle dissolution des états nations dans une dictature européenne qui règlementera de plus en plus leurs vies au quotidien sans qu’ils ne puissent rien faire contre.

La première chose à faire c’est sur le plan national de chasser celui qui sous couvert de vouloir «défendre l’identité nationale » attaque l’état nation en utilisant le pouvoir qui lui a été confié. C’est ce que l’on appelle de la haute trahison. Un président en exercice peut être déchu pour cette raison.
Source :
Planète non violence

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 01:44
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             Le capitalisme porte en lui sa propre condamnation,
                                par Eva R-sistons


Mes amis,

Notre société a perdu la tête ! Le capitalisme, déjà pervers par définition car basé sur le capital plutôt que sur le travail, la spéculation plutôt que la production, devient complètement fou, virtuel, versatile, instable, exponentiel, s'octroyant tous les droits - au détriment du Droit, des citoyens, de la vie. Nous sommes lancés dans une course à la consommation complètement artificielle, incapable d'ailleurs de résoudre les besoins fondamentaux de l'individu, nos modes de vies sont radicalement changés, la ruralité ne sera bientôt plus qu'un souvenir, nous assistons à une concentration sans précédent à la fois des individus dans des villes deshumanisées, et du capital entre les mains d'un tout petit nombre d'individus indifférents au sort de leurs congénères, des générations futures, de la vie sur terre. Au final, la nature est sacrifiée, l'avenir est sacrifié, les peuples sont sacrifiés. Nous allons droit dans le mur - d'autant plus que le capitalisme, après avoir pris en otage les peuples et les avoir rackettés, grâce à la crise elle aussi artificiellement créée, se livre désormais, pour augmenter des profits déjà exponentiels, à la casse systématique des dernières protections sociales, des services publics, et même des services régaliens, réduits à la peau de chagrin: Par exemple, nos policiers et nos gendarmes ont de quoi être furieux; outre la politique lamentable du chiffre, la casse des missions de proximité (avec pour corollaire le fossé qui se creuse entre eux et la population), voici maintenant que le Pouvoir s'attelle à diminuer leur nombre de façon drastique. Alerte ! Notre environnement sera constellé de caméras de surveillance, tuant l'emploi et contrôlées par des services privés (comme les milices privées remplacent de plus en plus les armées de métier, non soumises au Droit de la guerre, se permettant tout).

La pandémie, elle aussi artificielle, aura également contribué à grossir les portefeuilles les plus épais.

Nouvelle étape, lorsque la casse sera complète et que les citoyens auront été rackettés par le truchement d'opportunes taxes vertes, lorsqu'ils auront été pressurés, délocalisés, flexibilisés, asservis, apeurés, privés de Droit du Travail, de protections sociales, de services publics adoucissant leur vie, et condamnés à une paupérisation galopante et dramatique, lorsque tout aura été privatisé, alors il restera au Capital assassin et vorace une dernière carte à jouer: La guerre, une vraie guerre mondiale qui réduira en cendres des pays entiers et qui procurera une nouvelle rente aux Banquiers, aux industriels de la Reconstruction, de la Chimie ou du Pétrole... Comme après la 2e Guerre mondiale, plaçant les USA en position de dominer le monde. Et les concepteurs de ces Plans laissent les peuples faire à leur place les guerres qu'ils programment contre la volonté des citoyens. Pour ces derniers, ruines, désolation, souffrances incommensurables, désespoirs, handicaps, blessures, disparitions, exils...  tandis que les maîtres du monde monnayeront le sang de ceux qui se seront battus à leur place, pour s'enrichir encore davantage - et cela bien à l'abri, gonflés d'arrogance, de mépris, de suffisance, de pouvoir et d'argent. Impunité totale pour les assassins de l'humanité ! Tapis rouges devant eux, monstrueusement rouges...

Ces lignes ne sont pas une vue de l'esprit, elles réflètent les réalités passées, présentes, et elles annoncent l'avenir aux couleurs du Nouvel Ordre Mondial. Un NOM qui sent le souffre et que nous avons le devoir de dénoncer et de combattre, car si nous sommes condamnés, autant l'être debouts plutôt que couchés.

De toutes façons, la croyante que je suis sait qu'un jour, les assassins de l'humanité répondront de leurs actes. Pour l'éternité, et le châtiment sera à la hauteur des forfaits accomplis. Effroyables ! 

Eva r-sistons à l'intolérable préparé par les concepteurs du Nouvel Ordre Mondial criminel. 

Le plus grand cataclysme économique de l'histoire humaine !

Le plus grand cataclysme économique
de l'Histoire

Pour ceux qui ne comprennent pas encore que 1929 était une partie de plaisir en comparaison de la destruction économique en cours, voici le graphique du centre de recherche de la Fed de ST Louis concernant la base monétaire US.

Vous remarquerez que tout s'est accéléré dans les années 70 (Vietnam, choc pétrolier) mais surtout au moment où le dollar a cessé d'être convertible en or (1971), devenu « flottant » (1973), c'est-à-dire déconnecté de toute réalité économique. John Connally, secrétaire au trésor, déclarait ainsi en 1971: « Le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème. »

Or, certains font semblant de croire que les USA vont s'effondrer sans rien faire. Leur puissance économique est détruite, certes, mais leur puissance militaire est intacte. Le pire est donc à venir en espérant que cela ne dégénère pas en troisième guerre mondiale menant l'humanité à sa perte.

Albert Edwards, responsable de la recherche à la Société Générale confirme (ce que j'annonce depuis 2 ans) que nous ne sommes pas dans une crise économique "classique". Il emploie d'ailleurs le terme "Global Collapse"!

Pour ma part, il s'agit plutôt de la fin de notre système économique, un système pitoyable de captation des richesses par un petit groupe de prédateurs, un système déséquilibré qui transforme tout en exponentiel ! Un système économique fonctionnant en circuit ouvert dans une biosphère fonctionnant en circuit fermé, de la folie!

Source et suite :
blog de Gilles Bonafi

http://panier-de-crabes.over-blog.com/categorie-10454103.html


La mue de la finance mondiale 
et la spéculation verte
 

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Le président Lula da Silva idole du World Economic Forum et du Forum social mondial.

La mue du capitalisme
 
L’économie occidentale, États-Unis en tête, est en train de muer… Les arthropodes (les crustacés ou les araignées par exemple), pour croître doivent périodiquement abandonner leur enveloppe devenue trop étroite pour une plus spacieuse. Chez les vertébrés, les serpents pratiquent également la mue, une période de vulnérabilité nécessaire pour endosser des habits neufs plus spacieux. Le « capitalisme » de l’ère manégériale [1] — autrement dit qui n’a plus rien à voir avec l’archéocapitalisme patrimonial dont les paléomarxistes continuent encore de nous rebattre les oreilles — connaît lui aussi ses cycles de mutation ou de transformation systémique.

En 1945 un modèle économique déferle sur ce que l’on nommait à l’époque « le Monde libre ». Un modèle qui scelle l’intégration de l’agriculture dans le secteur industriel annonçant l’unification, aujourd’hui visible, du marché global. L’une des dimensions saillantes de cette mutation concerne donc le secteur primaire (l’exploitation des ressources naturelles et matières premières non transformées) avec la mécanisation agressive et la conquête du marché de la production agricole par les multinationales de l’agrochimie. Bientôt nombre de fermiers naguère indépendants ne seront plus que des sous-traitants, des ouvriers-métayers en quelque sorte, des transnationales de l’agro-industrie.


Ce passage d’une économie, hier encore dominée par la ruralité (en France, 43,8 % de la population vit encore directement de la terre en 1906, 31 % en 1954) à une économie déjà post industrielle (bien illustrée par le film Playtime de Jacques Tati -1967) met un point final à la grande crise de 1929 dont la guerre avait été, entre autres, l’une des conséquences. Il faudra d’ailleurs plusieurs années aux Etats-Unis pour bénéficier pleinement, notamment à travers les aides liées du plan Marshall, des retombées de leur victoire. Les géants US des engins agricoles autotractés déferlent sur le Vieux Continent par le truchement de l’aide à la reconstruction… une industrialisation qui sonne la mort des terroirs et la fin du monde rural.


L’Europe de l’Ouest commence alors, à marche forcée, de se mettre aux normes anglo-américaines ; s’ouvre ici une époque que l’on nommera très abusivement les « Trente glorieuses ». L’adoption du « modèle » productiviste induit en effet dès 1945 un exode massif des campagnards qui affluent à la périphérie des villes. Exode qui ne s’achèvera que dans les années soixante-dix à la suite de la politique de remembrement des terres agricoles engagée en 1965. Une migration qui aboutit bientôt à l’hypertrophie carcinogénique des « banlieues » où naissent et croissent les cités dortoirs, dépotoirs humains où viendront s’entasser en 1962 les rapatriés d’Algérie avant d’accueillir le flux montant de l’immigration.


On voit aujourd’hui quels sont les bienfaits véritables de cette première grande mutation de la fin de l’ère industrielle : des paysages arasés par les restructurations territoriales et le recours à des machines de plus en plus monstrueuses, une nappe phréatique extensivement contaminée par un usage délirant des intrants chimiques, engrais et pesticides qui polluent également sous forme d’aérosols l’air que nous respirons jusqu’au cœur même de nos métropoles…

L’exode rural qui s’est étalé quarante années durant en Europe occidentale, s’accomplit aujourd’hui sous nos yeux dans l’Europe orientale soumise aux contraintes normalisatrices liées à la « construction » européenne. Cela sans pour autant que les leçons d’un passé encore récent aient été, en quoi que ce soit, tirées.


2008 aura, semble-t-il, été marqué d’une rupture analogue — au moins d’un point de vue civilisationnel — que celle qui accompagna la victoire alliée sur le Reich allemand. Après la destruction accélérée des sociétés traditionnelles d’Europe de l’Ouest qui ont été littéralement « déracinées » pour se trouver projetées dans la modernité consumériste (nous passons au cours de cette période d’une économie basée sur l’épargne à une autre fondée sur le crédit puis sur la dette chronique – une forme inédite de servage), nous assistons maintenant à un nouveau changement de paradigme écosociétal.


En 2010, après les douleurs de l’accouchement, c’est un autre modèle qui tente de se mettre en place qui réduira vraisemblablement l’industrie occidentale à la portion congrue au profit des activités de services et de très hautes valeurs ajoutées (électronique, génie génétique, nanotechnique, bionique, et cætera).

Mais au demeurant, quoiqu’on en dise, si la Chine monte en puissance en s’affirmant comme l’atelier du monde, les sources du pouvoir économique planétaire dans sa dimension financière se trouvent toujours sur les berges de la Tamise, du fleuve Hudson (et accessoirement de l’Amstel), ainsi que sur la rive gauche du Potomac où siègent les grandes institutions financières : Banque mondiale, Fonds monétaire international et surtout Réserve fédérale.


La rivalité euro-dollar


Le règne du dollar est certes contesté, mais n’est pas encore au bout de ses capacités de rebond [
2]. On l’a vu lors de sa réappréciation de février 2010 face à l’euro en proie à des attaques inamicales. Des événements trop récents pour être parfaitement éclaircis mais qui se déroulent comme souvent selon un scénario convenu : des établissements financiers de Manhattan tels Goldman Sachs auraient d’un coté aidé l’Etat grec à négocier sa dette sur les marchés, de l’autre ils manipuleraient certains « fonds spéculatifs » (hedge funds) pour lancer des attaques contre l’euro, en clair contre l’Union européenne à travers la Grèce… Ce qui en dit long sur l’audace de ces raiders et sur les capacités offensives du système, l’art et la science de la manipulation de la dette à des fins de mise sous tutelle (ou de rappel à l’ordre) des États. Le FMI, organe subsidiaire de l’informelle gouvernance mondiale, ne s’est-il pas proposé à l’occasion de la crise hellénique de venir se mêler d’aider l’Europe sous-développée désormais incapable de gérer seule sa dette ?


Les sanctuaires du dieu dollar évoqués perdureront donc autant que s’y trouvera pérennisée la source créatrice de la nouvelle économie mondiale financiariste considérée tout à la fois comme art, science et technique… autrement dit tant que ces places fortes de l’ultracapitalisme où s’élaborent toutes les gammes des nouveaux produits virtuels et les outils afférents, constitueront le cœur du réacteur de l’économie mondiale… C’est à ce titre que, quand le 15 septembre 2008 ce cœur s’est un instant arrêté de battre, c’est la planète entière qui s’est tétanisée.


Vers l’Amérique-monde


Suivant en cela l’exemple états-unien, l’Europe passe donc à présent progressivement (mais avec des décrochages impressionnants : vague de restructurations et de délocalisation des années quatre-vingt-dix, contraction brutale de 2009…) d’une économie de production à une “économie de services” en grande partie dominée par le tourisme (l’Europe-musée, un mixte de Disneyland et de Versailles). 


Le géant de l’automobile General Motors ayant été détrôné (successivement par Toyota puis Fiat, un fait non contradictoire avec la suite de notre propos), l’inventive Amérique est déjà « ailleurs ». Si les industries en général ne sont évidemment pas à mettre au rang de reliques économiques, il n’en reste pas moins que, pour sa part, la prospérité des États-Unis n’en dépend plus directement qu’en proportion moindre…


Notons au passage que certaines activités créent des dépendances quasi absolues pour les économies périphériques vis-à-vis du « centre » émetteur. Prenons l’exemple du semencier Monsanto qui, grâce à des espèces végétales génétiquement modifiées (OGM), étend son emprise sur une partie croissante de la planète en créant d’étroits liens clientélistes — notamment en raison du brevetage des semences — chez les producteurs ; des liens de sujétion dont ils auront beaucoup de peine à s’affranchir… et une cause de ruine pour les productions locales.


Il ressort clairement de notre propos que l’activité « motrice » de l’économie nord-américaine tend à présent à devoir être l’ingénierie financière avec son cortège de produits dérivés déclinés dans des gammes toujours plus étendues, originales et innovantes.


Le secteur industriel se trouvant par conséquent « rétrogradé », il devra trouver sa place exacte au sein de la nouvelle forme du capitalisme en cours d’élaboration, autrement dit occuper une nouvelle fonction au sein d’un système global dont la source, avons-nous dit, n’est autre, à portée de vue et pour un temps indéfini, que l’Amérique-monde.


Le carbonne,
économie dématérialisée


La souplesse adaptative des salariés états-uniens — il est coutume de parler maintenant, sur le mode anglo-saxon, de flexibilité — habitués qu’ils sont à une « économie nomade » (nul n’hésite en Amérique à se déplacer du nord au sud et d’est en ouest du continent pour un emploi ; un état d’esprit hérité des migrants de l’ancien monde, du Pioneering Spirit ou tout bêtement, d’une nécessité s’étant imposée avec la Grande Crise des années trente) qui n’est pas dans les traditions de la veille Europe… en dépit du fait que celle-ci ait connu d’importantes vagues d’émigration principalement vers les États-Unis : Italiens, Grecs, Suédois et un quart des Irlandais après la grande famine de 1845-1849.


C’est à tort que les Européens suivent donc l’exemple de la désindustrialisation US et que nous fonçons tête baissée dans les leurres de l’économie dématérialisée et de son dernier avatar l’économie-carbone.


Fragilisée par la mondialisation et la concurrence des pays producteurs à moindre coût social et environnemental, l’industrie européenne est à l’heure actuelle sous perfusion, ce pourquoi il faut dénoncer sans relâche le piège tendu par la classe politicienne européiste, de « droite » comme de « gauche », qui voudrait plomber plus encore la production industrielle sous ces taxes-carbone qui seraient autant de pénalité supplémentaire dans un secteur déjà mis au pillage par les produits manufacturés ultra-concurrentiels des économies dites émergentes.
 

Nous ne parlons pas ici des groupes transnationaux qui eux échappent largement à l’impôt (taux moyen d’imposition à 30 % contre 45 % en France pour les entreprises ordinaires) en ayant recours aux places financières off shore (autrement dit les paradis fiscaux insulaires). Une situation parfaitement injuste mais cependant rendue nécessaire par les conditions mêmes de la concurrence mondiale… Quant à Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, ci-devant président de la Conférence d’experts sur la création d’une taxe carbone ou Contribution climat énergie (CCE), il s’est fait le bon apôtre de taux prohibitifs pour la taxation carbone à l’instar des « Verts » qui paradoxalement sont parvenus à convaincre l’opinion de leur engagement philanthropique au service de l’humanité exploitée.


De grandes puissances interdépendantes
et néanmoins en guerre les unes contre les autres


Le lecteur commence certainement à saisir notre propos… Londres et Amsterdam étant la base-arrière-avancée de Manhattan dont l’emprise s’étend à l’Union européenne par le truchement du « NYSE Euronext, Inc » né en 2007 de la fusion entre le New York Stock Exchange et le groupe Euronext, lui-même issu de la fusion en 2006 du London International Financial Futures and options Exchange avec les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Porto, l’Europe se voit incitée à se fondre de plus en plus dans la nouvelle économie du « néant ».


Par néant il faut entendre de l’actif artificiel, de la valeur matériellement inexistante, des jeux d’écritures (dont les quotas d’émission carbone) appuyées sur une monnaie de singe, le dollar papier et sa version obligataire sous forme de TBonds… Gardons en mémoire qu’en 2009 l’État fédéral US faisait imprimer les billets — dont la valeur réelle se rapportait à leur seul coût d’impression — avec lesquels il se rachetait de la main gauche les bons du Trésor émis de la main droite. Étonnant jeu de bonneteau !
 

Jeux d’écritures, tours de passe-passe et économie virtuelle sont tout un. L’économie-carbone, les nouvelles filières vertes créées de toutes pièces à partir de calculs et de conclusions se parant des prestiges de la science pour mieux la trahir, n’a évidemment pas pour finalité une réorientation substantielle de l’économie au profit d’une gestion rationnelle des ressources ménagères de l’avenir, mais principalement la relance de la croissance et la consolidation du Marché.


De ce point de vue, la distorsion du réel et le détournement d’une légitime inquiétude des opinions relatives à la destruction accélérée du milieu naturel à des fins mercantiles, se révèlent à l’usage extrêmement juteuses… et si « le mort saisi le vif », le système failli dont les turpitudes ont été mises à nu (mais sans conséquence immédiate pour lui), se refait une virginité en transférant, sans autre forme de procès, la totalité de son patrimoine génétique et de ses capacités de nuisance au secours prétendu de la planète agonisante.


Pour l’heure, contrairement à ce que beaucoup pensent, l’arrivée sur la scène internationale de nouvelles grandes puissances — Chine, Inde, Brésil — ne change rien sur le fond à la configuration dynamique du Nouvel Ordre mondial, au contraire dès lors que tous sont solidairement interactifs au sein d’un système unique dont les centre nerveux se trouvent au nord-est des États-Unis et au Royaume-Uni.
 

Nous n’assistons donc qu’à une recomposition de la division internationale du travail avec pour corollaire une mondialisation (un marché unifié) dont l’intégration progresse à vue d’œil… Sommairement, la Chine est ainsi devenue le premier État-atelier de l’économie-monde, l’Inde en est le sidérurgiste et le prestataire de services informatiques, le Brésil produit les oléoprotéagineux nécessaires à notre surconsommation de produits carnés et des agrocarburants destinés à alléger certaines dépendances aux produits pétroliers importés…
 

Certes des règles communes sous l’égide de l’Organisation mondiale du Commerce et une interdépendance modératrice des ardeurs concurrentielles induisent certaines formes de solidarité entre les acteurs au sein du système universel, ceci contribuant à créer réciproquement de la richesse.
 

Cependant ce serait une lourde erreur que de prendre les inévitables, voire inexpiables, rivalités entre grandes puissances pour le contrôle et la mainmise sur les ressources naturelles, pour une contestation ou une remise en question du système par les uns ou par les autres.… De féroces concurrents qui s’affrontent dans des guerres indirectes, guerres masquées comme celle par exemple opposant les Etats-Unis et la Chine sur le continent africain, au Darfour en particulier.


Les antagonismes sont en effet d’abord géostratégiques dans le cadre de cette « impitoyable guerre économique qui ne dit pas son nom » (François Mitterrand)… Mais, contrairement aux désirs des adversaires du mondialisme, nul parmi les « Grands » ne propose une quelconque révolution conceptuelle… À savoir une sortie du modèle ultralibéral et la construction d’une vision holistique des rapports de l’homme avec son environnement biologique et physique, et de la place qu’il doit occuper dans la Nature et singulièrement dans le fleuve du vivant [3].


Jusqu’à preuve du contraire la Fédération de Russie, opposant de longue date au bloc atlantiste, ne propose aucune alternative au système actuel et surtout, n’évoque pas même la nécessité d’en chercher une. Ennemie du bloc capitaliste depuis 1945 et jusqu’à la fin du régime soviétique, les deux superpuissances n’en continuent pas moins à fonder leur légitimité morale sur un certain nombre de mythes (ceux-là mêmes aujourd’hui remis en cause par les pays Baltes) fondateurs du Nouvel Ordre International né, peu ou prou, en 1945 à Yalta. Quant à la Chine populaire et néo-impériale, elle est l’exemple même d’une intégration réussie au sein du système global ultralibéral.


Cependant, quelle que soit la force des interdépendances qui lient actuellement les partenaires et rivaux (la moitié des réserves d’actifs chinois sont libellées en Bons du Trésor US, soit quelque 1400 milliards de $), cela ne signifie pas que n’éclateront pas des guerres locales ou régionales…

Les zones de tensions ou de frictions sont nombreuses et chacun s’entendra à défendre becs et ongles ses territoires de chasse, à savoir ses marchés, sa clientèle, ses sources d’approvisionnement, ses zones d’influence.


Les différents Pékin-Washington sur le Tibet et Taïwan sont illustratifs de ce point de vue. C’est à tort que l’on croirait, avec plus ou moins d’autosuggestion, que l’actuel système d’interdépendances économiques et financières fortes garantisse la stabilité et la paix. Insistons sur le fait que les rivalités et les antagonismes géopolitiques et géoéconomiques ne constituent en aucun cas une remise en question de la logique systémique aujourd’hui à l’œuvre pour le plus grand dommage des hommes, des peuples, de la civilisation et du vivant en général.


Le collectivisme
n’est pas l’alternative


Dans le même ordre d’idée, c’est à partir de ce constat qu’il faut apprécier la portée et la signification exacte de la contestation qui s’est exprimée à Copenhague en novembre 2009 ou au forum social de Porto Alegre fin janvier 2010.


La position des Verts a été analysée comme participant d’une surenchère libéraliste-libertaire visant à toujours plus de liberté pour le marché et à un encadrement fiscal et réglementaire toujours plus étroit pour les industries nationales moyennes ou petites (indépendamment de leur présence sur les marchés extérieurs) à l’exception des groupes transnationaux qui eux y échappent en grande partie, avec l’active complicité des gouvernements grâce à leurs domiciliations excentrées (Macao, Chypre, Îles anglo-normandes, Bahamas, des enclaves juridiques comme l’Etat du Delaware etc.)…
 

Mais le « système » ne l’impose-t-il pas ? Il faut à ce propos éviter de tomber dans un moralisme à la petite semaine : la guerre économique, bien réelle mais peu visible pour l’opinion, relève essentiellement de la real politiktraders, lesquels ne sont que des agents du système et en aucun cas des donneurs d’ordre ou des décisionnaires de premier plan. et non de la morale ordinaire. Il est facile d’ailleurs pour les décideurs politiques d’agiter des chiffons rouges sous les yeux de l’opinion et de lui livrer en pâture les paradis fiscaux — qui n’ont joué aucun rôle dans la crise — ou les sur-rémunérations des  traders, lesquels ne sont que des agents du système et en aucun cas des donneurs d’ordre ou des décisionnaires de premier plan.
 

Autant de leurres destinés à polariser l’indignation et à divertir ainsi l’attention des foules sur des points marginaux en faisant coup double par l’élimination de « paradis fiscaux » concurrents, la Suisse, le Luxembourg, le Lichtenstein par exemple. « Paradis » qui, à bien y regarder, constituaient autant d’isolats culturels et de bastions de résistance au laminage mondialiste et à la « moralisation » sur mesure qui le précède : une exigence de moralisation des acteurs au seul profit des places fortes anglo-américaines, au final destinée à assurer un quasi monopole aux paradis domestiques, Londres et Manhattan en tête…


L’ultralibéralisme ennemi des libertés8 en général - sauf en ce qui regarde celles des marchés, la libre circulation des marchandises, des signes monétaires et des oligarchies qui en sont détentrices - se révèle être en réalité une forme de despotisme exacerbé à l’égard des producteurs indépendants et de la propriété patrimoniale.
 

À l’expérience, force est de constater que la « dérégulation » du marché — ce qui constitue sa raison d’être : une absolue liberté transactionnelle condition d’une supposée richesse des nations — s’accompagne nécessairement d’une destruction corrélative des structures sociales… Car fluidifier le marché revient à dissoudre l’organisation sociétale existante pour la « recomposer » ici, et parfois « ailleurs » lorsqu’on délocalise et que l’on débauche massivement… C’est également encourager la fragmentation sociale en segmentant le marché à l’infini, c’est-à-dire en créant de nouveaux besoins pour de nouvelles clientèles développées plus ou moins artificiellement à coup d’incitations consuméristes, égotistes et libertaires (l’individu s’affirmant par opposition à la norme sociale)… ados, enfants de plus en plus en plus jeunes, minorités sexuelles, ethniques, dysfonctionnelles deviennent autant de segments d’un marché communautarisé comme facteur de délitement du corps social.


Quant au tissu industriel européen, il est démantelé et transféré dans les pays à économie émergente laissant sur le carreau les hommes et leur savoir-faire (ne parlons pas des brevets rachetés ou transférés avec les entreprises dépaysées !)… Or les choses ne se faisant pas sans casse, un contrôle social de plus en plus serré et des normes sécuritaires de plus en plus lourdes s’imposent. Le paradoxe n’est donc qu’apparent entre libéralisation du marché et restrictions des libertés, l’une ne pouvant aller sans l’autre…
 

Certes les Altermondialistes réunis à Porto Alegre demandaient à cor et à cris « plus de régulation », mais sans pour autant remettre en question la logique intrinsèque du système, sauf pour quelques-uns uns à retomber dans l’imposture idéologique d’un anti-capitalisme, faux-nez du collectivisme.


En effet, pas plus que les « Verts », les Alter-mondialistes en général ne sont des contestataires conséquents de l’ordre établi et du paradigme hypercapitalistique (système de l’économie-monde ultralibérale) qui n’est au fond qu’un prolongement moderniste d’une économie de pure prédation dont on aurait retranché la sagesse des peuples primitifs qui savaient, eux, ménager leurs ressources en ne les épuisant point tout à fait...


Qu’est-ce qu’en effet qu’un système basé sur la destruction sans limites (la consommation au sens premier du terme) et sans ménagement du futur ? Il s’agit donc maintenant d’arrêter de « dévorer » la planète, autrement dit, cesser de pratiquer l’autophagie : celle du monde qui nous porte, notre enveloppe matricielle.


Les deux visages
de Lula da Silva


Il aura suffi d’observer avec amusement les aller et retour Davos-Porto Alegre du président brésilien Lula da Silva où il a été accueilli en alter héraut, pour se convaincre que les deux sommets ne sont que deux scènes et deux manifestations d’une seule et même représentation.


Qui est d’ailleurs Luiz Ignacio da Silva dit « Lula » ? [4] Au risque de contrevenir aux clichés établis, l’alter héraut de la mouvance alter-mondialiste (laquelle comme son nom l’indique n’est pas opposée au mondialisme, mais veut l’orienter différemment) est un populiste néo-conservateur à la mode sud-américaine. Il en a d’ailleurs le « profil » : ancien syndicaliste trotskyste, son parcours idéologique est somme toute analogue à bien des égards à celui de nombre de ces hommes d’influence que l’on retrouve propulsés sur le devant des scènes politiques de l’aire euratlantiste… ou que l’on croise — en réserve d’un destin fédéral au sein de l’Union — dans les diverses « Fondations » qui pullulent à Washington.


Lula da Silva de la même façon, aura eu un parcours exemplaire : de la lutte subversive à la méga agro-industrie (carburants « verts » et protéines végétales) qui s’étend à l’infini sur les cendres de la forêt amazonienne et sur le corps vivant de ce prodigieux joyau naturel qu’est le Pantanal. Ironie du sort son nom, da Silva, renvoie à la selve primordiale, celle-là même que cet alter héraut d’un mondialisme paré aux couleurs de l’humanisme tiers-mondiste, cet ami des puissants, fait détruire à un rythme effréné [5].


Consommer « écolo »


De la même façon que certaines mouches parasites pondent un œuf sur certaines fourmis, lequel œuf devenu larve dévore son hôte de l’intérieur, la révolution conservatrice néolibérale (qui tire une forte part de son inspiration du courant révolutionnaire trotskyste), après s’être débarrassée de toute servitude éthique, s’est maintenant installée sans bruit dans la peau de l’écologie pour la phagocyter sans tapage.


De sorte que la « contestation » environnementaliste récupérée se retrouve placée au centre du système avec un statut d’outil privilégié de relance et accessoirement comme moyen de légitimation de l’ordre « intérieur », de la contention des peuples nécessaire au nom de l’urgence éco-climatique, cette dernière justifiant a posteriori le libre exercice des forces du marché. Le « développement durable » redore ainsi le blason terni de l’hypercapitalisme, fait passer au second plan sa contestation et rend acceptable (déculpabilise) tous les excès d’une consommation compulsive.


Consommation qui ne vise pas à satisfaire des besoins, mais assure le recyclage permanent de productions à courte durée de vie. Servant par la même occasion à compenser toutes les frustrations engendrées par des modes de vies artificialisés… À estomper du même coup l’anxiété diffuse liée à une instabilité sociétale croissante et accompagnant l’accélération continuelle de la circulation des biens et des signes monétaires.


Une accélération des cycles production/destruction qui déstabilise en profondeur les sociétés post-industrielles puisque la quête de gains rend nomades les approvisionnements en matières premières et la production, les fonds d’investissements étant en perpétuelle migration opportuniste selon la logique des essaims de criquets pèlerins. Une surconsommation qui libère également d’une culpabilité rampante installée depuis peu dans les consciences (et pas seulement celles des occidentaux) qui ne peuvent plus davantage ignorer les ravages d’un système prédateur sans foi ni loi…


Le parler « vert »


La « période verte » de l’ultralibéralisme s’entoure d’un abondant et savant brouillard rhétorique relatif à une « croissance respectueuse de la nature », cela grâce aux énergies renouvelables, aux industries de dépollution, au génie génétique, à la recherche, etc, etc...
 

Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (Giec) [6], organe technique de la gouvernance mondiale, a réalisé un montage qui a fait illusion le temps suffisant à créer un nouvel élément mythique pour l’édifice idéologique justifiant la construction et l’instauration d’un pouvoir supranational à l’échelon planétaire, autrement dit l’instauration d’une « gouvernance » mondiale. Gouvernance qui échoira nécessairement aux mains d’oligarchies financières, celles-là même qui nommeront, ou éjecteront, les hommes et les gouvernements chargés de relayer leurs politiques à travers le monde.


Le catastrophisme écologique comme interprétations de fluctuations et des phénomènes climatiques qui échappent encore à une pleine compréhension scientifique, est ainsi maintenant exploité à fond pour orienter l’opinion publique afin que celle-ci s’engouffre dans des voies toutes tracées et soigneusement balisées par un « système » se présentant finalement en sauveur de l’humanité.


Une démarche qui, en s’appuyant sur la peur d’un réchauffement climatique cataclysmique, mais avec l’autorité de la communauté scientifique, exclue d’emblée toute réflexion sur le fond et manie la peur… Une crainte qui se combine à une culture de la « Solidarité » à l’égard des plus démunis dont les manifestations les plus spectaculaires ont eu lieu à l’occasion du Tsunami (26 décembre 2004) et du séisme de Port-au-Prince (13 janvier 2010). Des solidarités de masse méthodiquement et médiatiquement entretenues afin d’alimenter en abondance le « secteur » en pleine expansion de l’aide humanitaire.


Peur universelle et solidarité active destinées in fine à bannir toute raison raisonnablement critique à l’égard d’un système qui exploite simultanément d’un côté la peur et de l’autre la compassion sur fond d’optimisme irrationnel suivant lequel « l’Humanité menacée dans sa survie trouvera toujours une solution aux défis qu’elle est appelée à relever ». Or rien n’est moins sûr !


Il n’en demeure pas moins que dans la situation présente la solution avancée, l’hypercapitalisme repeint aux couleurs de l’Arc-en-ciel, n’est pas la solution, mais la perpétuation du mal lui-même… Quelques symptômes — les plus criants — seront effacés du paysage, mais le mal continuera à ronger les sociétés et à dévorer la nature condamnée à dépérir jusqu’à ce que désert s’ensuive.


A contrario
le marché rebaptisé « durable » continuera à déployer son inexorable logique de croissance exponentielle et d’exploitation à mort des « ressources » naturelles et humaines. Quant aux échanges se voulant « équitables », il est en toute logique destiné à rester relativement marginal puisque hors circuits des mégastructures commerciales génératrices de plus-value at large. Une industrie de la rente jamais à court de paradoxes ni d’inventivité qui fera prospérer par exemple, le commerce des permis de polluer tout en faisant admettre génialement (et sans rouspétance) l’amère pilule des innombrables éco-taxes présentes et à venir. Ainsi la société éco-totalitaire est-elle, quoiqu’on en veuille, en marche sur une route densément pavée de bons sentiments.


Le prosélytisme de la peur


Replacé dans le contexte des grandes peurs tétanisantes qui ont été instrumentées depuis le début du millénaire (le Terrorisme infiniment moins dangereux et meurtrier que le trafic de drogue, et, à ce titre, revêtu d’un inquiétant caractère d’irrationalité ; la pandémie fantôme de grippe porcine ; la crise financière qui aura permis un enrichissement spectaculaire, après refinancements publics, d’établissements financiers dont les dérives coupables auront été la cause d’un krach boursier de magnitude élevée…), la suspicion légitime qui se manifeste et qui croît à l’égard du discours dominant montre un divorce grandissant entre l’opinion publique – au sens large – et des gouvernements qui ne tiennent aucun compte de ce désaccord, voire de ce désaveu.
 

À ce sujet le rôle déplorable joué par la grande presse est proprement détestable... Il aura fallu qu’une partie de la communauté scientifique s’insurge du trucage à grande échelle des chiffres et des résultats du Giec pour que l’on commence, sous la pression de révélations difficiles à nier, à faire quelques concessions en vu d’apaiser une certaine « colère » montante. Sur le fond pourtant rien n’a changé : la finance verte est opérationnelle, la « machine » globalisante est lancée et nul n’annonce un quelconque retour quant aux taxations carbone…
 

Au final, pour nous résumer, que constatons-nous ? Qu’ayant déclenché et orchestré la grande peur du réchauffement climatique, le Club des puissants vient d’inventer une nouvelle forme d’économie dématérialisée, le commerce du « carbone », un concept décliné sous d’innombrables formes et qui, en tout premier lieu, permet d’instituer le premier impôt mondial de l’histoire humaine… rendant imposables sur le papier, les pauvres comme les riches. Mais ces derniers ayant plus d’un tour dans leur sac s’entendent déjà pour monnayer et truquer leur quote-part.


Nombre d’économistes (une corporation qui a souvent un temps de retard sur les événements, on l’a assez vu à l’automne 2008 !) glosent à présent sur la désindustrialisation et le déclin de la puissance états-unienne ! Mais ces “spécialistes” ont des yeux pour ne pas voir. C’est à se demander comment ils font pour sembler ne pas comprendre de quelle façon fonctionne le monde au XXIe siècle ? Et partant, quelle conception archaïque, académique ou instrumentale du Nouvel Ordre Mondial est la leur pour ne pas mieux lire dans “Copenhague” à cœur ouvert ?
 

Il importe peu que la manip sur le réchauffement climatique commence à être éventée, ceci tant que la contre-information se trouve confinée sur la Toile et dans la mesure où le mensonge institutionnalisé a la peau dure et même qu’il est quasiment increvable tant qu’il est utile… Entendons par là, la « vérité » imposée par les médias, supports officiels de la pensée unique et de la Novlangue dont le rôle exclusif est de diffuser de la propagande et de la publicité en faveur du Meilleur des Mondes (sous couvert de divertissement)... Deux volets d’une seule et unique réalité. En effet, l’idée d’une menace catastrophique d’ordre climatique (renforcé par de nombreux épisodes récents, cyclones, raz-de-marée, séismes, etc.), inlassablement ressassée et relayée par les télévisions est finalement parvenue à s’enraciner profondément dans l’opinion sur fond de culpabilité diffuse.


Un parallélisme serait d’ailleurs à établir avec les campagnes relatives à l’imminence du collapse climatique et celles liées la pandémie de grippe porcine. Les secondes s’étant développées naturellement sur le terrain psychologique créé et préparé par les premières. Même cause, même effets, car à l’arrivée le « commerce de la peur » s’avère être d’un haut rendement économique et financier : alors que l’industrie pharmaceutique donnait des signes de fléchissement (échéance des brevets pour nombre de molécules appelées sous peu à passer dans le domaine public, celui des “génériques”), l’opportune pandémie et son cortège de frayeurs, est arrivée à point nommé pour relancer la machine. Allelujah !


Les « crédits carbone »,
un commerce frauduleux


Le commerce du carbone ne date pas tout à fait d’hier, les pays industrialisés ont négocié entre eux dès 1990 une répartition des émissions de gaz à effet de serre. À l’époque l´Union soviétique possédait encore un vaste parc industriel et de ce fait s’est vue attribuée une importante dotation. Un an après, en 1991, l’Union soviétique collapsait. Avec l’effondrement de sa production, ses émissions ont rapidement décliné. Il n’en demeure pas moins que ces gaz qui ne seront jamais émis sont considérés comme acquis par la Russie et ses ex-satellites d’Europe orientale, qui les font intervenir à chaque négociation notamment sous forme de droits d’émission revendus au plus offrant. Ainsi, en vertu du système actuel, les États-Unis acquièrent des droits chez les nouveaux membres de l’Otan d’Europe de l’Est et se prévalent ensuite de réductions inexistantes. Autre cas de figure, si le Royaume-Uni finance la Chine populaire pour qu’elle démantèle une centrale au charbon et construise un barrage hydro-électrique, Londres bénéficie de cette réduction d’émissions de carbone, en raison des réductions globales prévues par pays. De son côté, la Chine se prévaut également de ses nouveaux équipement hydroélectriques et les déduire de ses quotas d’émission.

Pour compléter un tableau de toute façon non exhaustif, évoquons le procédé des « forêts fictives » connu sous l’acronyme de LULUCF (Land Use, Land-Use Change and Forestry) soit, l’Utilisation des terres, le changements d’affectation des terres et la foresterie. Les forêts étant autant de capteurs naturels du dioxyde de carbone, des crédits sont accordés pour leur préservation. Or les multinationales de la foresterie, nippones, canadiennes, suédoises et finlandaises sont parvenues à introduire une clause selon laquelle la « gestion durable des forêts » leur permet de réaliser des coupes à blanc sans perdre pour autant les crédits carbone attachés à la préservation intégrale des forêts. De sort qu’une forêt rasée n’alourdit pas votre bilan carbone !

Enfin notons que toutes les recommandations scientifiques prennent l’année 1990 comme point de référence du niveau dangereusement élevé dont nous devons partir. Alors, quand nous parlons d´une réduction de 40 pour cent, nous voulons dire 40 pour cent de moins qu’en 1990. Mais les Etats-uniens ont — dans un éclair de génie publicitaire — décidé de prendre 2005 comme leur niveau de référence. Tout le monde parle des niveaux de 1990, sauf eux. Alors, quand Wahington promet une réduction de 17 pour cent par rapport au niveau de 2005, il propose en fait une réduction de 4 pour cent par rapport au niveau de 1990 — beaucoup moins que les autres pays riches —.


Jean-Michel Vernochet

Ancien journaliste au Figaro Magazine et professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Dernier ouvrage paru : Europe, chronique d’une mort annoncée (Éditions de l’Infini, 2009).

 

Source : Voltairenet

Pour les liens, voir ici :

http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-la-mue-de-la-finance-mondiale-et-la-speculation-verte-45925321.html
 


George Soros, la crise de l'euro
et le Nouvel Ordre Mondial


Mecanopolis

Article mis à jour le 2.02.10 à 03h44


Selon le « Wall Street Journal » des « hedge funds » emblématiques – Soros Fund Management en tête – se sont accordés sur un net déclin de l’euro par rapport au dollar. Ils visent, à terme, la parité dans le cadre d’un scénario de crise majeure de l’Union européenne. La semaine s’annonce cruciale pour la Grèce et l’Europe, qui s’enfoncent dans la crise.


soros


Des dirigeants de hedge funds majeurs se sont accordés lors d’un dîner discret à Manhattan pour parier gros sur la baisse de l’euro, selon le Wall Street journal de vendredi dernier. Parmi eux, le milliardaire américain George Soros. (...)

la suite >>>>

 

A lire ou à relire

26 Février 2010, Placé par Mecanopolis.
grece1En théorie, il y a deux solutions pour sortir de la situation de crise de la dette des Etats : le retour aux déflations dures des années 1930 ou bien une baisse drastique, immédiate (...)


http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-george-soros-la-crise-de-l-euro-et-le-nouvel-ordre-economique-mondial-45898860.html


L' UE impose un nouveau
tour de vis à Athènes

Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires.

Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires.

Le commissaire européen Olli Rehn demande aux Grecs d’être crédibles auprès des marchés

Abolition du 14e salaire dans la fonction publique, réduction des rémunérations de certains fonctionnaires, hausse de la TVA et des taxes sur les carburants, l’alcool et les cigarettes. Telles sont les nouvelles mesures d’austérité que la Grèce pourrait, selon les spéculations, adopter en échange d’une éventuelle aide européenne pour résorber son déficit budgétaire. Le nouveau tour de vis a fait l’objet des discussions lundi à Athènes entre le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn et les autorités grecques.


«Des risques liés aux évolutions macroéconomiques et au développement des marchés sont réels et des mesures de consolidation supplémentaires sont nécessaires pour être sûr d’atteindre l’objectif d’une réduction du déficit cette année», a déclaré Olli Rehn à l’issue d’un entretien avec le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou. La Grèce s’est engagée à ramener son déficit budgétaire de 12,7% de son produit intérieur brut (PIB) en 2009 à 3% en 2012. Pour cette année, elle doit le réduire de 4 points. Olli Rehn a insisté pour que la Grèce montre sa détermination à redresser ses finances publiques et, surtout, à convaincre les marchés.

Corruption et bureaucratie


Les autorités grecques ont déjà mis en place un vaste plan dès le mois dernier pour réduire les dépenses publiques et augmenter les recettes. La population, tout en protestant contre les mesures d’austérité, se dit prête à avaler la pilule amère.


Selon le quotidien grec Kathirimini, les Grecs n’ont pas de choix que de consentir aux sacrifices. «Le pays doit introduire des changements structurels dans la fonction publique ainsi que dans le système de sécurité sociale», écrit son éditorialiste. Ce dernier, en passant, ne se prive pas d’égratigner les responsables européens qui hésitent à concrétiser un plan de sauvetage et nourrissent ainsi la spéculation.


Le journal donne quelques pistes pour moderniser l’économie grecque. «Le tourisme, le shipping et la construction ne suffisent plus et nous devons développer de nouveaux secteurs pour attirer des investissements. Nous sommes un pays trop cher et la corruption et la bureaucratie rongent jusqu’à 40% des salaires», poursuit-il. Avant de proposer que le pays devienne un centre d’excellence en matière d’éducation et de santé et créer des milliers d’emplois.

Source : LeTemps.ch

ose-un-nouveau-tour-de-vis-a-athenes-45895101.html">http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-l-ue-impose-un-nouveau-tour-de-vis-a-athenes-45895101.html




Lire aussi :

Les banques exigent des mesures d'austérité à l'encontre des peuples 

Extraits: La découverte de cette pandémie de gaspillage est une réaction directe aux exigences du capital financier international. Après avoir plongé le monde dans un désastre économique par leur course effrénée à l'enrichissement personnel, et poussé leurs Etats respectifs dans la faillite pour les avoir renfloués, les seigneurs de la finance font appel à leurs aides au gouvernement pour protéger leurs investissements en réduisant radicalement les budgets des programmes dont dépendent des centaines de millions personnes

Ces chiffres montrent que l'élite financière américaine, grâce aux bons offices du gouvernement Obama, a exploité la crise qu'elle a fabriquée de toutes pièces pour appliquer son programme de longue date de restructurer les rapports de classe en réduisant radicalement et de façon permanente les niveaux de vie de la classe ouvrière.


C'est une accélération de l'offensive menée depuis de nombreuses décennies par la classe dirigeante. L'élite dirigeante américaine a déjà énormément accru sa part de la richesse nationale grâce aux réductions des impôts pour les entreprises et les riches, à la dérégulation économique, aux coupes dans les programmes sociaux, au
quasi-démantèlement de la base industrielle du pays et au recours à la répression d'Etat appliquée avec l'aide de la bureaucratie syndicale et de sa répression de la résistance de la classe ouvrière.



La mise à mort de l'économie - contre la contestation du Système 

Extraits. L’enseignement de l’Economie devienne le « parent pauvre » de l’Ecole d’aujourd’hui.

S’interroger sur ces questions, c’est raisonner, donc insinuer le doute sur le bien fondé de ce qu’est ce système,…


On expurge donc les programmes, on les fait conformes aux intérêts du système marchand, conforme à ce que les politiciens, serviteurs zélés du MEDEF, désirent que nous sachions et ignorions…. Le tout, bien évidemment présenté sous l’aspect d’un allègement des programmes et d’une liberté de choix d’option… 


D'Artemisia.college
www.artemisia-college.org   :
 
"Lorsqu'un gouvernement est dépendant des banquiers pour l'argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au dessus de la main qui reçoit. [...]

L'argent n'a pas de patrie ; les financiers n'ont pas de patriotisme et n'ont pas de décence.".

Napoléon Bonaparte

 

La crise est plus grave que vous ne le croyez

http://www.slate.fr/story/17971/la-crise-est-bien-plus-importante-que-vous-ne-le-croyez

 

 

Une monnaie pour le Monde... ou "un pas de plus vers le N.O.M. et le délire..."

http://blogs.lexpress.fr/attali/

 

 

Les banques vont prendre directement le pouvoir sur les gouvernements des nations

http://www.dailymotion.com/video/xcf1s7_alex-jones-accueille-nigel-farage-s_news 

 

 

Extrait de la pièce jointe "Les jardins de l'espoir" :

http://area51blog.wordpress.com/2009/04/07/le-projet-revelation-dr-stevent-m-geer/ 



http://r-sistons.over-blog.com/article-le-capitalisme-du-21e-siecle-insatiable-et-assassin-prepare-des-cataclysmes-45937601.html
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 01:28

L'édito d'Eva sur le sujet, ici :
http://r-sistons.over-blog.com/article-le-capitalisme-du-21e-siecle-insatiable-et-assassin-prepare-des-cataclysmes-45937601.html


Le plus grand cataclysme économique de l'histoire humaine !

Le plus grand cataclysme économique
de l'Histoire


Pour ceux qui ne comprennent pas encore que 1929 était une partie de plaisir en comparaison de la destruction économique en cours, voici le graphique du centre de recherche de la Fed de ST Louis concernant la base monétaire US.

Vous remarquerez que tout s'est accéléré dans les années 70 (Vietnam, choc pétrolier) mais surtout au moment où le dollar a cessé d'être convertible en or (1971), devenu « flottant » (1973), c'est-à-dire déconnecté de toute réalité économique. John Connally, secrétaire au trésor, déclarait ainsi en 1971: « Le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème. »

Or, certains font semblant de croire que les USA vont s'effondrer sans rien faire. Leur puissance économique est détruite, certes, mais leur puissance militaire est intacte. Le pire est donc à venir en espérant que cela ne dégénère pas en troisième guerre mondiale menant l'humanité à sa perte.

Albert Edwards, responsable de la recherche à la Société Générale confirme (ce que j'annonce depuis 2 ans) que nous ne sommes pas dans une crise économique "classique". Il emploie d'ailleurs le terme "Global Collapse"!

Pour ma part, il s'agit plutôt de la fin de notre système économique, un système pitoyable de captation des richesses par un petit groupe de prédateurs, un système déséquilibré qui transforme tout en exponentiel ! Un système économique fonctionnant en circuit ouvert dans une biosphère fonctionnant en circuit fermé, de la folie!

Source et suite :
blog de Gilles Bonafi


http://panier-de-crabes.over-blog.com/categorie-10454103.html


La mue de la finance mondiale 
et la spéculation verte
 

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Le président Lula da Silva idole du World Economic Forum et du Forum social mondial.
La mue du capitalisme

L’économie occidentale, États-Unis en tête, est en train de muer… Les arthropodes (les crustacés ou les araignées par exemple), pour croître doivent périodiquement abandonner leur enveloppe devenue trop étroite pour une plus spacieuse. Chez les vertébrés, les serpents pratiquent également la mue, une période de vulnérabilité nécessaire pour endosser des habits neufs plus spacieux. Le « capitalisme » de l’ère manégériale [1] — autrement dit qui n’a plus rien à voir avec l’archéocapitalisme patrimonial dont les paléomarxistes continuent encore de nous rebattre les oreilles — connaît lui aussi ses cycles de mutation ou de transformation systémique.


En 1945 un modèle économique déferle sur ce que l’on nommait à l’époque « le Monde libre ». Un modèle qui scelle l’intégration de l’agriculture dans le secteur industriel annonçant l’unification, aujourd’hui visible, du marché global. L’une des dimensions saillantes de cette mutation concerne donc le secteur primaire (l’exploitation des ressources naturelles et matières premières non transformées) avec la mécanisation agressive et la conquête du marché de la production agricole par les multinationales de l’agrochimie. Bientôt nombre de fermiers naguère indépendants ne seront plus que des sous-traitants, des ouvriers-métayers en quelque sorte, des transnationales de l’agro-industrie.


Ce passage d’une économie, hier encore dominée par la ruralité (en France, 43,8 % de la population vit encore directement de la terre en 1906, 31 % en 1954) à une économie déjà post industrielle (bien illustrée par le film Playtime de Jacques Tati -1967) met un point final à la grande crise de 1929 dont la guerre avait été, entre autres, l’une des conséquences. Il faudra d’ailleurs plusieurs années aux Etats-Unis pour bénéficier pleinement, notamment à travers les aides liées du plan Marshall, des retombées de leur victoire. Les géants US des engins agricoles autotractés déferlent sur le Vieux Continent par le truchement de l’aide à la reconstruction… une industrialisation qui sonne la mort des terroirs et la fin du monde rural.


L’Europe de l’Ouest commence alors, à marche forcée, de se mettre aux normes anglo-américaines ; s’ouvre ici une époque que l’on nommera très abusivement les « Trente glorieuses ». L’adoption du « modèle » productiviste induit en effet dès 1945 un exode massif des campagnards qui affluent à la périphérie des villes. Exode qui ne s’achèvera que dans les années soixante-dix à la suite de la politique de remembrement des terres agricoles engagée en 1965. Une migration qui aboutit bientôt à l’hypertrophie carcinogénique des « banlieues » où naissent et croissent les cités dortoirs, dépotoirs humains où viendront s’entasser en 1962 les rapatriés d’Algérie avant d’accueillir le flux montant de l’immigration.


On voit aujourd’hui quels sont les bienfaits véritables de cette première grande mutation de la fin de l’ère industrielle : des paysages arasés par les restructurations territoriales et le recours à des machines de plus en plus monstrueuses, une nappe phréatique extensivement contaminée par un usage délirant des intrants chimiques, engrais et pesticides qui polluent également sous forme d’aérosols l’air que nous respirons jusqu’au cœur même de nos métropoles…

L’exode rural qui s’est étalé quarante années durant en Europe occidentale, s’accomplit aujourd’hui sous nos yeux dans l’Europe orientale soumise aux contraintes normalisatrices liées à la « construction » européenne. Cela sans pour autant que les leçons d’un passé encore récent aient été, en quoi que ce soit, tirées.


2008 aura, semble-t-il, été marqué d’une rupture analogue — au moins d’un point de vue civilisationnel — que celle qui accompagna la victoire alliée sur le Reich allemand. Après la destruction accélérée des sociétés traditionnelles d’Europe de l’Ouest qui ont été littéralement « déracinées » pour se trouver projetées dans la modernité consumériste (nous passons au cours de cette période d’une économie basée sur l’épargne à une autre fondée sur le crédit puis sur la dette chronique – une forme inédite de servage), nous assistons maintenant à un nouveau changement de paradigme écosociétal.


En 2010, après les douleurs de l’accouchement, c’est un autre modèle qui tente de se mettre en place qui réduira vraisemblablement l’industrie occidentale à la portion congrue au profit des activités de services et de très hautes valeurs ajoutées (électronique, génie génétique, nanotechnique, bionique, et cætera).

Mais au demeurant, quoiqu’on en dise, si la Chine monte en puissance en s’affirmant comme l’atelier du monde, les sources du pouvoir économique planétaire dans sa dimension financière se trouvent toujours sur les berges de la Tamise, du fleuve Hudson (et accessoirement de l’Amstel), ainsi que sur la rive gauche du Potomac où siègent les grandes institutions financières : Banque mondiale, Fonds monétaire international et surtout Réserve fédérale.

La rivalité euro-dollar

Le règne du dollar est certes contesté, mais n’est pas encore au bout de ses capacités de rebond [2]. On l’a vu lors de sa réappréciation de février 2010 face à l’euro en proie à des attaques inamicales. Des événements trop récents pour être parfaitement éclaircis mais qui se déroulent comme souvent selon un scénario convenu : des établissements financiers de Manhattan tels Goldman Sachs auraient d’un coté aidé l’Etat grec à négocier sa dette sur les marchés, de l’autre ils manipuleraient certains « fonds spéculatifs » (hedge funds) pour lancer des attaques contre l’euro, en clair contre l’Union européenne à travers la Grèce… Ce qui en dit long sur l’audace de ces raiders et sur les capacités offensives du système, l’art et la science de la manipulation de la dette à des fins de mise sous tutelle (ou de rappel à l’ordre) des États. Le FMI, organe subsidiaire de l’informelle gouvernance mondiale, ne s’est-il pas proposé à l’occasion de la crise hellénique de venir se mêler d’aider l’Europe sous-développée désormais incapable de gérer seule sa dette ?


Les sanctuaires du dieu dollar évoqués perdureront donc autant que s’y trouvera pérennisée la source créatrice de la nouvelle économie mondiale financiariste considérée tout à la fois comme art, science et technique… autrement dit tant que ces places fortes de l’ultracapitalisme où s’élaborent toutes les gammes des nouveaux produits virtuels et les outils afférents, constitueront le cœur du réacteur de l’économie mondiale… C’est à ce titre que, quand le 15 septembre 2008 ce cœur s’est un instant arrêté de battre, c’est la planète entière qui s’est tétanisée.

Vers l’Amérique-monde

Suivant en cela l’exemple états-unien, l’Europe passe donc à présent progressivement (mais avec des décrochages impressionnants : vague de restructurations et de délocalisation des années quatre-vingt-dix, contraction brutale de 2009…) d’une économie de production à une “économie de services” en grande partie dominée par le tourisme (l’Europe-musée, un mixte de Disneyland et de Versailles). 


Le géant de l’automobile General Motors ayant été détrôné (successivement par Toyota puis Fiat, un fait non contradictoire avec la suite de notre propos), l’inventive Amérique est déjà « ailleurs ». Si les industries en général ne sont évidemment pas à mettre au rang de reliques économiques, il n’en reste pas moins que, pour sa part, la prospérité des États-Unis n’en dépend plus directement qu’en proportion moindre…


Notons au passage que certaines activités créent des dépendances quasi absolues pour les économies périphériques vis-à-vis du « centre » émetteur. Prenons l’exemple du semencier Monsanto qui, grâce à des espèces végétales génétiquement modifiées (OGM), étend son emprise sur une partie croissante de la planète en créant d’étroits liens clientélistes — notamment en raison du brevetage des semences — chez les producteurs ; des liens de sujétion dont ils auront beaucoup de peine à s’affranchir… et une cause de ruine pour les productions locales.


Il ressort clairement de notre propos que l’activité « motrice » de l’économie nord-américaine tend à présent à devoir être l’ingénierie financière avec son cortège de produits dérivés déclinés dans des gammes toujours plus étendues, originales et innovantes.


Le secteur industriel se trouvant par conséquent « rétrogradé », il devra trouver sa place exacte au sein de la nouvelle forme du capitalisme en cours d’élaboration, autrement dit occuper une nouvelle fonction au sein d’un système global dont la source, avons-nous dit, n’est autre, à portée de vue et pour un temps indéfini, que l’Amérique-monde.

Le carbonne,
économie dématérialisée

La souplesse adaptative des salariés états-uniens — il est coutume de parler maintenant, sur le mode anglo-saxon, de flexibilité — habitués qu’ils sont à une « économie nomade » (nul n’hésite en Amérique à se déplacer du nord au sud et d’est en ouest du continent pour un emploi ; un état d’esprit hérité des migrants de l’ancien monde, du Pioneering Spirit ou tout bêtement, d’une nécessité s’étant imposée avec la Grande Crise des années trente) qui n’est pas dans les traditions de la veille Europe… en dépit du fait que celle-ci ait connu d’importantes vagues d’émigration principalement vers les États-Unis : Italiens, Grecs, Suédois et un quart des Irlandais après la grande famine de 1845-1849.


C’est à tort que les Européens suivent donc l’exemple de la désindustrialisation US et que nous fonçons tête baissée dans les leurres de l’économie dématérialisée et de son dernier avatar l’économie-carbone.


Fragilisée par la mondialisation et la concurrence des pays producteurs à moindre coût social et environnemental, l’industrie européenne est à l’heure actuelle sous perfusion, ce pourquoi il faut dénoncer sans relâche le piège tendu par la classe politicienne européiste, de « droite » comme de « gauche », qui voudrait plomber plus encore la production industrielle sous ces taxes-carbone qui seraient autant de pénalité supplémentaire dans un secteur déjà mis au pillage par les produits manufacturés ultra-concurrentiels des économies dites émergentes.
 

Nous ne parlons pas ici des groupes transnationaux qui eux échappent largement à l’impôt (taux moyen d’imposition à 30 % contre 45 % en France pour les entreprises ordinaires) en ayant recours aux places financières off shore (autrement dit les paradis fiscaux insulaires). Une situation parfaitement injuste mais cependant rendue nécessaire par les conditions mêmes de la concurrence mondiale… Quant à Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, ci-devant président de la Conférence d’experts sur la création d’une taxe carbone ou Contribution climat énergie (CCE), il s’est fait le bon apôtre de taux prohibitifs pour la taxation carbone à l’instar des « Verts » qui paradoxalement sont parvenus à convaincre l’opinion de leur engagement philanthropique au service de l’humanité exploitée.

De grandes puissances interdépendantes
et néanmoins en guerre les unes contre les autres

Le lecteur commence certainement à saisir notre propos… Londres et Amsterdam étant la base-arrière-avancée de Manhattan dont l’emprise s’étend à l’Union européenne par le truchement du « NYSE Euronext, Inc » né en 2007 de la fusion entre le New York Stock Exchange et le groupe Euronext, lui-même issu de la fusion en 2006 du London International Financial Futures and options Exchange avec les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Porto, l’Europe se voit incitée à se fondre de plus en plus dans la nouvelle économie du « néant ».


Par néant il faut entendre de l’actif artificiel, de la valeur matériellement inexistante, des jeux d’écritures (dont les quotas d’émission carbone) appuyées sur une monnaie de singe, le dollar papier et sa version obligataire sous forme de TBonds… Gardons en mémoire qu’en 2009 l’État fédéral US faisait imprimer les billets — dont la valeur réelle se rapportait à leur seul coût d’impression — avec lesquels il se rachetait de la main gauche les bons du Trésor émis de la main droite. Étonnant jeu de bonneteau !
 

Jeux d’écritures, tours de passe-passe et économie virtuelle sont tout un. L’économie-carbone, les nouvelles filières vertes créées de toutes pièces à partir de calculs et de conclusions se parant des prestiges de la science pour mieux la trahir, n’a évidemment pas pour finalité une réorientation substantielle de l’économie au profit d’une gestion rationnelle des ressources ménagères de l’avenir, mais principalement la relance de la croissance et la consolidation du Marché.


De ce point de vue, la distorsion du réel et le détournement d’une légitime inquiétude des opinions relatives à la destruction accélérée du milieu naturel à des fins mercantiles, se révèlent à l’usage extrêmement juteuses… et si « le mort saisi le vif », le système failli dont les turpitudes ont été mises à nu (mais sans conséquence immédiate pour lui), se refait une virginité en transférant, sans autre forme de procès, la totalité de son patrimoine génétique et de ses capacités de nuisance au secours prétendu de la planète agonisante.


Pour l’heure, contrairement à ce que beaucoup pensent, l’arrivée sur la scène internationale de nouvelles grandes puissances — Chine, Inde, Brésil — ne change rien sur le fond à la configuration dynamique du Nouvel Ordre mondial, au contraire dès lors que tous sont solidairement interactifs au sein d’un système unique dont les centre nerveux se trouvent au nord-est des États-Unis et au Royaume-Uni.
 

Nous n’assistons donc qu’à une recomposition de la division internationale du travail avec pour corollaire une mondialisation (un marché unifié) dont l’intégration progresse à vue d’œil… Sommairement, la Chine est ainsi devenue le premier État-atelier de l’économie-monde, l’Inde en est le sidérurgiste et le prestataire de services informatiques, le Brésil produit les oléoprotéagineux nécessaires à notre surconsommation de produits carnés et des agrocarburants destinés à alléger certaines dépendances aux produits pétroliers importés…
 

Certes des règles communes sous l’égide de l’Organisation mondiale du Commerce et une interdépendance modératrice des ardeurs concurrentielles induisent certaines formes de solidarité entre les acteurs au sein du système universel, ceci contribuant à créer réciproquement de la richesse.
 

Cependant ce serait une lourde erreur que de prendre les inévitables, voire inexpiables, rivalités entre grandes puissances pour le contrôle et la mainmise sur les ressources naturelles, pour une contestation ou une remise en question du système par les uns ou par les autres.… De féroces concurrents qui s’affrontent dans des guerres indirectes, guerres masquées comme celle par exemple opposant les Etats-Unis et la Chine sur le continent africain, au Darfour en particulier.


Les antagonismes sont en effet d’abord géostratégiques dans le cadre de cette « impitoyable guerre économique qui ne dit pas son nom » (François Mitterrand)… Mais, contrairement aux désirs des adversaires du mondialisme, nul parmi les « Grands » ne propose une quelconque révolution conceptuelle… À savoir une sortie du modèle ultralibéral et la construction d’une vision holistique des rapports de l’homme avec son environnement biologique et physique, et de la place qu’il doit occuper dans la Nature et singulièrement dans le fleuve du vivant [3].


Jusqu’à preuve du contraire la Fédération de Russie, opposant de longue date au bloc atlantiste, ne propose aucune alternative au système actuel et surtout, n’évoque pas même la nécessité d’en chercher une. Ennemie du bloc capitaliste depuis 1945 et jusqu’à la fin du régime soviétique, les deux superpuissances n’en continuent pas moins à fonder leur légitimité morale sur un certain nombre de mythes (ceux-là mêmes aujourd’hui remis en cause par les pays Baltes) fondateurs du Nouvel Ordre International né, peu ou prou, en 1945 à Yalta. Quant à la Chine populaire et néo-impériale, elle est l’exemple même d’une intégration réussie au sein du système global ultralibéral.


Cependant, quelle que soit la force des interdépendances qui lient actuellement les partenaires et rivaux (la moitié des réserves d’actifs chinois sont libellées en Bons du Trésor US, soit quelque 1400 milliards de $), cela ne signifie pas que n’éclateront pas des guerres locales ou régionales…

Les zones de tensions ou de frictions sont nombreuses et chacun s’entendra à défendre becs et ongles ses territoires de chasse, à savoir ses marchés, sa clientèle, ses sources d’approvisionnement, ses zones d’influence.


Les différents Pékin-Washington sur le Tibet et Taïwan sont illustratifs de ce point de vue. C’est à tort que l’on croirait, avec plus ou moins d’autosuggestion, que l’actuel système d’interdépendances économiques et financières fortes garantisse la stabilité et la paix. Insistons sur le fait que les rivalités et les antagonismes géopolitiques et géoéconomiques ne constituent en aucun cas une remise en question de la logique systémique aujourd’hui à l’œuvre pour le plus grand dommage des hommes, des peuples, de la civilisation et du vivant en général.

Le collectivisme
n’est pas l’alternative

Dans le même ordre d’idée, c’est à partir de ce constat qu’il faut apprécier la portée et la signification exacte de la contestation qui s’est exprimée à Copenhague en novembre 2009 ou au forum social de Porto Alegre fin janvier 2010.


La position des Verts a été analysée comme participant d’une surenchère libéraliste-libertaire visant à toujours plus de liberté pour le marché et à un encadrement fiscal et réglementaire toujours plus étroit pour les industries nationales moyennes ou petites (indépendamment de leur présence sur les marchés extérieurs) à l’exception des groupes transnationaux qui eux y échappent en grande partie, avec l’active complicité des gouvernements grâce à leurs domiciliations excentrées (Macao, Chypre, Îles anglo-normandes, Bahamas, des enclaves juridiques comme l’Etat du Delaware etc.)…
 

Mais le « système » ne l’impose-t-il pas ? Il faut à ce propos éviter de tomber dans un moralisme à la petite semaine : la guerre économique, bien réelle mais peu visible pour l’opinion, relève essentiellement de la real politiktraders, lesquels ne sont que des agents du système et en aucun cas des donneurs d’ordre ou des décisionnaires de premier plan. et non de la morale ordinaire. Il est facile d’ailleurs pour les décideurs politiques d’agiter des chiffons rouges sous les yeux de l’opinion et de lui livrer en pâture les paradis fiscaux — qui n’ont joué aucun rôle dans la crise — ou les sur-rémunérations des  traders, lesquels ne sont que des agents du système et en aucun cas des donneurs d’ordre ou des décisionnaires de premier plan.
 

Autant de leurres destinés à polariser l’indignation et à divertir ainsi l’attention des foules sur des points marginaux en faisant coup double par l’élimination de « paradis fiscaux » concurrents, la Suisse, le Luxembourg, le Lichtenstein par exemple. « Paradis » qui, à bien y regarder, constituaient autant d’isolats culturels et de bastions de résistance au laminage mondialiste et à la « moralisation » sur mesure qui le précède : une exigence de moralisation des acteurs au seul profit des places fortes anglo-américaines, au final destinée à assurer un quasi monopole aux paradis domestiques, Londres et Manhattan en tête…


L’ultralibéralisme ennemi des libertés8 en général - sauf en ce qui regarde celles des marchés, la libre circulation des marchandises, des signes monétaires et des oligarchies qui en sont détentrices - se révèle être en réalité une forme de despotisme exacerbé à l’égard des producteurs indépendants et de la propriété patrimoniale.
 

À l’expérience, force est de constater que la « dérégulation » du marché — ce qui constitue sa raison d’être : une absolue liberté transactionnelle condition d’une supposée richesse des nations — s’accompagne nécessairement d’une destruction corrélative des structures sociales… Car fluidifier le marché revient à dissoudre l’organisation sociétale existante pour la « recomposer » ici, et parfois « ailleurs » lorsqu’on délocalise et que l’on débauche massivement… C’est également encourager la fragmentation sociale en segmentant le marché à l’infini, c’est-à-dire en créant de nouveaux besoins pour de nouvelles clientèles développées plus ou moins artificiellement à coup d’incitations consuméristes, égotistes et libertaires (l’individu s’affirmant par opposition à la norme sociale)… ados, enfants de plus en plus en plus jeunes, minorités sexuelles, ethniques, dysfonctionnelles deviennent autant de segments d’un marché communautarisé comme facteur de délitement du corps social.


Quant au tissu industriel européen, il est démantelé et transféré dans les pays à économie émergente laissant sur le carreau les hommes et leur savoir-faire (ne parlons pas des brevets rachetés ou transférés avec les entreprises dépaysées !)… Or les choses ne se faisant pas sans casse, un contrôle social de plus en plus serré et des normes sécuritaires de plus en plus lourdes s’imposent. Le paradoxe n’est donc qu’apparent entre libéralisation du marché et restrictions des libertés, l’une ne pouvant aller sans l’autre…
 

Certes les Altermondialistes réunis à Porto Alegre demandaient à cor et à cris « plus de régulation », mais sans pour autant remettre en question la logique intrinsèque du système, sauf pour quelques-uns uns à retomber dans l’imposture idéologique d’un anti-capitalisme, faux-nez du collectivisme.


En effet, pas plus que les « Verts », les Alter-mondialistes en général ne sont des contestataires conséquents de l’ordre établi et du paradigme hypercapitalistique (système de l’économie-monde ultralibérale) qui n’est au fond qu’un prolongement moderniste d’une économie de pure prédation dont on aurait retranché la sagesse des peuples primitifs qui savaient, eux, ménager leurs ressources en ne les épuisant point tout à fait...


Qu’est-ce qu’en effet qu’un système basé sur la destruction sans limites (la consommation au sens premier du terme) et sans ménagement du futur ? Il s’agit donc maintenant d’arrêter de « dévorer » la planète, autrement dit, cesser de pratiquer l’autophagie : celle du monde qui nous porte, notre enveloppe matricielle.

Les deux visages
de Lula da Silva

Il aura suffi d’observer avec amusement les aller et retour Davos-Porto Alegre du président brésilien Lula da Silva où il a été accueilli en alter héraut, pour se convaincre que les deux sommets ne sont que deux scènes et deux manifestations d’une seule et même représentation.


Qui est d’ailleurs Luiz Ignacio da Silva dit « Lula » ? [4] Au risque de contrevenir aux clichés établis, l’alter héraut de la mouvance alter-mondialiste (laquelle comme son nom l’indique n’est pas opposée au mondialisme, mais veut l’orienter différemment) est un populiste néo-conservateur à la mode sud-américaine. Il en a d’ailleurs le « profil » : ancien syndicaliste trotskyste, son parcours idéologique est somme toute analogue à bien des égards à celui de nombre de ces hommes d’influence que l’on retrouve propulsés sur le devant des scènes politiques de l’aire euratlantiste… ou que l’on croise — en réserve d’un destin fédéral au sein de l’Union — dans les diverses « Fondations » qui pullulent à Washington.


Lula da Silva de la même façon, aura eu un parcours exemplaire : de la lutte subversive à la méga agro-industrie (carburants « verts » et protéines végétales) qui s’étend à l’infini sur les cendres de la forêt amazonienne et sur le corps vivant de ce prodigieux joyau naturel qu’est le Pantanal. Ironie du sort son nom, da Silva, renvoie à la selve primordiale, celle-là même que cet alter héraut d’un mondialisme paré aux couleurs de l’humanisme tiers-mondiste, cet ami des puissants, fait détruire à un rythme effréné [5].

Consommer « écolo »

De la même façon que certaines mouches parasites pondent un œuf sur certaines fourmis, lequel œuf devenu larve dévore son hôte de l’intérieur, la révolution conservatrice néolibérale (qui tire une forte part de son inspiration du courant révolutionnaire trotskyste), après s’être débarrassée de toute servitude éthique, s’est maintenant installée sans bruit dans la peau de l’écologie pour la phagocyter sans tapage.


De sorte que la « contestation » environnementaliste récupérée se retrouve placée au centre du système avec un statut d’outil privilégié de relance et accessoirement comme moyen de légitimation de l’ordre « intérieur », de la contention des peuples nécessaire au nom de l’urgence éco-climatique, cette dernière justifiant a posteriori le libre exercice des forces du marché. Le « développement durable » redore ainsi le blason terni de l’hypercapitalisme, fait passer au second plan sa contestation et rend acceptable (déculpabilise) tous les excès d’une consommation compulsive.


Consommation qui ne vise pas à satisfaire des besoins, mais assure le recyclage permanent de productions à courte durée de vie. Servant par la même occasion à compenser toutes les frustrations engendrées par des modes de vies artificialisés… À estomper du même coup l’anxiété diffuse liée à une instabilité sociétale croissante et accompagnant l’accélération continuelle de la circulation des biens et des signes monétaires.


Une accélération des cycles production/destruction qui déstabilise en profondeur les sociétés post-industrielles puisque la quête de gains rend nomades les approvisionnements en matières premières et la production, les fonds d’investissements étant en perpétuelle migration opportuniste selon la logique des essaims de criquets pèlerins. Une surconsommation qui libère également d’une culpabilité rampante installée depuis peu dans les consciences (et pas seulement celles des occidentaux) qui ne peuvent plus davantage ignorer les ravages d’un système prédateur sans foi ni loi…

Le parler « vert »

La « période verte » de l’ultralibéralisme s’entoure d’un abondant et savant brouillard rhétorique relatif à une « croissance respectueuse de la nature », cela grâce aux énergies renouvelables, aux industries de dépollution, au génie génétique, à la recherche, etc, etc...
 

Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (Giec) [6], organe technique de la gouvernance mondiale, a réalisé un montage qui a fait illusion le temps suffisant à créer un nouvel élément mythique pour l’édifice idéologique justifiant la construction et l’instauration d’un pouvoir supranational à l’échelon planétaire, autrement dit l’instauration d’une « gouvernance » mondiale. Gouvernance qui échoira nécessairement aux mains d’oligarchies financières, celles-là même qui nommeront, ou éjecteront, les hommes et les gouvernements chargés de relayer leurs politiques à travers le monde.


Le catastrophisme écologique comme interprétations de fluctuations et des phénomènes climatiques qui échappent encore à une pleine compréhension scientifique, est ainsi maintenant exploité à fond pour orienter l’opinion publique afin que celle-ci s’engouffre dans des voies toutes tracées et soigneusement balisées par un « système » se présentant finalement en sauveur de l’humanité.


Une démarche qui, en s’appuyant sur la peur d’un réchauffement climatique cataclysmique, mais avec l’autorité de la communauté scientifique, exclue d’emblée toute réflexion sur le fond et manie la peur… Une crainte qui se combine à une culture de la « Solidarité » à l’égard des plus démunis dont les manifestations les plus spectaculaires ont eu lieu à l’occasion du Tsunami (26 décembre 2004) et du séisme de Port-au-Prince (13 janvier 2010). Des solidarités de masse méthodiquement et médiatiquement entretenues afin d’alimenter en abondance le « secteur » en pleine expansion de l’aide humanitaire.


Peur universelle et solidarité active destinées in fine à bannir toute raison raisonnablement critique à l’égard d’un système qui exploite simultanément d’un côté la peur et de l’autre la compassion sur fond d’optimisme irrationnel suivant lequel « l’Humanité menacée dans sa survie trouvera toujours une solution aux défis qu’elle est appelée à relever ». Or rien n’est moins sûr !


Il n’en demeure pas moins que dans la situation présente la solution avancée, l’hypercapitalisme repeint aux couleurs de l’Arc-en-ciel, n’est pas la solution, mais la perpétuation du mal lui-même… Quelques symptômes — les plus criants — seront effacés du paysage, mais le mal continuera à ronger les sociétés et à dévorer la nature condamnée à dépérir jusqu’à ce que désert s’ensuive.


A contrario
le marché rebaptisé « durable » continuera à déployer son inexorable logique de croissance exponentielle et d’exploitation à mort des « ressources » naturelles et humaines. Quant aux échanges se voulant « équitables », il est en toute logique destiné à rester relativement marginal puisque hors circuits des mégastructures commerciales génératrices de plus-value at large. Une industrie de la rente jamais à court de paradoxes ni d’inventivité qui fera prospérer par exemple, le commerce des permis de polluer tout en faisant admettre génialement (et sans rouspétance) l’amère pilule des innombrables éco-taxes présentes et à venir. Ainsi la société éco-totalitaire est-elle, quoiqu’on en veuille, en marche sur une route densément pavée de bons sentiments.

Le prosélytisme de la peur

Replacé dans le contexte des grandes peurs tétanisantes qui ont été instrumentées depuis le début du millénaire (le Terrorisme infiniment moins dangereux et meurtrier que le trafic de drogue, et, à ce titre, revêtu d’un inquiétant caractère d’irrationalité ; la pandémie fantôme de grippe porcine ; la crise financière qui aura permis un enrichissement spectaculaire, après refinancements publics, d’établissements financiers dont les dérives coupables auront été la cause d’un krach boursier de magnitude élevée…), la suspicion légitime qui se manifeste et qui croît à l’égard du discours dominant montre un divorce grandissant entre l’opinion publique – au sens large – et des gouvernements qui ne tiennent aucun compte de ce désaccord, voire de ce désaveu.
 

À ce sujet le rôle déplorable joué par la grande presse est proprement détestable... Il aura fallu qu’une partie de la communauté scientifique s’insurge du trucage à grande échelle des chiffres et des résultats du Giec pour que l’on commence, sous la pression de révélations difficiles à nier, à faire quelques concessions en vu d’apaiser une certaine « colère » montante. Sur le fond pourtant rien n’a changé : la finance verte est opérationnelle, la « machine » globalisante est lancée et nul n’annonce un quelconque retour quant aux taxations carbone…
 

Au final, pour nous résumer, que constatons-nous ? Qu’ayant déclenché et orchestré la grande peur du réchauffement climatique, le Club des puissants vient d’inventer une nouvelle forme d’économie dématérialisée, le commerce du « carbone », un concept décliné sous d’innombrables formes et qui, en tout premier lieu, permet d’instituer le premier impôt mondial de l’histoire humaine… rendant imposables sur le papier, les pauvres comme les riches. Mais ces derniers ayant plus d’un tour dans leur sac s’entendent déjà pour monnayer et truquer leur quote-part.


Nombre d’économistes (une corporation qui a souvent un temps de retard sur les événements, on l’a assez vu à l’automne 2008 !) glosent à présent sur la désindustrialisation et le déclin de la puissance états-unienne ! Mais ces “spécialistes” ont des yeux pour ne pas voir. C’est à se demander comment ils font pour sembler ne pas comprendre de quelle façon fonctionne le monde au XXIe siècle ? Et partant, quelle conception archaïque, académique ou instrumentale du Nouvel Ordre Mondial est la leur pour ne pas mieux lire dans “Copenhague” à cœur ouvert ?
 

Il importe peu que la manip sur le réchauffement climatique commence à être éventée, ceci tant que la contre-information se trouve confinée sur la Toile et dans la mesure où le mensonge institutionnalisé a la peau dure et même qu’il est quasiment increvable tant qu’il est utile… Entendons par là, la « vérité » imposée par les médias, supports officiels de la pensée unique et de la Novlangue dont le rôle exclusif est de diffuser de la propagande et de la publicité en faveur du Meilleur des Mondes (sous couvert de divertissement)... Deux volets d’une seule et unique réalité. En effet, l’idée d’une menace catastrophique d’ordre climatique (renforcé par de nombreux épisodes récents, cyclones, raz-de-marée, séismes, etc.), inlassablement ressassée et relayée par les télévisions est finalement parvenue à s’enraciner profondément dans l’opinion sur fond de culpabilité diffuse.


Un parallélisme serait d’ailleurs à établir avec les campagnes relatives à l’imminence du collapse climatique et celles liées la pandémie de grippe porcine. Les secondes s’étant développées naturellement sur le terrain psychologique créé et préparé par les premières. Même cause, même effets, car à l’arrivée le « commerce de la peur » s’avère être d’un haut rendement économique et financier : alors que l’industrie pharmaceutique donnait des signes de fléchissement (échéance des brevets pour nombre de molécules appelées sous peu à passer dans le domaine public, celui des “génériques”), l’opportune pandémie et son cortège de frayeurs, est arrivée à point nommé pour relancer la machine. Allelujah !


Les « crédits carbone »,
un commerce frauduleux


Le commerce du carbone ne date pas tout à fait d’hier, les pays industrialisés ont négocié entre eux dès 1990 une répartition des émissions de gaz à effet de serre. À l’époque l´Union soviétique possédait encore un vaste parc industriel et de ce fait s’est vue attribuée une importante dotation. Un an après, en 1991, l’Union soviétique collapsait. Avec l’effondrement de sa production, ses émissions ont rapidement décliné. Il n’en demeure pas moins que ces gaz qui ne seront jamais émis sont considérés comme acquis par la Russie et ses ex-satellites d’Europe orientale, qui les font intervenir à chaque négociation notamment sous forme de droits d’émission revendus au plus offrant. Ainsi, en vertu du système actuel, les États-Unis acquièrent des droits chez les nouveaux membres de l’Otan d’Europe de l’Est et se prévalent ensuite de réductions inexistantes. Autre cas de figure, si le Royaume-Uni finance la Chine populaire pour qu’elle démantèle une centrale au charbon et construise un barrage hydro-électrique, Londres bénéficie de cette réduction d’émissions de carbone, en raison des réductions globales prévues par pays. De son côté, la Chine se prévaut également de ses nouveaux équipement hydroélectriques et les déduire de ses quotas d’émission.

Pour compléter un tableau de toute façon non exhaustif, évoquons le procédé des « forêts fictives » connu sous l’acronyme de LULUCF (Land Use, Land-Use Change and Forestry) soit, l’Utilisation des terres, le changements d’affectation des terres et la foresterie. Les forêts étant autant de capteurs naturels du dioxyde de carbone, des crédits sont accordés pour leur préservation. Or les multinationales de la foresterie, nippones, canadiennes, suédoises et finlandaises sont parvenues à introduire une clause selon laquelle la « gestion durable des forêts » leur permet de réaliser des coupes à blanc sans perdre pour autant les crédits carbone attachés à la préservation intégrale des forêts. De sort qu’une forêt rasée n’alourdit pas votre bilan carbone !

Enfin notons que toutes les recommandations scientifiques prennent l’année 1990 comme point de référence du niveau dangereusement élevé dont nous devons partir. Alors, quand nous parlons d´une réduction de 40 pour cent, nous voulons dire 40 pour cent de moins qu’en 1990. Mais les Etats-uniens ont — dans un éclair de génie publicitaire — décidé de prendre 2005 comme leur niveau de référence. Tout le monde parle des niveaux de 1990, sauf eux. Alors, quand Wahington promet une réduction de 17 pour cent par rapport au niveau de 2005, il propose en fait une réduction de 4 pour cent par rapport au niveau de 1990 — beaucoup moins que les autres pays riches —.
 

Jean-Michel Vernochet

Ancien journaliste au Figaro Magazine et professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Dernier ouvrage paru : Europe, chronique d’une mort annoncée (Éditions de l’Infini, 2009).




[1] Cf. The Managerial Revolution : What Is Happening in the World, par James Burnham. Version française : L’Ère des organisateurs, avec une préface de Léon Blum (1947).

[2] « Le talon d’Achille des USA », par L.C. Trudeau ; « La guerre monétaire est déclarée contre les États-Unis », par Thierry Meyssan ; « La chute du dollar s’accentue », par Ernesto Carmona ; « Au revoir dollar, bonjour euro », par Emad Mekay ; « La Chine commence à s’écarter du dollar » ; « L’ALBA abandonne le dollar et envisage une alliance militaire face aux USA » Réseau Voltaire, 4 avril et 27 octobre 2003, 18 janvier et 9 février 2005, 22 mai et 17 octobre 2009

[3] Pierre Theilard de Chardin, La Place de l’Homme dans la Nature (1965). Konrad Lorenz, L’Homme dans le fleuve du vivant 1981.

[4] « La trahison de Lula », par Jhannett Madriz Sotillo, Réseau Voltaire, 26 novembre 2003. « Brasil : Reelección de Lula ¿y ahora ? », por Leonardo Boff, Red Voltaire, 28 septembre 2006.

[5] Au Brésil, en dépit des déclarations fracassantes de la présidence, pour la période 2003-2004 ce sont 26 130 km2 soit 20 % de la forêt amazonienne qui ont été détruits. La grande selve abrite 30 % des espèces recensées, animales et végétales, de la planète. Dans les zones de déforestation, les températures de la saison sèche auraient crû de 1 à 3 °C d’après l’Institut national brésilien de recherches spatiales (INPE).

[6] « Il n’y a pas de consensus scientifique à l’ONU », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 17 décembre 2009.

Source : Voltairenet

http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-la-mue-de-la-finance-mondiale-et-la-speculation-verte-45925321.html
 


George Soros, la crise de l'euro
et le Nouvel Ordre Mondial


Mecanopolis

Article mis à jour le 2.02.10 à 03h44


Selon le « Wall Street Journal » des « hedge funds » emblématiques – Soros Fund Management en tête – se sont accordés sur un net déclin de l’euro par rapport au dollar. Ils visent, à terme, la parité dans le cadre d’un scénario de crise majeure de l’Union européenne. La semaine s’annonce cruciale pour la Grèce et l’Europe, qui s’enfoncent dans la crise.


soros


Des dirigeants de hedge funds majeurs se sont accordés lors d’un dîner discret à Manhattan pour parier gros sur la baisse de l’euro, selon le Wall Street journal de vendredi dernier. Parmi eux, le milliardaire américain George Soros. (...)

la suite >>>>

 

A lire ou à relire


26 Février 2010, Placé par Mecanopolis.


grece1En théorie, il y a deux solutions pour sortir de la situation de crise de la dette des Etats : le retour aux déflations dures des années 1930 ou bien une baisse drastique, immédiate (...)

http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-george-soros-la-crise-de-l-euro-et-le-nouvel-ordre-economique-mondial-45898860.html


L' UE impose un nouveau
tour de vis à Athènes

Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires.

Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires.

Le commissaire européen Olli Rehn demande aux Grecs d’être crédibles auprès des marchés

Abolition du 14e salaire dans la fonction publique, réduction des rémunérations de certains fonctionnaires, hausse de la TVA et des taxes sur les carburants, l’alcool et les cigarettes. Telles sont les nouvelles mesures d’austérité que la Grèce pourrait, selon les spéculations, adopter en échange d’une éventuelle aide européenne pour résorber son déficit budgétaire. Le nouveau tour de vis a fait l’objet des discussions lundi à Athènes entre le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn et les autorités grecques.


«Des risques liés aux évolutions macroéconomiques et au développement des marchés sont réels et des mesures de consolidation supplémentaires sont nécessaires pour être sûr d’atteindre l’objectif d’une réduction du déficit cette année», a déclaré Olli Rehn à l’issue d’un entretien avec le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou. La Grèce s’est engagée à ramener son déficit budgétaire de 12,7% de son produit intérieur brut (PIB) en 2009 à 3% en 2012. Pour cette année, elle doit le réduire de 4 points. Olli Rehn a insisté pour que la Grèce montre sa détermination à redresser ses finances publiques et, surtout, à convaincre les marchés.

Corruption et bureaucratie


Les autorités grecques ont déjà mis en place un vaste plan dès le mois dernier pour réduire les dépenses publiques et augmenter les recettes. La population, tout en protestant contre les mesures d’austérité, se dit prête à avaler la pilule amère.


Selon le quotidien grec Kathirimini, les Grecs n’ont pas de choix que de consentir aux sacrifices. «Le pays doit introduire des changements structurels dans la fonction publique ainsi que dans le système de sécurité sociale», écrit son éditorialiste. Ce dernier, en passant, ne se prive pas d’égratigner les responsables européens qui hésitent à concrétiser un plan de sauvetage et nourrissent ainsi la spéculation.


Le journal donne quelques pistes pour moderniser l’économie grecque. «Le tourisme, le shipping et la construction ne suffisent plus et nous devons développer de nouveaux secteurs pour attirer des investissements. Nous sommes un pays trop cher et la corruption et la bureaucratie rongent jusqu’à 40% des salaires», poursuit-il. Avant de proposer que le pays devienne un centre d’excellence en matière d’éducation et de santé et créer des milliers d’emplois.

Source : LeTemps.ch

http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-l-ue-impose-un-nouveau-tour-de-vis-a-athenes-45895101.html

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 01:02
 

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Grèce: Qui tire les ficelles?



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100223:1807 36598 Une horizons-et-debats Karl Müller 11 min
Comment lutter contre les spéculateurs sur les monnaies et la puissance hégémonique allemande?

par Karl Müller

Athènes, début février 2010. Partout dans cette ville de plus de 3 millions d'habitants qui explose littéralement, on rencontre des gens aimables, ouverts, communicatifs et travailleurs. Sont-ils responsables de ce que l'Union européenne cloue leur pays au pilori? Est-ce leur faute si depuis quelques se­maines, leur pays fait la une des journaux de ma­nière si négative? Ou les vrais respon­sables se trouvent-ils ailleurs?

Qui sont ces fameuses
«agences de notation»?

Le 11 février, le président du groupe socialiste du Parlement européen Martin Schulz a, au cours d'une interview au Deutsch­landfunk, déclaré ceci: «Vous avez mentionné les agences de notation qui, semble-t-il, ont abaissé la note de solvabilité de la Grèce. Je voudrais bien parler ce matin avec les chefs d'Etat et de gouvernement (ils se sont réunis le 11 février pour s'entretenir de la crise financière de la Grèce) pour savoir qui sont ces agences de notation et quel intérêt elles ont à déclarer que les mesures sont inefficaces, qu'il faut augmenter le taux d'intérêt des prêts qui seront accordés un jour ou l'autre soit par des pays soit par des banques privées. Quelqu'un va les recevoir, ces intérêts, mais qui? Qui a intérêt à ce qu'on augmente les taux? Les agences de notation. Mais qui sont-elles? C'est une de ces petites questions que je pose en passant car on n'en débat jamais.»

La faute incombe-t-elle
aux spéculateurs sur les monnaies?

Rudolf Hickel, spécialiste de gauche des questions financières, a exprimé ses craintes en déclarant le 11 février au Spiegel Online: «Une faillite de la Grèce pourrait causer la ruine de tout le système de l'euro». Selon le média allemand, toute l'agitation à propos de la Grèce a été provoquée volontairement par ceux qui spéculent sur les monnaies, «car les bénéficiaires d'une éventuelle faillite de l'Etat sont avant tout ceux qui spéculent en Bourse sur les monnaies. Selon Hickel, «plus le pays est petit, plus il est livré brutalement aux spéculateurs. (...) Après la Grèce, l'Espagne et l'Italie seront dans la ligne de mire des spéculateurs.»

Le capital financier
agit de son propre chef

Pour le chef des socialistes européens, c'est un dilemme: d'une part, ils s'accrochent de toutes leurs forces à l'UE et à l'euro pour leurs projets de gouvernement mondial. D'autre part, le capital financier - les res­ponsables socialistes sont toujours à son service - agit de son propre chef et on ne sait jamais avec certitude pour ou contre quoi il se décide dans tel ou tel cas. Actuellement, pas tellement pour l'euro, mais plutôt pour le dollar? On dit que les Etats-Unis vont, cette année, lancer pour 2,5 billions d'emprunts d'Etat. C'est énormément d'argent et la concurrence augmente sur les marchés financiers. En tout cas, cela donne un coup de fouet aux affaires. Hickel dit simplement: «Les spéculateurs ne visent pas un cours particulier de l'euro qui reflèterait adéquatement l'activité économique. Ils irent beaucoup plus de profits d'un cours extrêmement instable.» Selon la Neue Zürcher Zeitung du 11 février, la Bourse des marchés à terme de Chicago, qui est déterminante pour le négoce des dérivés monétaires, parie actuellement plus que jamais contre l'euro.

On fait des affaires
avec les intérêts

On fait aussi des affaires avec les intérêts. En avril et mai 2010 seulement, des emprunts de l'Etat grec à hauteur d'environ 40 milliards arrivent à échéance qui devront être remboursés au moyen de nouveaux emprunts, de nouveaux crédits, cependant plus à 3% mais à 6% environ. Les prêteurs appellent cela «prime de risque» à cause de la dette publique grecque. A vrai dire, ils doublent ainsi leurs profits car jusqu'ici, la Grèce a toujours payé.

Il paraît que cette année, un total de 2,2 billions d'emprunts d'Etat arrivent à échéance dans le zone euro. Une grande partie devra être financée en recourant aux marchés financiers. Si le monde de la finance réussissait ici aussi - au Portugal, en Italie et en Espagne et également en France et en Belgique, peut-être même en Allemagne - à faire grimper les taux d'intérêt, avec l'aide des agences de notation? 1% de plus, cela représente déjà 22 milliards d'euros. Ce serait une affaire formidable ... en tout cas aussi longtemps que les peuples et les Etats participeront à ce jeu sinistre.

Et qu'est-ce qui se passerait si l'euro ne pouvait plus être soutenu, si l'UE s'effondrait et si par exemple la Grèce ne remboursait plus ses dettes qu'à des conditions équitables?

L'Allemagne a profité de l'euro ...
au détriment d'autres pays

L'Allemagne avant tout perdrait énormément de sa puissance. Son industrie exportatrice tout particulièrement a profité considérablement jusqu'ici de l'UE et de l'introduction de l'euro. Actuellement, les exportations représentent environ 50% du PIB.

Le journal junge Welt titrait même, le 9 février: «Faillite made in Germany. La me­nace d'effondrement des finances publiques d'Etats d'Europe du Sud est la consé­quence directe de la politique agressive de l'Allemagne en matière de commerce extérieur». Dans l'article, on pouvait lire ceci: «Depuis des décennies, Berlin mène une politique économique agressive fondée sur les exportations. (...) Le plus grand débouché pour le capital allemand, c'est l'UE. (...) La monnaie commune européenne a privé les pays de la zone euro exposés à cette offensive exportatrice allemande de la possibilité de rétablir la compétitivité de leur économie en procédant à une dévaluation de leur monnaie. L'énorme déséquilibre économique qui en est résulté se manifeste de manière éclatante à travers la Grèce, cette candidate à la faillite qui, en 2008, a importé des marchandises alle­mandes pour 8,3 milliards d'euros alors que ses exportations ne s'élevaient qu'à 1,9 milliard d'euros.

Pour l'auteur de l'article, une cause importante du «succès» allemand réside dans une «stratégie d'appauvrissement du marché intérieur: Entre 2002 et 2008, les salaires bruts ont augmenté en moyenne de 15,2% en Allemagne, mais de 31,9% dans l'ensemble des pays de l'UE.»

L'euro conduit
à un contrôle total des Etats de l'UE


La grande industrie allemande «a besoin» de pays comme la Grèce, mais à la longue, cela ne fonctionne que si la politique alle­mande peut contrôler de plus en plus ces pays. Et c'est à cela que sert l'actuelle politique de la carotte et du bâton: le bâton des restrictions pour la population, celui du contrôle par des commissaires européens pour le gouvernement. Le nouveau président de l'UE Hermann van Rompuy a déclaré après le sommet de Bruxelles: «Nous demandons au gouvernement grec d'appliquer toutes ces mesures de manière rigoureuse et déterminée.» Mais la carotte a également été présentée lors de la réunion du 11 février des chefs d'Etat et de gouvernement: «Nous n'abandonnerons pas la Grèce», a déclaré la Chancelière allemande Angela Merkel (communiqué officiel).

Cela veut dire que l'Allemagne fait savoir qu'en cas d'insolvabilité de la Grèce, elle est prête à l'aider financièrement ... afin de soutenir l'euro et mais sans doute pas par solidarité.

Et quel en est le prix? L'inflation? Encore plus de sacrifices pour le contribuable allemand, et avant tout au détriment des travailleurs? Daniel Gros, directeur du Centre for European Policy Studies (CEPS) de Bruxelles, a fait savoir au manager magazin allemand en quoi consistait la «maîtrise de la crise» dans des pays comme la Grèce: «Il s'agit précisément de baisse des salaires dans le secteur privé. C'est pour moi l'essentiel.» Et il ne pensait pas seulement à la Grèce.

Les leaders socialistes européens vont louer cela comme étant un acte de solidarité. Les chefs de gouvernement socialistes des Etats européens, à la veille de la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement, avaient demandé une «aide» d'urgence pour la Grèce (et les autres pays du sud de l'Europe dont il était question à la une des journaux). En effet notons-le bien: les socialistes européens veulent aussi l'UE et l'euro.

Le gouvernement allemand
aspire-t-il à un statut de puissance mondiale?

Revenons encore une fois à l'Allemagne. Les Services secrets privés américains Stratfor Global Intelligence ont publié le 8 février une analyse intéressante sur le rôle de l'Allemagne en Europe et dans le monde («Germany's Choice»). Pendant des décennies, l'Allemagne a été le trésorier (coupable) de l'Europe sans y jouir d'un poids politique réel, mais maintenant, elle n'est plus un «observateur passif muni d'un carnet de chèques». Merkel est la première Chancelière qui gouverne «libérée du poids des péchés passés». Elle n'est plus disposée à payer pour l'Europe «au détriment des intérêts allemands».

Mais elle paiera malgré cela, ou plutôt à cause de cela, pour la Grèce. Il serait certes «intelligent» que l'Allemagne cesse de payer et que l'UE et l'euro s'effondrent, mais sans l'UE et l'euro, l'Allemagne ne pourrait plus prétendre au statut de puissance mondiale. (A vrai dire, la population n'y tient pas.) Cependant, le gouvernement Merkel y tient et le prix que les autres Etats de l'UE doivent payer pour cela est le contrôle absolu de l'Allemagne sur la Banque centrale européenne et par là même sur les budgets de tous les pays de la zone euro.

Mais ne voyons-nous pas se profiler ici une mégalomanie qui s'était déjà mani­festée jadis en Allemagne? Qu'est-ce qui rend le gouvernement allemand si certain qu'il ne pourra pas se trouver bientôt au bord de la faillite? Où existe-t-il des plans sinistres de la droite et des Verts en vue d'un renouveau «allemand vert» qui ne recule devant rien?

Mais revenons à la Grèce. Lors des manifestations contre le plan de rigueur imposé par l'UE au nouveau gouvernement, on pouvait lire ou entendre des slogans comme «Nous n'accepterons pas le chômage et la pauvreté pour permettre au capital monopoliste de faire de gros profits» ou: «Nous ne payerons pas un centime pour la ploutocratie». Le secrétaire général du syndicat grec des fonctionnaires Adedy a déclaré: «Ils ont promis que les riches paieraient mais au lieu de cela, ils se servent chez les pauvres. C'est cette politique que nous combattons, pas la tentative de surmonter la crise.»

Les Grecs en ont assez de l'UE

La Grèce a-t-elle une chance de s'en tirer au sein de l'UE et de la zone euro? Guère! Un article paru dans la Neue Zürcher Zeitung du 12 février et intitulé «La zone euro, zone de conflits» a une fois encore rappelé un défaut fondamental de l'euro: Contre toute raison économique, l'introduction de l'euro devait permettre de créer un super-Etat européen. L'euro devait contraindre les Etats à harmoniser de plus en plus leurs politiques. Mais c'était chimérique dès le début: «Les tensions au sein de l'union monétaire européenne sont plus ou moins le résultat du fait que les politiques ont toujours vu dans l'union monétaire un instrument destiné à accélérer et à imposer l'intégration politique de l'Europe. On a fait un usage abusif de l'institution moné­taire afin de viser des objectifs situés au-delà de la politique monétaire, ce qui représente un danger pour la stabilité de la monnaie et pour l'économie.»

Il est possible que si la Grèce sortait de l'UE, elle subirait dans un premier temps un certain nombre d'inconvénients écono­miques et autres, mais si elle reste dans l'UE, les inconvénients se multiplieront considérablement. Les Athéniens disent qu'ils en ont assez de l'UE, et c'est normal. Ne se fier qu'à ses propres forces et jouir de la liberté est plus digne que mener de plus en plus une vie d'esclaves. •

«Plan B» pour la Grèce?


ww. Nombreux sont ceux qui ont lancé un avertissement lors de l'introduction de l'euro: Il est problématique de créer un espace monétaire unifié avec des pays ayant des structures économiques et des degrés de développement différents et des cultures très diverses. Aujourd'hui, la crise est là. La situation critique des pays du sud de l'Europe fait la une des journaux. Les médias ont maintenant recours au sigle peu amène de PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). La lettre I pourrait également désigner l'Italie.

La Grèce, avant tout, doit agir rapidement. La Commission européenne a pour ainsi dire mis sous tutelle ce pays surendetté et lui a imposé un plan de rigueur sévère. Sa mise en application doit être surveillée de très près. Pour le moment, il n'est pas question d'aide financière. Cette politique recèle une éventuelle crise bancaire: des banques françaises ont accordé à la Grèce pour 75 milliards d'euros de crédits, des banques suisses 64 milliards, des banques allemandes 43 milliards et des banques américaines 16 milliards de dollars. Elles espèrent toutes que l'UE en garantit implicitement le remboursement.

Ce plan est-il réaliste ou existe-t-il un «plan B»? La Grèce pourrait se déclarer en faillite, sortir de l'euro et revenir à son ancienne monnaie, la drachme. Ensuite, le peuple grec pourrait envisager la sortie de l'UE. Le pays pourrait faire savoir à ses créanciers étrangers que désormais, ils ne peuvent plus compter que sur de modestes dividendes de faillite. Et puis alors? Serait-ce une catastrophe? Le pays s'isolerait-il du monde économique?

C'est ce qu'a fait l'Argentine il y a 6 ans. Elle résiste bien à la crise.
Dubai s'est déclaré insolvable il y a quelques semaines et est maintenant soutenu par ses voisins.

Y aurait-il pour la Grèce et d'autres pays membres de l'UE un avenir poli­tique sans l'euro et éventuellement hors de l'UE? Oui, il est dans l' AELE, association d'Etats souverains d'Europe qui tiennent à leur souveraineté. Ils ne se sont pas laissé emprisonner dans des structures supranationales. Ils misent sur la responsabilité individuelle et organisent librement leur collaboration. Chaque pays a sa monnaie. La Suisse, la Norvège, le Liechtenstein et l'Islande y trouvent leur compte.

horizons-et-debats


http://w41k.info/36598#36598
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 23:23



18 février 2010


Grèce:  l’offensive du capital


 
À la mi-janvier, le Premier ministre grec, Giorgos Papandreou, a présenté à la Commission européenne à Bruxelles son « plan de redressement » sous le prétexte que le budget de l’Etat en 2009 a dépassé les 12,7 pour cent du Produit intérieur brut (PIB).

Grâce à cette initiative, le PASOK (parti social-démocrate) a enterré les promesses électorales qui lui avait permis d’accéder au pouvoir, à Athènes, en octobre 2009. Or la Grèce n’est pas un cas unique. Presque tous les gouvernements de l’UE, pour résoudre la crise financière de 2009, n’ont pas trouvé de meilleure solution que de transformer les caisses de l’Etat en une bourse au service des monopoles et des banques contaminées par la spéculation financière.

 

20 des pays de l’UE 27 en 2009 ont montré un déficit qui a dépassé les 3% du PIB comme norme fixée arbitrairement par Maastricht. Dans le passé déjà cette norme n’avait pas été observée à plusieurs reprises par la France et l’Allemagne.
Actuellement, le déficit de l’Irlande est de 12,5%, celui de la Grande-Bretagne de 12,1%, de l’Espagne 11,1%, du Portugal de 9,3%, de la France 7,9%, etc. On peut donc conclure que le bruit sur la situation financière de la Grèce vise à justifier davantage une offensive plus générale du grand capital contre les droits des travailleurs pour soutirer le peu qui reste aux salariés appauvris et pour les forcer à payer les aléas de l’économie du casino.


Le catalogue des horreurs que le premier ministre du PASOK, le frère jumeau de Sócrates (premier ministre socialiste portugais), vient de présenter rendrait nerveux les esprits les plus sereins..
Augmentation de la TVA sur différents produits, comme le carburant, qui a déjà suscité une marche de protestation des chauffeurs de taxis.
Diminution des salaires du secteur public de 10%.
Relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans.
Extension du développement du travail précaire et liberté plus grande encore pour licencier. 

Extension des bas salaires à des secteurs de plus en plus vastes et poursuite de la privatisation des biens et services publics.


Ceux qui ont célébré l’intégration européenne, le traité de Maastricht, la monnaie unique, la Banque centrale européenne et le traité de Lisbonne ne s’étendent pas bien entendu sur les conséquences que cela a eu pour la majorité écrasante de la population et sur l’élite de privilégiés qui bénéficieraient de la soi-disant ‘libre concurrence’. Ils n’ont pas expliqué que l’objectif de l’Union européenne a été d’établir la loi de la jungle, où les plus grands et forts dévorent les petits et faibles.


Mais comme la réaction des travailleurs grecs et du mouvement syndical – comme aussi au Portugal, en France, en Allemagne et dans d’autres pays – ne s’est pas fait attendre, on a commencé immédiatement à lancer des menaces et à spéculer sur le meilleur moyen de contraindre le peuple et les travailleurs grecs à « changer de mentalité ».

Un député allemand du groupe libéral du Parlement européen, Jorgo Chatzimarkakis (FDP), a avancé, dans un débat télévisé (Phönix Runde, 10/02/2010), que le Conseil des colonels qui a dirigé la dictature militaire en Grèce entre 1967 et 1974 est un exemple montrant qu’il est possible de faire accepter les mesures proposées par le gouvernement du PASOK et soutenue par Bruxelles.

Méfiez-vous: des admirateurs des régimes fascistes des années 60 et 70 se présente sous l’étiquette ‘libéral’ au Parlement européen . La lutte et la résistance sont le plus sûr moyen de faire échec à l’assaut de ceux qui ont vendu l’économie portugaise à l’étranger et cherchent par tous les moyens de liquider les sentiments démocratiques et patriotiques de la population et des travailleurs portugais.

 

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-la-grece-laboratoire-europeen-de-l-offensive-du-capital-contre-les-salaries-45307881.html


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